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Exploitation des enfants : des actions sévères souhaitées

Violence domestique L’exploitation sexuelle reste la plus récurrente chez les mineurs.
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L'exploitation des enfants a pris une tournure très dangereuse. Deux garçonnets mauriciens de 6 et 9 ans sont devenus à leur insu des mules pour transporter de la drogue. Ils ont été interceptés à l’aéroport. 

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Me Indranee Boolell-Bhoyrul.

Il faut rester vigilant. L’exploitation des enfants gagne du terrain. C’est ce qu’affirme l’Ombdusperson for Children, Rita Venkatasawmy. Exploitation sexuelle, travail des enfants, autant d’abus sur des mineurs qui sont souvent répertoriés. « Concernant les cas d’exploitation sexuelle, il s’agit de vendre des enfants pour de l’argent. Toutefois, tout cela se fait en secret. Il faut pouvoir mettre la main sur les proxénètes et enquêter sur des réseaux de prostitution pour pouvoir déterminer s’il y a des mineurs qui sont abusés», explique l’Ombudsperson for Children.

S’agissant de l’exploitation des enfants dans le milieu du travail, Rita Venkatasawmy précise qu’encore une fois, il faut pouvoir arrêter ceux qui profitent de ces jeunes. « Ce sont les descentes surprises des autorités qui permettent de mettre le doigt sur la plaie », dit-elle.

Cependant, l’Ombudsperson for Children concède qu’il y a « un nouveau phénomène » à Maurice, en l’occurrence l’utilisation des enfants pour transporter de la drogue. Elle indique que c’est une première à Maurice et que c’est aussi une forme d’exploitation. Même si un premier cas a été enregistré, il y a d’autres cas similaires qui ont lieu en toute discrétion.

Rita Venkatasawmy considère que le cas des deux enfants mules est « d’une extrême gravité ». Cependant, elle affirme qu’il ne faut pas les stigmatiser, car tous deux vivent une situation difficile. « Ce n’est pas normal que des adultes se servent d’enfants de cette façon», ajoute notre interlocutrice.

Assurer le bien-être de l’enfant

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Rattan Jhoree, Child Welfare Officer de la CDU

Ainsi, elle indique que le rôle de l’Ombudsperson for Children est de veiller que les enfants vulnérables soient protégés et que leurs droits sont respectés. D’où la nécessité de campagnes pour mieux sensibiliser sur l’exploitation des enfants. Cette histoire a donné froid dans le dos aux Mauriciens, mais pas que. C’est le cas également pour l’Assistant surintendant de police (ASP), Thegarajan Sooben, responsable de la brigade antidrogue de l’aéroport de Plaisance et aguerri aux affaires de drogue. « Cela fait peur et nous pousse à la réflexion sur le fait que des enfants sont utilisés comme mules par des trafiquants de drogue », déclare-t-il.

Rôle de la CDU

Du côté de la Child Development Unit (CDU), Rattan Jhoree, qui exerce comme Child Welfare Officer, indique qu’il existe plusieurs formes d’exploitation de mineurs, mais la plus récurrente reste l’exploitation sexuelle. « En 2018, trois cas ont été enregistrés contre quatre en 2017. Certes, il y a une baisse. N’empêche, on doit rester en alerte », indique notre interlocuteur. Ce dernier explique qu’en cas d’exploitation, une équipe de la CDU, notamment des officiers, des psychologues et des travailleurs sociaux ont pour mission d’encadrer la victime. « Nous objectif est d’assurer le bien-être de l’enfant, tandis que pour l’aspect judiciaire, c’est la police qui s’en occupe », dit-il.

Rattan Jhoree précise que la CDU n’entame pas que des actions curatives, mais également préventives. Il y a des campagnes qui sont menées dans les établissements scolaires et des centres de femmes et communautaires pour parler sur la protection des enfants. Il y a des programmes des comités de quartier et avec le ‘district child protection committee’, des officiers vont dans des régions à risque. Il y a également un autobus qui sillonne ces régions et des habitants sont conscientisés de ce fléau.


Ce que dit la loi

Me Indranee Boolell-Bhoyrul, avocate qui gère principalement des dossiers sur le trafic humain et membre de DIS-MOI, précise qu’il existe un arsenal légal pour s’assurer que des enfants ne soient pas exploités, dont la Child Protection Act. «L’article 14 de cette loi évoque l’exploitation sexuelle. Une personne trouvée coupable risque une amende n’excédant pas Rs 100 000 et une peine d’emprisonnement ne dépassant pas 20 ans», poursuit l’avocate.

Même l’article 19 de la Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE) ratifiée par Maurice met en exergue que les États sont tenus à prendre des mesures appropriées contre toutes formes de violence, de brutalité (physique ou mentale), d’exploitation et de mauvais traitement contre les enfants. Idem pour le Code criminel qui fait mention des abus sexuels.

En ce qu’il s’agit des abus des enfants dans le monde du travail, Me Indranee Boolell-Bhoyrul affirme que les mineurs de moins de 16 ans n’ont pas le droit de travailler. «Selon l’Employment Rights Act de 2008, des adolescents de 16 ans et plus de 18 ans ont le droit de travailler. L’employeur a le devoir de garder les détails de ses employés. Mais par contre si une personne emploie un mineur de moins de 16 ans, elle est passible d’une amende de Rs 25 000 et d'une peine d’emprisonnement ne dépassant pas deux ans de prison », explique-t-elle.

Toutefois, elle déplore le fait qu’il y a de nombreux mineurs qui travaillent. « Je me demande comment les autorités contrôlent cela. Il se peut qu’un mineur de moins de 16 ans travaille et qu’il se serve de l’acte de naissance de son frère. Il faut pouvoir détecter cela », espère la juriste. 

Me Boolell-Bhoyrul dit espérer que le Children’s Bill prendra ces aspects en considération. « Il est impératif de venir au plus vite avec une nouvelle législation. Nous avons de nouvelles réalités et de nouvelles formes d’exploitation des enfants. C’est urgent », s’exclame l’avocate. Elle lance aussi un appel aux personnes de dénoncer tous cas d’abus. Elle préconise qu’il soit impératif de venir avec une nouvelle législation.


Le Children’s Bill toujours à l’étude

Le Parquet s'affaire toujours à travailler sur le Children’s Bill, selon la ministre de l'Égalité du Genre, Fazila Jeewa-Daureeawoo. C’est ce qu’a laissé entendre la ministre lors d’une cérémonie marquant la Journée internationale des familles célébrée le 15 mai. En effet, elle a affirmé de nouveau que le Children’s Bill est fin prêt et qu’une copie a été déposée au Parquet pour étude, ce, après une question de la presse se rapportant à la drogue qui a été saisie sur deux jeunes enfants à l’aéroport de Plaisance le samedi 11 mai. « Il faudra encore patienter pour que le Children’s Bill soit envoyé au Cabinet, puis à l’Assemblée nationale » a-t-elle rappelé.

 

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