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Examens du CPE 2015: les dessous de la baisse de performance en sciences

Les examinateurs ont constaté des faiblesses de la part des élèves à répondre aux questions faisant référence à des travaux pratiques d’investigation.
La performance en sciences des candidats aux examens du Certificate of Primary Education 2015 a baissé de 2 %, comparée à celle de 2014. C’est ce qu’indique le rapport des examinateurs du Mauritius Examinations Syndicate rendu public la semaine dernière. Si la baisse n’est pas importante, les commentaires des examinateurs font, cependant, réfléchir. Ils illustrent une tendance repérée par les pédagogues et les acteurs de l’éducation depuis plusieurs années. L’intérêt des élèves mauriciens pour les matières scientifiques continuent de chuter, malgré les tentatives des autorités de changer la donne. Les examinateurs soulignent que de nombreux candidats ont eu des difficultés à comprendre la problématique. « Les questions ont été lues superficiellement. Elles ont été travaillées, certes, mais ne reflètent pas un exercice de réflexion. La problématique est souvent placée dans un contexte particulier que les candidats doivent absolument prendre en considération avant de répondre », lit-on dans le rapport. Par ailleurs, les examinateurs soutiennent également que plusieurs élèves ont eu des difficultés à travailler des questions qui font appel à des méthodologies scientifiques. Il y a aussi eu des faiblesses au niveau des questions qui faisaient référence à des travaux pratiques d’investigation.

« Lacunes » dans l’enseignement

Que cachent ces faiblesses ? Feizal Jeerooburkhan, pédagogue, partage l’avis des examinateurs en ce qui concerne les lacunes dans les méthodologies utilisées pour enseigner les sciences dans les écoles primaires de Maurice. « Il s’agit là d’une des plus grandes faiblesses de notre système éducatif. Les sciences ne peuvent pas être enseignées entre quatre murs. Les élèves ont besoin d’explorer et de découvrir le côté pratique des matières scientifiques. Ce sujet est malheureusement enseigné de façon très abstraite. Par conséquent, les candidats aux examens du Certificate of Primary Education (CPE) n’ont guère la faculté de réflexion. Ils ne font que répéter machinalement les données qu’ils ont enregistrées, sans pour autant comprendre la problématique. Les enseignants ont certes été formés pour utiliser de nouvelles méthodologies, mais ces derniers finissent par adopter les méthodes traditionnelles pour le besoin du système. Le but est avant tout de réussir aux examens. » Le pédagogue ajoute que de nombreuses écoles sont dépourvues de laboratoires ou de salles de travaux pratiques. Il s’agit d’un manque flagrant qui peut être associé au déclin de l’intérêt des élèves pour les matières scientifiques, selon notre intervenant. Peut-on s’attendre à une amélioration avec la réforme éducative ? Feizal Jeerooburkhan en doute. « Rien ne changera si le cursus scolaire est toujours le même. Changer d’appellation n’est pas une solution. Il faut changer de philosophie d’enseignement, tout en modernisant le programme d’études. L’éducation commence dès le pré-primaire. Si on rate des étapes, on ne peut s’attendre à de meilleurs résultats. » Du côté des enseignants, c’est avant tout le manque d’outils élémentaires pour l’enseignement des sciences qui explique la baisse de la performance des élèves dans cette matière. C’est ce que confirme Naveen Gungadurdoss, enseignant en Std IV et membre du General Purpose Teachers Union (GPTU). « Nous avons fait une demande pour avoir un thermomètre en vue d’expliquer la température à nos élèves. Mais notre démarche est restée vaine. Comment peut-on innover sans les outils nécessaires ? C’est tout simplement impossible. Il y a des écoles dotées de laboratoires flambant neufs, mais qui sont toujours fermés par manque d’équipements. Par ailleurs, de nombreux élèves ont des difficultés à s’exprimer en anglais. Ils connaissent les réponses, mais n’arrivent pas à les mettre sur papier. »
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