Le ministre des Finances et du développement économique, Pravind Jugnauth, a rencontré la presse vendredi dernier pour faire un état des lieux de l’économie, de la performance à ce jour et aussi des défis majeurs à relever. Entre investir davantage et ramener la dette publique à 50 % du PIB, le gouvernement a un choix à faire.
C’était une importante rencontre avec la presse à deux semaines de la présentation du Budget 2016-2017. Le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a voulu expliquer la performance économique du gouvernement à ce jour, après avoir rappelé l’état de l’économie à la fin de 2014. Le ministre a aussi attiré l’attention sur les grands défis qui nous guettent. Chiffres et tableaux à l’appui, le ministre a démontré comment plusieurs secteurs étaient en décroissance, arguant que l’amélioration n’est possible qu’à travers une vision à long terme.
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La balance des paiements a, par ailleurs, enregistré un surplus de Rs 20 milliards en 2015, ce qui correspond à 4,9 % du PIB. Sur le plan des réserves en devises, la couverture des importations équivalait, à juin 2016, à 8,5 mois (Rs 168 milliards), alors qu’elle n’était que de 6,2 mois (Rs 124 milliards) à décembre 2014.
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Fin 2014
La croissance était estimée à 3,6 % en décembre 2014. À cette époque, le secteur de la construction avait chuté de 8,5 %. L’investissement combiné du public et du privé était de 18,9 %. Celui du privé était à la baisse, avec un taux de 14,1 % alors que l’investissement public était à la hauteur de 4,8 %. Au niveau de l’épargne, la tendance était aussi à la baisse, avec un taux de 10,5 % du Produit intérieur brut (PIB). Le chômage était déjà de 7,8 %, soit 44 800 chômeurs. Les jeunes et les femmes étaient les plus touchés. Cette situation s’explique par l’inadéquation (mismatch) entre la demande du marché et les compétences disponibles. Le taux d’inflation avait atteint les 3,2 % alors que le compte-courant de la balance de paiement était en déficit, équivalant à 5,6 % du PIB. Sur le plan des réserves en devises, la couverture des importations équivalait à 6,2 %, alors que le déficit budgétaire était de 3,2 % et la dette publique de 53,6 % du PIB.
La dette publique
Le ministre des Finances a annoncé qu’il privilégierait une discipline fiscale et une prudence financière. L’objectif est de ramener la dette publique sous les 50 % du PIB en 2018. Mais il y a un difficile équilibre à maintenir : pour soutenir la croissance, il faut dépenser et injecter de l’argent dans l’économie, mais cela affecte la dette publique s’il faut emprunter pour investir. Ne pas investir veut dire une faible croissance et pas de création d’emploi. Quelle voie emprunter ? <Publicité
Les institutions en difficulté
Parmi les institutions qui ont fait face à des difficultés financières, on retrouve la Mauritius Post and Cooperative Bank (MPCB), avec des prêts non productifs de Rs 3,2 milliards ; la Development Bank of Mauritius (DBM) avec des pertes de Rs 538 millions ; la Mauritius Post, avec des pertes de Rs 202 millions ; les casinos d’État avec des pertes de Rs 628 millions ; et la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), avec des dettes de l’ordre de Rs 1,2 milliard.Constat 2015
L’année 2015 a vu plusieurs décisions majeures qui ont coûté énormément à l’État. Mais le ministre des Finances justifie ces décisions, qui étaient nécessaires pour « un rééquilibrage social ». Par exemple, il y a eu une hausse des pensions des personnes âgées, des orphelins, des veuves et des autrement capables. Il y a aussi eu une compensation salariale de Rs 600 avec le même objectif. Ces injections massives dans l’économie ont rehaussé le pouvoir d’achat des Mauriciens : Rs 4,7 milliards à travers l’augmentation des pensions mentionnées et Rs 4 milliards à travers la compensation salariale. En 2015, une somme de Rs 3 milliards a également été prévue afin de payer les augmentations de salaires et d’allocations des 85 000 salariés et 25 000 pensionnaires de la Fonction publique (PRB).La croissance
Au niveau de la performance économique, à cause d’un contexte international incertain, la croissance de plusieurs pays a été revue à la baisse. Cependant, le taux de croissance de l’économie mauricienne a été de 3 % pour la période 2014-2015 et on s’attend à une croissance de 3,6 % pour l’année financière 2015-2016. Le secteur de la construction a connu une décroissance de 4,9 % en 2015. La décroissance était de 8,5 % en 2014. Le tourisme a enregistré une croissance de 8,5 % en 2015 alors qu’en 2014, elle était de 6,1 %. Le secteur des TIC a aussi connu une hausse de 7 % en 2015. En 2014, la hausse était de 6,4 %.
Le Brexit
Le Brexit est le facteur international le plus important pour le moment, car il pourrait avoir un impact certain sur notre économie. Le Brexit pourrait affecter principalement notre secteur sucre, le manufacturier, le tourisme et aussi nos exportations.Autres indicateurs
Concernant le chômage, un taux de 7,6 % a été enregistré pour le premier trimestre de 2016. En 2015, sur la même période, il était de 8,7 %. L’inflation, qui est de 1,3 %, est en baisse, tandis que le compte-courant de la balance des paiements s’est amélioré en 2015, le déficit étant passé de 5,6 % du PIB en 2014 à 4,8 % du PIB en 2015.Les grands défis
Le pays aura à faire face à plusieurs défis majeurs au cours des prochaines années. Le pays a déjà affiché l’ambition de devenir une nation à hauts revenus et cela nécessite un fort taux de croissance. Une croissance plus élevée permettra de créer de l’emploi et d’offrir davantage d’opportunités aux entrepreneurs. Un obstacle majeur à la croissance est le manque d’investissement privé. Or, le gouvernement ne peut se substituer au privé, car cela risque d’augmenter le déficit budgétaire et d’aggraver la dette publique. Le vieillissement de la population est aussi un facteur à prendre très au sérieux. Au niveau de l’emploi, le pays fait toujours face à l’inadéquation (mismatch) entre les demandes du marché et les compétences disponibles. Il y a donc l’urgente nécessité de redéfinir les formations disponibles à Maurice afin qu’elles répondent aux exigences du marché.[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"21851","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-36800","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"719","alt":"200716-graph-gdp-01"}}]] [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"21852","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-36799","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"719","alt":"200716-graph-gdp-02"}}]]
Les quatre piliers traditionnels
Les quatre piliers traditionnels de notre économie, à savoir le secteur des services financiers, le tourisme, le sucre et le manufacturier font face à une compétition accrue au niveau international. Le gouvernement veut donner un nouveau souffle à ces secteurs qui emploient des milliers de personnes. On doit donc s’attendre à des mesures budgétaires intéressantes pour booster ces secteurs.Les projets qui coûtent plus que prévu
- Bagatelle Dam : Le coût initial du projet, qui était de Rs 3,1 milliards, a doublé pour atteindre Rs 6,2 milliards, et ce sans compter les investissements à venir.
- Terre Rouge/Verdun : Le coût initial de la construction de la route Terre Rouge/Verdun était de Rs 2 milliards, mais sa réalisation a coûté Rs 4 milliards. Les dégâts survenus par la suite en raison de l’absence de tests géotechniques nécessaires entraînent des dépenses additionnelles d’environ Rs 300 millions pour les travaux de réparation.
- Ring Road : Le coût initial, qui était de Rs 1,3 milliard, a enflé pour atteindre Rs 1,7 milliard. L’effondrement d’une partie de la route occasionnera une dépense supplémentaire.
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