L’admission au secondaire après les examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC) et les grincements de dents des parents étaient au menu de l’émission « Au cœur de l’info », samedi.
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Les invités de Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul ont pesé le pour et le contre de ce nouveau système qui s’inscrit dans le cadre de la réforme éducative du 9-year schooling.
Yahya Paraouty : « Un ranking déguisé »
Le président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE) Yahya Paraouty évoque un ranking déguisé. « Soyons honnêtes. L’élément de compétition demeure », s’est-il insurgé.
Il a évoqué une série de cafouillages par rapport aux admissions dans les collèges. « La régionalisation annoncée n’est pas appliquée. Nous désapprouvons qu’on accorde une unité entre 75 et 100 points. Le Mauritius Examinations Syndicate a tous les points, les parents non. Ce qui cause une certaine frustration. Auparavant, les parents se sacrifiaient dans l’espoir que leurs enfants bénéficient d’une Star School. Désormais, ils investissent pour gagner quoi ? Que leur enfant ait un collège qui ne soit pas de leur choix et qui est éloigné de chez eux ? » s’est demandé le président de l’UPSEE. Parmi les zones d’ombres évoquées autour de ce système : la pression qui demeure réelle, car les élèves doivent toujours prendre des leçons.
Évoquant les examens nationaux en Grade 9, il a soutenu que de nombreux enfants ne seront pas prêts.
Inquiétude des collèges privés
Le président de la fédération des Managers des collèges privés, Bashir Taleb, s’est dit inquiet. Il a soutenu que des collèges privés se retrouveraient en difficulté avec moins d’élèves. « Quelque chose ne marche pas : certains établissements comptent 50 à 70 % élèves en moins. C’est notre plus grande inquiétude », a-t-il expliqué. Selon lui, ce manque d’élèves aura d’autres répercussions, comme un nombre trop élevé d’enseignants dans certains collèges privés. Bashir Taleb est d’avis qu’il est grand temps que le gouvernement revalorise les collèges privés pour inciter les parents à y envoyer leurs enfants. Le président de la fédération des Managers des collèges privés a invité le ministère de l’Éducation et d’autres acteurs du secteur à ouvrir un dialogue sur ces appréhensions.
Seegum plaide pour le nouveau système
Si certains évoquent l’opacité autour de l’allocation des collèges, Vinod Seegum, président de la Government Teachers Union (GTU) a, lui, affirmé qu’il y a eu une campagne d’explication.Si certaines voix s’élèvent aujourd’hui, il a pointé du doigt les parents. Selon lui, de nombreux parents n’ont pas su remplir la fiche pour obtenir un collège. « Il faut donner la chance à ce nouveau système », a-t-il affirmé, tout en indiquant que des changements interviendront à la rentrée 2018. Surtout avec les examens de rattrapage (resit) et les transferts qui auront lieu dans les jours à venir.
« 850 places ont été allouées par le ministère pour l’admission dans les collèges catholiques. Il reste 850 places réservées disponibles. De nombreux enfants demanderont leur transfert d’un collège d’État vers un collège catholique », a poursuivi notre interlocuteur. Selon Vinod Seegum, 850 places seront alors libérées. Les parents insatisfaits pourront demander le transfert de leurs enfants. Toutefois, le président de la GTU a été catégorique : « Au début, il y aura des couacs, mais on pourra les surmonter. Le plus important, c’est le développement intégral de nos enfants. »
Gilberte Chung : « Une certaine pression ressentie »
La directrice du Service diocésain de l’Éducation catholique (SDEC), Gilberte Chung, dit avoir ressenti la pression cette année, par rapport aux demandes d’admission dans les collèges catholiques. Toutefois, ces demandes ne concernent pas tous les 17 établissements du SDEC. Cet engouement pour les collèges catholiques, selon Gilberte Chung, est dû au fait qu’il n’y ait pas d’admission dans les collèges nationaux. « Des parents se rabattent sur les établissements catholiques, pensant qu’ils pourront offrir une meilleure éducation à leurs enfants », a-t-elle indiqué. Les collèges les plus prisés sont : le Saint Esprit, le Saint Joseph, les Lorettes de Quatre-Bornes et de Curepipe.
Même si plus de 850 places sont disponibles dans les collèges du SDEC, Gilberte Chung a conseillé aux parents de procéder à l’admission de leur enfant dans l’établissement octroyé par le ministère. « Il faut suivre les procédures. S’ils ne sont pas satisfaits, ils peuvent toujours demander un transfert par la suite », a-t-elle ajouté. Sur un autre volet, la directrice du SDEC a souligné qu’il faudrait que tous les établissements, d’État ou du privé, soient sur un pied d’égalité. « Aussi longtemps qu’il y aura les ti colez ou gran colez la régionalisation ne marchera pas », a-t-elle conclu.
Tous les établissements sur un pied d’égalité
Du côté du ministère de l’Éducation, le responsable de communication, Dinesh Seeharry, a rassuré que tous les collèges seront sur un pied d’égalité. « Les enseignants ont reçu une formation uniforme au Mauritius Institute of Education. La formation est continue et on la peaufine. Il est faux de dire que des enseignants sont moins bons », a affirmé Dinesh Seeharry.
Il a ajouté que ce ne sont pas les quatre murs d’un collège qui feront réussir un enfant ou pas. Ainsi, a-t-il soutenu, le ministère fait tout son possible pour assurer le développement intégral des élèves. « Ce sont les enfants et les enseignants qui donnent de la valeur aux établissements. Nous sommes là pour assurer que tous les ingrédients soient réunis pour une éducation de qualité. »
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