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Enquête sur un trafic de passeport : il vend son identité pour Rs 18,000

Des policiers ont-ils fait preuve de laxisme sur le traitement des dossiers de demande de passeports ? C’est ce que tentent d’établir leurs collègues de la Criminal Investigation Division de Rivière-des-Anguilles après avoir eu la confirmation d’un cas de trafic de passeports dans le pays. 

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L’enquête est en cours pour savoir dans quelles circonstances un dénommé Aldo, âgé de 31 ans et habitant Rivière-des-Anguilles, a pu se procurer un passeport au Passeport & Immigration Office (PIO) à la Sterling House, mais avec la photo d’une autre personne. Y-a-t-il eu complicité avec des policiers du PIO ou des policiers travaillant à la Sterling House ou ont-ils fait preuve de laxisme ?

C’est grâce à Aldo lui-même, maçon de profession, un pion de ce réseau de faux passeports, que la police a découvert le pot-aux-roses. En effet, il est lui-même venu dénoncer cette combine au poste de police de Rivière-des-Anguilles dans la soirée du 9 juillet. Après cette dénonciation, Aldo s’est retrouvé avec des menottes aux poignets.

Avec détails, il a expliqué les ficelles et dénoncé son complice, un dénommé Javed, qui habite le même village que lui. Il a raconté comment ce dernier lui a proposé de faire une demande de passeport mais avec la photo d’une tierce personne. En retour, Javed devait lui donner Rs 18 000. 

Rs 2 000 en avance

Face à cette offre alléchante et sans réfléchir aux conséquences de ce cas d’usurpation d’identité, Aldo a accepté. Quelque temps après, Javed l’a de nouveau rencontré pour lui remettre la photo d’une personne qui le ressemble. Aldo est allé au poste de police de la localité pour remplir un formulaire d’inscription pour l’obtention d’un passeport. Puis, il s’est rendu dans la capitale au bureau du PIO pour déposer le formulaire d’inscription et compléter les modalités d’inscription. Au comptoir, il y avait deux officiers, dont une policière, qui, après avoir effectué les vérifications nécessaires, lui ont demandé de repasser dans deux semaines pour récupérer son passeport.

à sa sortie du PIO, Aldo, le reçu en poche, a rencontré Javed pour lui dire que tout s’est bien passé et lui a remis le reçu. En échange, il a empoché Rs 2 000 des mains de Javed. Deux semaines plus tard, le jour de l’obtention du passeport, Aldo a de nouveau rencontré Javed aux abords du Jardin de la Compagnie. Ce dernier lui a remis un reçu et Aldo est allé récupérer son passeport sans aucun problème au PIO. Il est retourné au Jardin de la Compagnie où Javed l’attendait. Ce dernier a pris le passeport pour aller rencontrer un autre individu avant de revenir pour remettre Rs 16 000 à Aldo. Même s’il a bien obtenu la somme de Rs 18 000 pour avoir vendu son identité grâce à son passeport, Aldo a expliqué avoir choisi de tout balancer à la police. Cela après s’être rendu compte du danger qu’il encourait du fait que son passeport est entre les mains d’un inconnu. 

Avec l’ouverture de cette enquête, conduite par l’inspecteur Bhoyjoo et les limiers Baichoo, Theetiah et Khoobloll de la CID de Rivière-des-Anguilles, les enquêteurs ont coffré trois personnes, dont Aldo et Javed. Pressé de questions, Javed est passé à table. Il a divulgué l’identité du présumé cerveau de ce trafic de passeport, un dénommé Christophe, de Terre-Rouge, âgé de 29 ans.

Inculpés de faux

Arrêté par les hommes du sergent Goodur et les limiers Jeewon et Nehalkhan de l’Anti-Robbery Squad du Sud, ce chauffeur de taxi, qui a nié les allégations, a été positivement identifié par les autres protagonistes de cette affaire. Lors d’une perquisition à son domicile, aucun objet incriminant n’a été retrouvé chez lui. Il a toutefois rejeté toutes les accusations à son encontre. Les trois protagonistes de cette affaire, Aldo, Javed et Christophe, inculpés de faux, ont déjà bénéficié de la liberté conditionnelle.  

L’autre volet concerne l’interrogatoire des deux policiers affectés au PIO qui ont traité le dossier d’Aldo. Ils affirment n’avoir commis aucune faute professionnelle. Le suspect Aldo n’a pas été en mesure de les identifier positivement lors d’une parade. La police criminelle poursuit son enquête pour faire la lumière sur ce trafic de passeport. Une des tâches des policiers est de retracer l’identité de l’individu dont la photo figure sur le passeport d’Aldo. Il est introuvable… 


Des Africains friands de passeports mauriciens

En mars 2018, des enquêteurs du CCID avaient mis à jour un réseau de faux passeports. Les principaux concernés étaient des ressortissants congolais qui bénéficiaient de la complicité d’une Mauricienne pour faciliter leurs démarches. Une fois à Maurice, ces Congolais remettaient leurs photos de passeport à Marie Yolande, une habitante de Chemin-Grenier, âgée de 55 ans. À son tour, elle les aidait à se procurer de fausses cartes d’identité ou des actes de naissance. Puis, elle se rendait au bureau du Passport & Immigration Office pour obtenir leurs passeports en utilisant ces faux documents Dans certains cas, elle a même trouvé de « faux parents » pour ces étrangers.  Derrière tout ce trafic, la suspecte est soupçonnée d’avoir empoché d’importantes sommes d’argent. Une fouille à son domicile, dans le Sud, a permis à la police de saisir de faux passeports et de cartes d’identité, entre autres. Cette enquête a aussi conduit à l’arrestation de deux ressortissants congolais qui étaient de mèche avec Marie Yolande.  Si des ressortissants africains sont autant friands des passeports mauriciens, c’est parce que ce petit livret bleu foncé comporte bon nombre d’avantages. Il garantit un accès dans 125 pays du monde sans visa. Comparativement à un passeport congolais qui ne permet l’entrée sans visa que dans 47 pays. L’autre facilité des détenteurs d’un passeport mauricien, c’est qu’il donne accès à l’espace Shenghen, notamment dans des pays européens, dont l’Angleterre et l’Irlande, sans aucune difficulté.

 

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