Le récit qui suit est celui de Sarah, devenue accro à l’héroïne. La jeune femme raconte comment son ex-petite amie, avec laquelle elle a vécu pendant cinq ans, l’a initiée à cette drogue. Elle confie qu’elle a été jusqu’à voler ses propres parents pour pouvoir se procurer ses doses.
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Planer en continu pour échapper à la réalité de la vie. C’est ce à quoi aspire Sarah au quotidien. Cette Portlouisienne de 28 ans confie qu'il lui est quasi impossible de vivre sans drogue. Elle explique que c’est sa petite amie qui l’a initiée à l’héroïne.
Leur rencontre a lieu en 2013. Sarah, alors âgée de 23 ans, travaille dans un supermarché. C’est d’ailleurs là qu’elle fera la connaissance de Nina, une Portlouisienne de 23 ans. Au fil des jours, les deux jeunes femmes se lient d’amitié et deviennent de plus en plus intimes.
Sarah décide de quitter la maison de ses parents, qui avaient du mal à accepter son homosexualité, pour aller vivre avec Nina. Cette dernière l’initie à l’héroïne. « Monn gagn yenn ladrog kan mo ti pe res kot mo 35 », raconte Sarah. Elle commence à prendre goût à cette euphorie que lui procure la poudre blanche qu’elle fume. « Frer mo kopinn ti marsan. Donk mo ti pe gagn ladrog kado », explique la jeune femme. Vu qu’elle « gagn ladrog kado », elle multiplie alors les doses.
Le temps passe. Sa consommation grandit… jusqu’au jour où on lui demande de payer ses doses. Comme elle plane à longueur de journée, elle ne se soucie pas de trouver un emploi. Prise dans un cercle infernal, Sarah retourne chez ses parents. Elle est alors totalement accro à l’héroïne.
Le hic, c’est qu’elle doit trouver de l’argent pour s’acheter sa came. Elle vole alors la carte bancaire de sa mère. La jeune femme dilapide le compte de sa maman. Prise de remords, elle décide néanmoins de lui laisser quelques sous. « Mo ti bizin kas pou aste ladrog. Me mo pa ti ena leker pou pran tou so lekonomi. Li ti pe travay dir », relate Sarah.
Ses doses en main, elle repart chez sa copine pour se les injecter ou les fumer. Après le compte bancaire de sa mère, elle s’attaque aux bijoux de cette dernière. Elle les revend à des bijoutiers pour une poignée de roupies. Sa mère découvre le pot aux roses, mais elle ne peut rien dire à Sarah. « J’ai un caractère que beaucoup ne peuvent gérer », dit-elle.
Après cinq ans, Sarah se sépare de Nina. Elle retourne au domicile familial où elle fait la loi. Si elle commence à se droguer à 11 heures, ce n’est qu’à 23 heures qu’elle sortira de son état d’euphorie. Ce n’est pas pour autant qu’elle freine sa consommation. Après une bonne douche pour se remettre les idées en place, elle prend la direction des faubourgs de Port-Louis à la rencontre de dealers. « Je fais ce que je veux. Je peux aller acheter mes doses à n’importe quelle heure... »
Si des policiers rôdent dans le coin, Sarah évite de croiser leurs regards. Elle fait tout pour garder son calme afin de ne pas se faire choper. De retour à la maison, elle s’injecte ses doses. Puis elle plane jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Si l’argent lui manque pour acheter de la drogue, elle vend ses effets personnels. La jeune femme affirme avoir plusieurs fois essayé de sortir de cette spirale. Mais elle rechute aussitôt. Sarah a récemment intégré un programme de réhabilitation.
Déception amoureuse
Comment cette jeune femme en est-elle arrivée là ? Quel a été son parcours ? Sarah quitte les bancs de l’école après la Form III car elle ne veut pas étudier. « Mo ti enn vre bitor », confie-t-elle. Elle enchaîne alors les petits boulots. Elle vit comme bon lui semble, avec ses propres règles, car s’il y a une chose qu’elle déteste, c’est qu’on lui dicte sa conduite. D’ailleurs, lorsque ses parents ont appris son homosexualité, ils ont eu du mal à l’accepter. Aujourd’hui, ils doivent vivre avec. Sarah martèle qu’il est hors de question pour elle de changer son orientation sexuelle. « Li dan mwa sa. »
C’est à l’âge de 18 ans qu’elle tombe amoureuse d’Amelia, une adolescente habitant le Nord. Les parents de sa petite amie s’opposent farouchement à cette relation. Sarah fugue avec sa dulcinée et trouve refuge dans le Sud pendant une semaine. Les proches de Sarah ne lésinent pas sur les moyens pour la retrouver. Et ils y arrivent. Commencent alors les embrouilles…
Sarah, qui avait déjà mesuré les conséquences de ces actes, choisit de les assumer pleinement. Le père de son amoureuse décide de ne pas alerter la police, de peur que cette affaire ne nuise à la réputation de sa famille. Sarah est ramenée de force à la maison. Elle fulmine. Ses parents peinent à la raisonner. Son comportement est excessif. La jeune femme leur fait bien comprendre qu’elle mènera la vie qu’elle veut.
Peu après, Amélia est envoyée à l’étranger pour qu’elle y fasse des études supérieures. Le contact entre les deux se rompt. S’adaptant à sa nouvelle vie au Royaume-Uni, Amélia tourne la page.
Sarah est livrée à elle-même. Dévastée, elle peine à surmonter cette déception amoureuse. Elle sombre dans la dépression. Les faits remontent à 10 ans. Puis un jour elle décide de donner une autre chance à l’amour. Elle rencontre alors Nina. Commence alors sa descente aux enfers…
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