Faits Divers

Elle a été placée dans un ‘home’ : des sexagénaires se déchirent pour la garde de leur mère de 95 ans

En pleine rue, à Port-Louis, elle doit s’arrêter pour essuyer ses larmes. Sa voix se casse lorsqu’elle raconte son calvaire. à 66 ans, Laurence Gérard ne sait plus à quel saint se vouer pour pouvoir être au chevet de sa mère, Marie Marguerite Lalmahomed, et afin que cette dernière puisse passer les fêtes de fin d’année en famille.

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Voilà trois mois que son frère aîné, Gérard Kennedy Sheik Amamuddy, a décidé de placer leur mère âgée de 95 ans dans une maison de retraite, le Mon Destin Residential Nursing Care Home, sans consulter ses cinq frères et sœurs. Vivant dans la même cour qu’elle à Curepipe, il a estimé qu’il valait mieux qu’elle soit prise en charge dans cet établissement à cause de sa santé défaillante.

Cette démarche n’est cependant pas au goût de Laurence Gérard et de son frère Serge Roda Sheik Amamuddy, d’autant que la direction de la maison de retraite leur a « interdit » de rendre visite à Marie Marguerite Lalmahomed sans le consentement de Gérard Sheik Kennedy. Ils ont ainsi saisi la Cour suprême pour obtenir une demande de habeas corpus ainsi qu’un ordre leur permettant de rendre visite à leur mère.

« La place de ma mère est avec nous. Elle nous a élevés ainsi que nos enfants. Ce n’est pas au crépuscule de sa vie qu’on va l’abandonner à son sort. à chaque fois que je vais la voir, elle me demande quand elle va pouvoir rentrer à la maison », confie Laurence Gérarde en pleurs. « Elle a ses habitudes alimentaires que le home ignore. Qui va lui donner son cari jacques, son cari banane, son poisson salé et son étouffée de brèdes ? »

« Je ne travaille plus et il y a suffisamment de chambres chez moi pour l’accueillir », plaide l’habitante de Bramsthan. Elle dit compter sur l’avoué Sunil Posooa pour réclamer un deuxième ordre de la Cour suprême d’ici la mi-janvier afin que sa mère puisse enfin être entourée des siens. « Dan nou pena sa, pa posib nou abandonn nou mama laba, » lâche-t-elle.

« La direction du home nous a expliqué qu’il faut débourser plus de Rs 50 000 pour pouvoir la tirer de là car un contrat a déjà été signé par notre frère Gérard… Nous n’en avons pas les moyens. Nous sommes des gens modestes. Déjà que nous avons dû débourser gros pour saisir la Cour suprême », soupire Serge Roda Sheik Amamuddy.

Au Mon Destin Residential Nursing Care Home, la direction fait ressortir qu’elle ne peut laisser partir Marie Marguerite Lalmahomed avant la fin du contrat d’hébergement qui est financé par sa propre pension grâce à un compte conjoint avec Gérard Kennedy Sheik Amamuddy. « Depuis que ce monsieur a fait admettre sa mère chez nous, nous avons revu le protocole d’admissions. Nous ignorions qu’il avait des frères et sœur et qu’il ne les a pas consultés au préalable », indique Priya Hossany.

Sous influence

La directrice de Mon Destin Residential Nursing Care Home souligne également que c’est Gérard Kennedy Sheik Amamuddy qui a interdit que quiconque puisse rendre visite à sa mère. « Lakour linn koz lot koze », déplore-t-elle. Il y a une semaine, elle a interdit à Serge Roda Sheik Amamuddy de voir sa mère sous prétexte qu’il était sous influence.

« Pa amerd mwa, al get dimounn kinn met case lakour pou kone kinn arive », s’exclame l’intéressé lorsqu’il est contacté par Le Défi Plus pour la troisième fois pour savoir ce qui va advenir de sa mère. Marie Marguerite Lalmahomed célébrera finalement le Nouvel an loin de sa famille. « Kouma mo rantre vandredi (NdlR : 30 décembre), li dir mwa ‘To pe vinn sers mwa’ », sanglote Laurence Gérard.

 

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