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Écoutes téléphoniques : au cœur d’une cellule ultra-secrète

Les murs ont des oreilles, dit l’adage. Le Défi Plus vous révèle tout sur le fonctionnement du système de « tapping ». «Allô ! J’ai une bombe. Je vais tous vous faire exploser ! » Ce genre d’appel peut facilement être intercepté si la personne, qui l’a passé, est connue des autorités comme représentant une menace pour la sécurité publique. Le National Security Service (NSS) peut aussi intervenir si certains mots clés sont utilisés lors d’un appel, comme « Rambo » ou « lion ». Les agents du NSS suivent ainsi à la lettre leur devise : « We are the eyes and the ears of the government of the day. » En effet, les « oreilles » du gouvernement peuvent, dans des cas spécifiques, mettre des téléphones sur écoute. Et les conversations interceptées sont considérées comme des secrets d’État, le rôle du NSS étant, en gros, de protéger, surveiller et informer. Mais il y a des procédures à suivre avant qu’une telle mesure ne soit prise. Il faut un ordre la Cour suprême, a expliqué le Premier ministre sir Anerood Jugnauth à l’Assemblée nationale, le 18 avril (voir hors-texte). Un ordre de la Cour avait notamment été sollicité dans une affaire de mort d’homme dans les années 90. Cependant, selon nos sources, ces procédures ne seraient pas toujours respectées et certaines lignes téléphoniques auraient été placées sur écoute sans passer par un ordre de la Cour. Pis, celui-ci serait rarement sollicité pour placer une personne sur écoute. « On ne peut pas utiliser un ordre de la Cour ! La raison est simple. Une fois qu’on passe par le système légal, trop de personnes seront déjà au courant de notre mission. Ainsi, il y a le risque qu’une personne ciblée puisse débrancher son téléphone au moment où nous allons la placer sur écoute. C’est déjà arrivé », confie une source. On se croirait dans un film d’espionnage. Mais les écoutes téléphoniques ne sont pas de la fiction. En 1982 déjà, certaines lignes téléphoniques étaient sur écoute. L’année suivante, le NSS, connu à l’époque comme le State Security Service (SSS) – et par la suite appelé la National Intelligence Unit (NIU) –, recrute un nouveau National Security Advisor (NSA) en la personne de Thaimini. Ce dernier conseille au Prime Minister’s Office (PMO) d’investir dans de nouveaux appareils afin de rehausser le système des tables d’écoute.

La valise qui écoute tout

En 1995, le gouvernement PTr-MMM, avec à sa tête Navin Ramgoolam, est fraîchement installé au pouvoir. Le NSS décide alors de rendre son système plus performant. Le département des services de renseignements sollicite la firme Verint. Cette entreprise, qui a à sa tête des Israéliens, est une des meilleures au monde concernant le système de tapping (écoutes téléphoniques). Navin Ramgoolam, au début, aurait été plutôt sceptique quant à utilisation de ces tables d’écoute, mais il aurait finalement accepté. Ce n’est que vers 1999 que le PMO passe commande de ce ‘Monitoring Main Centre’ et de nouveaux appareils sont achetés, dont la fameuse mallette appelée IMSI-Catcher (International Mobile Subscriber Identity). Il s’agit d’une valise bardée d’appareils et qui est placée dans un véhicule. Elle permet de capter des conversations téléphoniques dans un rayon de plusieurs kilomètres. Cette mallette a été placée dans une fourgonnette qui appartenait au NSS et des écoutes ont été par la suite effectuées. Cependant, les agents sélectionnés n’avaient pas de bonnes notions sur le fonctionnement de cette valise aux grandes oreilles. C’est ainsi que le NSS a recruté un homme travaillant comme technicien chez un opérateur de téléphonie. Un certain T., un « homme de confiance », nous a-t-on dit. [[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"15979","attributes":{"class":"media-image alignleft size-full wp-image-27010","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"720","alt":"300416_infogra"}}]]

Comment fonctionne le système ?

À l’intérieur de cette salle se trouvent des casiers où sont installés plusieurs équipements informatiques, un peu comme dans une salle « échange » où opèrent les techniciens des opérateurs téléphoniques. Pour accéder au système, il faut un mot de passe que seuls connaissent le directeur général et un inspecteur du NSS. Et ce dernier n’a que deux sergents qui travaillent avec lui. Dans cette salle, il y a en tout six emplacements, chacun accueillant un ordinateur. Ce sont ces ordinateurs qui captent les conversations des personnes ciblées. Une fois un de ces appareils mis en marche, il fait un bruit continu, comme une machine à écrire. Il peut intercepter n’importe quelle conversation, si un particulier est mis sur écoute dans le cadre d’une affaire ayant trait à la sécurité nationale, au terrorisme ou à la criminalité, entre autres. Le but est de surveiller les cibles : terroristes, politiciens, trafiquants de drogue...

Où se trouve le ‘Monitoring Main Centre’ ?

C’est le cœur du service de renseignements. Cette salle se trouve au premier étage du bureau du NSS aux Casernes centrales. Parmi les 200 agents du NSS, seules quatre personnes y ont accès : le directeur général du NSS, un inspecteur et deux sergents. Pour le profane, impossible de savoir où se trouve précisément le ‘Monitoring Main Centre’. En effet, il ne verra que des étagères où sont rangés des livres. Mais c’est un trompe-l’œil qui dissimule une porte menant à la salle d’écoute. Pour obtenir l’accès direct aux écoutes, des câbles parallèles relient le bureau de Mauritius Telecom, qui se trouve aux Casernes centrales, au premier étage du bureau du NSS, en passant à l’arrière du terrain de foot par le bureau du National Disaster Risk Reduction & Management Centre. Et l’antenne relais qui se trouve sur la montagne des Signaux a une grande importance dans tout ce dispositif. Tout cela a été fait mis sur pied il y a plusieurs dizaines d’années, à la suite d’une décision du directeur général du NSS et du gouvernement de l’époque.

‘Upgrading’ des appareils

Les équipements utilisés pour placer les lignes téléphoniques sur écoute doivent être « upgraded » tous les cinq ou six ans, étant donné que tous les opérateurs de téléphonie changent également leur système. Dans le passé, un « deal » aurait été conclu et chaque opérateur de téléphonie devait contribuer une partie de la somme nécessaire à l’installation de ce ‘Monitoring Main Centre’. Une clause de leur contrat, qui aurait été même « vet » par le State Law Office (SLO), ferait mention de cette contribution. Et il y a environ trois ans, le NSS a obtenu des équipements d’une marque asiatique pour centre, lorsque le système avait été mis à jour, car d’autres marques coûtaient beaucoup trop cher. De plus, chaque année, le monitoring main centre doit subir des travaux d’entretien au coup d’environ Rs 1 million. Le NSS doit puiser de sa caisse pour ces travaux.  Des vieux appareils se trouvent toujours dans les locaux du NSS, dans un vieux bâtiment. Le service de renseignement s’en débarrassera bientôt en haute mer.

Le directeur du National Security Service rassure

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"15980","attributes":{"class":"media-image wp-image-27011","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"200","height":"280","alt":"Lockdev Hoolash"}}]] Lockdev Hoolash.

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/div> Lockdev Hoolash, le directeur général du NSS, se veut rassurant. Il affirme que depuis son arrivée à ce poste en décembre 2014, après les législatives, aucun téléphone n’a été mis sur écoute. « Je ne suis pas au courant de l’existence d’un tel appareil. Quand je suis arrivé, il n’y avait que des squelettes. Le ‘Monitoring Main Centre’ dont vous parlez, au premier étage, était vide à mon arrivée et il ne restait que les étagères. C’est facile à retirer étant donné que ce sont des tiroirs avec des équipements informatiques. Nous n’avons pas de tables d’écoutes ou de IMSI-Catcher. Mais avec l’évolution, je pense qu’il faut avoir ces appareils, pour la sécurité de l’État et de tous les citoyens de l’île Maurice. » Le directeur général du NSS ajoute que « la compagnie Verint nous avait sollicités, mais nous avons rejeté sa proposition qui était trop onéreuse. Il fallait trouver un budget de Rs 600-Rs 700 millions pour un nouveau ‘Monitoring Main Centre’. Concernant le système pour obtenir les itemised bills, c’est l’opérateur Mauritius Telecom qui s’en occupe. Le service ne possède pas ce système. Mais il faut un ordre de la Cour pour cela. Je sais qu’il y a des vieux appareils d’écoute ‘scrap’ dans un vieil entrepôt dans la cour du NSS. On devrait bientôt s’en débarrasser », confirme Lockdev Hoolash.

Conversations enregistrées

Il n’est pas nécessaire pour les agents du NSS d’être physiquement présents au ‘Monitoring Main Centre’ pour écouter des conversations interceptées. Celles-ci peuvent être enregistrées. Au lendemain d’une conversation qui s’est déroulée dans la nuit, les agents peuvent écouter les messages de l’Intelligence Information. La conversation est ensuite retranscrite avant d’être remise au Premier ministre.  « Nombre de personnes, dont des barons de la drogue, des politiciens et des terroristes, sont au courant du système d’écoute. Je me souviens d’un politicien qui se réveillait tôt le matin pour parler au téléphone. Pendant très longtemps, il pensait que l’écoute se faisait pendant les heures de bureau. Or, l’appareil peut tout enregistrer sur une base 24/7 même si l’agent n’est pas physiquement présent », explique un agent.

Il ne sert à rien de changer de SIM…

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"15981","attributes":{"class":"media-image alignright wp-image-27012","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"150","height":"129","alt":"sim"}}]]Même si des petits malins changent leur carte SIM, leur téléphone sera toujours sur écoute. Un SMS « silencieux » est envoyé à l’utilisateur sans que celui-ci ne le sache. Les agents peuvent aussi activer le micro du téléphone d’un utilisateur même si ce dernier a raccroché ou si l’appareil est éteint, à condition que la batterie soit toujours sur le téléphone.

Ce que dit la loi: Me Neil Pillay apporte un éclairage légal sur la question

L’article 32 (6) (a) de l’ICT Act 2001 stipule que seule la police est habilitée à effectuer une demande auprès d’un juge en chambre demandant à autoriser un opérateur public ou ses agents  à intercepter, empêcher la communication et à révéler des informations provenant de l’utilisation des réseaux des télécommunications. Cependant, il faut noter que sous l’article 32 (6) (b), un juge ne va pas délivrer ce genre d’ordre automatiquement sur simple demande. L’application faite par la police doit satisfaire le juge que l’information requise – donc l’interception à travers les réseaux (le phone tapping ) – soit connectée d’une façon matérielle à une affaire criminelle où une enquête est contemplée ou se déroule au moment même de la demande de cette enquête. Aussi, il faut comprendre que cet ordre d’interception peut durer sur un délai ne dépassant pas 60 jours. L’ordre doit aussi préciser le lieu exact de son application, c’est-à-dire où l’interception se fera. Il faut aussi souligner que la police ne peut effectuer d’interception par elle-même sans passer par un ordre de la cour et sans l’intervention de la station de l’opérateur. Sous l’article 32 (5), un opérateur peut aussi intercepter des messages qui soient indécents ou abusifs ou même qui pourrait compromettre la sécurité nationale ou même ordre public tout en rapportant la chose à ICT Autority. Article 2 : « Quand nous parlons d’interception, nous parlons d’écoute, d’enregistrement de tout message, que ce soit en forme verbale, écrite, visuelle, en texte, en code ou même en forme de données informatiques, qui passe à travers un réseau de télécommunication, sans le consentement de celui qui envoie ou transmet ce message, d’où l’élément furtif », explique l’avocat Neil Pillay.

Agents à l’œuvre

Les agents qui opéraient dans ce van blindé étaient habillés en employés de la Central Water Authority (CWA). Quant aux techniciens, ils se trouvaient à bord pour capter les conversations de leurs cibles. Il leur arrivait aussi de s’arrêter et de faire croire qu’ils étaient victimes d’une panne. Puis, en 2005, Navin Ramgoolam est de nouveau à la tête du pays. La nouvelle équipe du NSS vérifie les appareils et constate que les disques durs et autres équipements ont disparu, à l’exception du vieux IMSI-Catcher. Elle s’adresse alors, encore une fois, à la firme Verint pour l’achat d’un nouveau monitoring main centre. Celui-ci passe de l’analogique au numérique. Cette salle de tables d’écoute bourrée d’équipements aura coûté près de Rs 150 millions. Quelques années plus tard, en mars 2014, le NSS commande neuf mallettes IMSI-Catcher de dernière génération à Verint, pour une somme totale de Rs 53 millions (1 458 932 euros). Une bonne partie du paiement est faite avec l’argent du budget du PMO. Mais quand les mallettes arrivent à Maurice en août 2014, il restait encore une partie de cette somme à payer.

Neuf valises en lieu sûr

Quelques jours avant les élections générales de 2014, soit le lundi 1er décembre, une équipe d’ingénieurs et de techniciens de la firme Verint vient à Maurice pendant une semaine pour former une petite poignée d’agents du NSS. Ces experts sont le Chypriote Charalampas Leventis, le Brésilien Tom Lempert et le Britannique Daniel George Pryett. Ils ont tous séjourné à l’hôtel Intercontinental, à Balaclava. C’est alors qu’a été acheté le fameux van blanc auquel a fait allusion le député Shakeel Mohamed lors de son interpellation au Premier ministre à l’Assemblée nationale le 18 avril. Il s’agit d’un véhicule de la marque Nissan entièrement blindé, à l’exception du pare-brise arrière, qui a été recouvert d’un film teinté. L’intérieur du véhicule a été modifié afin que tous les équipements IMSI-Catcher puissent y être placés. Cependant, quelques jours plus tard, Navin Ramgoolam perd les élections générales. Quant aux neuf valises, elles sont toujours gardées en lieu sûr aux Casernes centrales. Le van blanc Nissan et la Mitsubishi Pajero dans laquelle était auparavant installé la valise IMSI-Catcher sont, eux, actuellement secrètement gardés dans les locaux du service de renseignement.

Pourquoi met-on des lignes téléphoniques sur écoute ?

Les raisons de mettre certaines lignes sur écoute sont nombreuses. Menace pour la sécurité nationale, pour la santé publique, pour l’ordre public… Mais ce n’est pas tout. Un grand nombre de gros cas de trafic de drogue ont été détectés grâce aux écoutes téléphoniques. Une cinquantaine de lignes peuvent être mises sur écoute en même temps. Parmi se trouvent principalement les lignes de ceux considérés comme des « adversaires politiques » du pouvoir en place, des personnes soupçonnées de trafic de drogue ou de « terrorisme ». Des conversations sont aussi interceptées « pour des besoins personnels ». À l’exception du directeur général du NSS, de l’inspecteur de police et des deux sergents, nul ne peut savoir qui est sur écoute.
 

Comment fonctionnent les valises IMSI-Catcher ?

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"15982","attributes":{"class":"media-image wp-image-27014","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"238","alt":"valise"}}]] On a pu obtenir une photo de l’appareil qui se trouve aux Casernes centrales.

Ces valises aux grandes oreilles sont uti-lisées dans plusieurs pays à travers le monde. Il s’agit d’une mallette comprenant des logiciels et appareils pouvant intercepter une conversation. Pour ce faire, le véhicule dans lequel est installée la valise doit s’approcher d’un lieu où se trouvent une ou plusieurs « cibles ». Si, par exemple, un ou des politiciens doivent être mis sur écoute alors qu’ils se trouvent à un meeting politique, le IMSI-Catcher détectera tous les numéros des cellulaires des personnes présentes. C’est alors que la pêche commence. Les agents de l’ombre font rapidement le tri. D’ailleurs, bien souvent, ils ont en main les numéros qu’ils doivent mettre sur écoute.
S’ils ont décidé d’écouter une conversation faite à partir d’un numéro, ils surveillent les appels entrants et sortants. Désormais, le IMSI-Catcher va opérer comme une vraie antenne relais pour ce cellulaire. Et à son tour, le IMSI-Catcher pourra se mettre en lien avec l’opérateur de téléphonie du numéro ciblé grâce à la « fausse antenne » qui est sur la valise (voir infographie). Tout cela, sans que l’utilisateur ne soit au courant de rien. Et toutes les communications peuvent être interceptées : e-mail, Whatsapp, Facebook, SMS, les historiques de connexion Internet… Que le téléphone soit 2G, 3G ou 4G.

« 80 % du travail du NSS se fait par écoute »

Depuis 1982, les tables d’écoute sont d’une grande aide au service de renseignement. « Récemment, avec les toutes nouvelles technologies, 80 % du travail d’’intelligence’ se fait à travers l’écoute. Les 20 % restants, ce sont les’ field agents’ qui s’en chargent », explique un haut gradé du NSS.

[row custom_class=""][/row] Toutefois, pour pouvoir intercepter ces appels, il ne faut pas qu’il y ait d’obstacle, par exemple une montagne entre la valise et la cible. Selon certains agents de renseignement, qui ne sont pas affectés à l’unité qui intercepte les conversations, racontent que quand un téléphone est sur écoute, il y a un écho. Mais nos sources expliquent que c’est probablement dû aux anciens appareils : « Avec l’utilisation des nouveaux appareils, il n’y a aucune trace. »

Les procédures à suivre

Le 18 avril dernier, sir Anerood Jugnauth répondait à une question du député travailliste Shakeel Mohamed à l’Assemblée nationale. Le chef du gouvernement a expliqué que la police doit au préalable obtenir l’ordre d’un juge de la Cour suprême afin de pouvoir placer une personne sur écoute et intercepter ses communications. Il a précisé qu’un tel ordre peut être donné dans cinq circonstances : si la personne ciblée représente une menace pour la sécurité nationale, pour la sécurité publique, pour l’ordre public, pour la moralité publique ou pour la santé publique.

Détecter les IMSI-Catchers sur votre téléphone Android

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"15983","attributes":{"class":"media-image wp-image-27015","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"300","height":"594","alt":"Les installations du \u2018Monitoring Main Centre\u2019 sont similaires \u00e0 celles-ci."}}]] Les installations du ‘Monitoring Main Centre’
sont similaires à celles-ci.

Sous Android, il est possible de tenter de détecter les IMSI-Catchers en analysant les signaux reçus par le téléphone, et en les comparant aux informations connues dans les cartographies de réseaux. C’est tout l’objet de l’application open-source AIMSICD (Android-IMSI-Catcher-Detector), distribuée sous forme de fichier APK à installer sur son mobile.  Parmi ses fonctionnalités, AIMSICD regarde si la force du signal est cohérente avec l’éloignement des antennes-relais connues à proximité, si les informations de l’antenne à laquelle l’utilisateur est connecté sont elles-mêmes conformes, ou détecte encore l’envoi de « SMS silencieux ». « Ces SMS sont envoyés vers les téléphones des suspects mais ne sont pas visibles ; aucun message ne s’affichera sur l’écran de l’appareil et aucun son ne sera émis. Le portable visé renverra simplement un message de confirmation de réception à l’opérateur téléphonique qui partagera cette information sur demande de la police », explique Esendex. « Via un système de triangulation basé sur les antennes relais, il est possible de localiser un téléphone de façon très précise et donc potentiellement son propriétaire ». Une fois installée, l’application affiche une icône en haut à gauche de la barre de notifications Android, qui change de couleur selon la menace. (Source : Internet)

 

Rencontre avec des agents de l’ombre

Nous nous sommes basés sur plusieurs sources policières pour réaliser cette enquête. Nous avons aussi rencontré plusieurs hauts gradés du NSS, et d’autres à la retraite. Ces personnes sont celles qui ont eu accès au ‘Monitoring Main Centre’ et qui ont travaillé avec les équipements permettant d’intercepter des appels.

Les versions des trois opérateurs de téléphonie

Mauritius Telecom : «En tant qu’opérateur, MT n’est pas habilité à intercepter les communications téléphoniques. Nous ne pouvons que communiquer la facture à la suite d’un ordre de la Cour et sans plus », affirme la direction. Nous n’avons pas eu de réponse à la question de savoir si MT a contribué à l’installation d’équipements jusqu’au ‘Monitoring Main Centre’. EMTEL : La compagnie affirme qu’elle n’a aucun équipement qui puisse enregistrer le contenu des communications qui passe à travers son réseau. Elle déclare que sur l’ordre d’un juge, elle peut uniquement fournir les détails des relevés d’appels et de SMS à la police. Emtel nie aussi avoir investi dans le ‘Monitoring Main Centre’ aux Casernes centrales. Sanjay Garg, CEO de MTML : « Je ne suis pas au courant de cela. Je n’ai jamais vu ce système et ces équipements. Notre budget ne nous permet pas de contribuer des millions dans le système de la police. À ma connaissance, il n’y a eu qu’une ou deux demandes pour des ‘itemized bills’ durant ces derniers cinq ans, cela après qu’un Judge’s Order a été émis. »

La cotation

Le devis pour les neuf mallettes IMSI-Catcher a été fait en 2014. Le contrat a été préparé par un cadre du département Sale & Business Development Communications & Cyber Intelligence Solutions de la compagnie Verint Systems Ltd.     [lptw_table id="27016" style="material-red"]
  • Leal

 

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