Écolier handicapé discriminé - La direction : «Transférez l’enfant dans une école spécialisée»

Ryan (prénom fictif), élève dans une école primaire de Port-Louis, souffre d’un handicap au pied droit. Ses parents sont outrés que le maître d’école leur ait demandé de l’inscrire dans un établissement spécialisé.

«Je dénonce les actes de discrimination dont est victime mon fils handicapé», indique Mélissa S., 22 ans. « Mon fils avait trois mois quand il a souffert d’une convulsion. D’où le handicap physique qu’il a développé au pied droit. Il marche en claudiquant. De plus, il ne peut tenir son crayon correctement de la main droite. Il utilise sa main gauche pour prendre des notes. Mais Ryan est un enfant brillant» assure cette femme au foyer. Elle regrette que le maître d’école lui ait, à plusieurs reprises, suggéré d’inscrire son fils dans une école spécialisée.

Excursion refusée

« Pourquoi cette insistance ? Pourtant son enseignante du pré-primaire et son pédiatre nous avaient assuré que mon fils a parfaitement le droit d’étudier dans une école normale. Il ne souffre que d’un boitement au pied droit. Si mon fils devait aller dans une école spécialisée, c’est tout son développement psychologique qui serait perturbé », argue la maman, remontée. Mélissa dénonce le fait que l’on isole son fils en classe. « Ryan s’assied tout seul à une table. Il n’a pas d’ami de classe et il est souvent brutalisé à l’école, à cause de son défaut physique», déplore-t-elle.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été le refus du maître d’école et de l’enseignante d’emmener Ryan en excursion, il y a trois semaines. Motif: le personnel de l’école refusait de le prendre en charge. « Ce refus m’a fendu le cœur. Mon fils a été moralement affecté, il ne veut plus aller à l’école. Il comprend la discrimination dont il est victime.» Mélissa a donc décidé de frapper à la porte d’Xplik ou K pour dénoncer les « mauvais traitements » infligés à son fils à l’école.

Contacté par notre rédaction, le maître d’école nie le fait d’avoir suggéré aux parents de transférer Ryan dans une école spécialisée. « D’ailleurs, c’est après un suivi, un examen psychologique qu’on décide si un enfant doit être placé dans une école spécialisée ou pas. » Il concède avoir refusé d’emmener Ryan en excursion « pour des raisons de sécurité. Nous ne pouvons accorder une attention spéciale à un seul enfant, quand il y en a tant d’autres à surveiller », dit-il.

Dernier affront en date fait à la mère de l’enfant : le mercredi 7 juin, le responsable de l’école lui a demandé de venir récupérer son fils, « car il a fait ses besoins dans son uniforme ». Une fois à l’école, étonnement et colère de la maman de voir son fils assis seul sur un banc, en dehors de sa classe. L’enfant n’avait nullement fait ses besoins dans ses vêtements.

Les parents sont bien décidés à obtenir justice auprès des autorités éducatives.

«Violation des droits humains»

La rédaction a adressé un courriel au ministère de l’Éducation sur cette affaire. Il nous revient que le Zone Directorate  a été informé de ce cas et qu’une enquête a été initiée. « Tout enfant a droit à un traitement égal et non discriminatoire. Aller à l’encontre de cela constitue une violation des droits humains », souligne un responsable. 

Du côté du bureau de l’Ombudsperson for Children, une responsable nous a confié que c’est un cas flagrant de violation des droits de l’enfant. « Un enfant souffrant d’un handicap physique a droit à une éducation normale. » Elle a suggéré aux parents de l’enfant de loger une plainte au bureau de l’Ombudsperson for Children à Beau-Bassin afin d’initier une enquête sur cette affaire.