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Du droit à la terre : l’étonnant parcours de Celva Runghen

Celva Runghen supervisant les récoltes dans sa serre.

Celva Runghen, juriste et fervent défenseur de l’agriculture biologique, a quitté une carrière prometteuse pour renouer avec ses racines agricoles. Malgré les défis du secteur, il milite pour des politiques durables et un soutien renforcé aux planteurs mauriciens.

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Juriste de formation, MBA en poche, Celva Runghen, 58 ans, a fait le pari audacieux de renouer avec ses racines agricoles, marchant ainsi sur les pas de ses parents et grands-parents.

Un retour aux sources qui, après dix ans de labeur, lui révèle toute la complexité des défis du secteur agricole mauricien.

Son histoire commence sur les bancs du St Julien Government School, puis au Centre de Flacq Government School. Il étudiera jusqu’au School Certificate au J.S.S de Curepipe, avant d’entamer son Higher School Certificate au collège d’État Sir Ramparsad Neerunjun d’Ébène. Héritier d’une lignée de planteurs cultivant principalement la canne à sucre sur les terres de St-Julien, Lallmatie et Bon-Accueil, il s’inscrit à 18 ans au Sugar Insurance Fund. La maladie de son père en 1988 le ramène temporairement aux champs familiaux, mais ses ambitions le portent ailleurs.

1992 marque un tournant : direction l’Angleterre, où il finance ses études par le travail. Son acharnement paie : en 2000, il décroche une licence en droit de l’Université d’East London. De retour au pays, il intègre Valayden Chambers, se spécialisant dans les affaires criminelles et civiles.

Le destin frappe alors à sa porte. « Par le plus pur des hasards, je me suis retrouvé à aider une personne avec ses démarches de visa qui n’aboutissait pas. J’ai pu l’aider à l’obtenir au final », raconte-t-il. Une simple aide pour un visa devient le catalyseur d’une nouvelle aventure. Flairant l’opportunité, il crée UKICS Ltd en 2003, cabinet de conseil juridique spécialisé en immigration britannique. Son expertise grandit : il conseille les clients sur les contrats de travail, combat les pratiques abusives en matière d’immigration et plaide pour des changements législatifs afin de réguler le secteur.

En 2007, Celva Runghen est nommé conseiller auprès du ministre de l’Industrie, du commerce et des PME. Il apporte son éclairage juridique sur les questions d’industrie et de commerce.

2015 marque un nouveau chapitre : Celva Runghen embrasse l’agriculture biologique, dont il est un fervent défenseur. Une conversion renforcée par un certificat du National Centre for Organic and Natural Farming indien en 2017. Il espère que ses efforts contribueront à un avenir agricole plus prometteur pour Maurice. Cependant, ce retour à la terre lui ouvre les yeux sur les défis du secteur. « Les politiques agricoles actuelles manquent leur cible », dénonce-t-il. « Les aides sont souvent inadaptées ou inaccessibles, créant des disparités entre planteurs. » 

Il pointe du doigt les coûts croissants de la main-d’œuvre et des intrants, tout en déplorant l’absence de filet de sécurité face aux aléas naturels. Pour lui, la clé du succès réside dans une agriculture durable soutenue par des politiques cohérentes et un soutien concret aux planteurs. « La solution ne peut pas être seulement d’offrir plus de terres. Il faut avant tout redonner confiance et moyens aux planteurs. »

Malgré ces obstacles, ce père de famille trouve son équilibre. Si la vie de planteur exige des sacrifices - adieu congés et compensations justes - rien ne vaut pour lui le temps passé avec ses proches, enraciné dans cette terre qui l’a vu grandir.

Solutions et vision pour l’avenir

Celva Runghen propose des pistes pour revitaliser l’agriculture à Maurice :

  • Encourager les planteurs ayant abandonné leurs terres à reprendre leurs activités.
  • Offrir des alternatives abordables aux fertilisants chimiques.
  • Adapter les politiques agricoles aux besoins réels des agriculteurs.
  • Améliorer les services des institutions comme la station expérimentale de Barkly et le Small Farmers Welfare Fund.
  • Faciliter l’accès à une main-d’œuvre compétitive et réduire les coûts de production.
  • salon

     

 

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