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Drogues de synthèse - Imran Dhunnoo: «Nous n’avons toujours pas de protocole de traitement»

Sur quoi les travailleurs sociaux se basent-ils pour dire que la drogue synthétique fait des ravages parmi les jeunes ? Certaines drogues synthétiques existent depuis longtemps. Là, on parle de nouvelles drogues de synthèse, dont les molécules ne figurent pas dans les conventions internationales visant à combattre le problème de la drogue. Ces nouvelles drogues ont fait leur apparition à Maurice depuis 2013. Parlez-nous de ces drogues de synthèse… Il y a plusieurs familles de drogue de synthèse, dont celle des cannabinoïdes, une substance qui imite le principe actif du cannabis (le tétrahydrocannabinol ou THC), qui procure une sensation d’euphorie ou de bien-être. La drogue de synthèse est une imitation du THC, qui se trouve dans le cannabis naturel. À Maurice, elle est connue sous divers noms : fraise, C’est pas bien… En 2013, on connaissait le Black Mamba. Actuellement, le nom le plus commun est Bad dan latet. Où sont-elles fabriquées ? Les drogues de synthèse sont fabriquées en Chine ou en Corée du Sud. Certains disent qu’elles pourraient être fabriquées localement, mais les drogues saisies par la police sont des produits importés. Comment entrent-elles à Maurice ? Par la poste, l’aéroport ou le port. Peut-on parler d’un manque de vigilance ? La police fait son maximum. En 2013, il y a eu six arrestations par rapport au cannabis de synthèse. Le nombre d’arrestations est passé à 19 en 2014, 103 en 2015 et 71 de janvier à mai 2016. Parmi les personnes arrêtées en 2015, il y avait neuf mineurs. Depuis janvier 2016, cinq mineurs ont été arrêtés pour possession de drogue de synthèse. Est-ce que tous les collèges sont à risque ? Oui. De janvier à mai 2016, 242 personnes sont venues au Centre Idrice Goomany pour traiter leur dépendance à l’héroïne. Parmi, 65 % ont déjà fait l’expérience des drogues de synthèse. Leur prix et leur disponibilité font qu’elles touchent surtout les jeunes. Il se peut qu’elles soient introduites dans les écoles par des élèves qui sont eux-mêmes des consommateurs.  L’aspect le plus effrayant, c’est que nous n’avons toujours pas un protocole de traitement à Maurice. Est-ce que la drogue de synthèse a provoqué de mort chez les jeunes ? Je ne peux le dire. Dans sa déposition devant la Commission d’enquête sur la drogue, la semaine dernière, un officier du ministère de la Santé a fait état de 168 hospitalisations entre juillet 2015 et avril 2016, dont 23 étudiants. La situation est sérieuse. Nous ignorons ce qu’il y a dans les drogues synthétiques. Donc, certains consommateurs réagissent très mal à certains contenus, sur les plans mental et physique. Certains travailleurs sociaux réclament un plan d’urgence... Nous ne parlons pas seulement des drogues de synthèse, mais de la drogue en général. Nous constatons un rajeunissement des consommateurs. Le problème est qu’il n’y a pas de plan directeur concernant la lutte contre la drogue. La police fait un travail formidable, mais une sensibilisation de masse par rapport à la drogue de synthèse est primordiale, notamment dans les écoles. Malheureusement, nos enfants n’ont pas accès à l’information. Le ministère de l’Éducation doit ouvrir les portes des écoles à des professionnels de la prévention. Faut-il durcir la loi ? Pour les trafiquants, il faut des sanctions pénales fortes. Quant aux consommateurs, nous sommes plutôt en faveur du principe de support, don’t punish. Pour nous, un consommateur de drogue est un patient. Nous réclamons la dépénalisation de la consommation de drogue, c’est-à-dire pour les consommateurs uniquement. Il ne faut pas les envoyer en prison.
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