Depuis ces 40 dernières années, Sarita Boodhoo, 80 ans, veille à la diffusion, la promotion, la transmission et la sauvegarde du bhojpuri. Après quatre ans de recherches et d’écriture, elle a lancé le livre « Geet Gawai Bhojpuri Folk Songs in Mauritius : An Ode to Geetharines of Mauritius ».
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Qu’emporteriez-vous sur une île déserte ?
Ce serait le dictionnaire Larousse. J’en profiterais pour découvrir des mots et apprendre leur définition.
Si un génie vous offrait de réaliser 3 vœux, quels seraient-ils ?
Mon premier vœu serait de mettre en place un « Bhojpuri Immigrant Village » afin de continuer le travail pour la postérité. Ce serait l’occasion pour les jeunes de mieux connaître la riche culture léguée par leurs ancêtres même s’ils n’étaient pas fortunés. Malgré les conditions difficiles, les ancêtres ont maintenu et transmis les traditions comme le « Geet Gawai » et le « Gamat ». La cuisine serait un autre aspect de ce village.
Je souhaite également la réintroduction de la langue bhojpuri dans le cursus scolaire. De 2012 à 2014, le bhojpuri était enseigné dans les écoles. Des problèmes techniques et administratifs ont freiné l’apprentissage du bhojpuri. En janvier 2021, la Bhojpuri Speaking Union (BSU) et des associations socio-culturelles ont signé un mémorandum. Il a été envoyé au Premier ministre et au ministre des Arts et du patrimoine culturel. Il nous revient que le Premier ministre prend au sérieux notre proposition de réintroduire le bhojpuri dans les écoles et que le ministère de l’Éducation se penche dessus.
Mon autre souhait serait d’offrir un cachet aux « geetharines ». À travers leurs prestations dans les « Geet Gawai », elles contribuent à la promotion et la préservation de la langue bhojpuri.
Si vous pouviez retourner dans le passé, que changeriez-vous ?
Rien. Nous sommes gouvernés par la loi du karma. On récolte ce qu’on a semé. Cela fait partie de la vie.
Le meilleur moment de votre journée ?
Dès mon réveil, à 4 heures, jusqu’au moment où je quitte la maison pour aller travailler. Durant cette période matinale, je suis en connexion avec le cosmos. Elle est connue comme le « Brahmamuhurta », soit le moment propice de la journée.
Si vous deviez changer une chose chez vous, une seule, que serait-ce ?
De pratiquer le silence plus souvent. Observer le silence intérieur permet de mieux se découvrir.
Quel est votre chiffre porte-bonheur ?
J’aime lire l’horoscope. Je suis née le 15 octobre, donc mon signe astrologique est Balance. Souvent, je vois que le 6 est le chiffre porte-bonheur des Balance. Par contre, je ne sais pas si cela a un effet.
Que faites-vous pendant votre temps libre ?
Lire et contempler la nature. La lecture est un moyen de correspondre avec les pensées et l’état d’esprit des personnages. En ce moment, je lis sur la vie de Bouddha. Il a renoncé à sa vie d’héritier du trône pour devenir un empereur sur le chemin de la paix.
Si vous n’étiez pas présidente de la Bhojpuri Speaking Union, vous seriez… ?
J’aurais eu du temps libre (rires). J’aurais profité de cette occasion pour lire plus de livres et en écrire. Depuis 1983, j’entreprends des voyages dans la « bhojpuri belt ». J’ai une pile de carnets de voyage que je souhaite transformer en livres. J’espère pouvoir y arriver et placer quelques livres dans les établissements scolaires.
Un objet indispensable ?
Le téléphone portable. Il me permet de rester en contact avec différentes parties prenantes dans le cadre professionnel.
Si vous étiez une invention… ?
J’aurais inventé une machine pour mettre fin aux palabres et à la négativité. Nous devons nous focaliser sur les bonnes et les belles choses qui nous entourent.
Si vous étiez une application mobile… ?
Le James-Webb Space Telescope. Ce télescope spatial me servirait à découvrir l’immensité de notre univers.
Une ode aux « geetharines »
Le mardi 24 janvier, le Dr Sarita Boodhoo a lancé le livre Geet Gawai Bhojpuri Folk Songs in Mauritius : An Ode to Geetharines of Mauritius. Le lancement a eu lieu au Indira Gandhi National Centre for the Arts à New Delhi, en Inde. Elle souhaite lancer le livre à Maurice à l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle célébrée le 21 février.
L’ouvrage est une idée de l’ONG indienne Antar Rashtriya Sahayog Parishad (ARSP). « En 2019, j’étais en Inde avec 25 ‘geetharines’. Elles ont livré plusieurs prestations. ARSP était émerveillée par ces talents et m’a fait la requête d’écrire un livre sur cet art et le ‘Geet Gawai’ », se souvient Sarita Boodhoo. Elle a mené des recherches et a profité des deux confinements pour se consacrer à l’écriture de l’ouvrage.
40 ans au service du bhojpuri
Native de Port-Louis, Sarita Boodhoo grandit en parlant couramment le kreol morisien. « Je ne parlais pas le bhojpuri », confie-t-elle. Après sa scolarité au Queen Elizabeth College, elle part en Inde pour des études en géographie. À son retour à Maurice, elle enseigne la géographie et l’anglais dans certains établissements secondaires.
En 1967, elle intègre un mouvement qui, en 1968, organise un programme résidentiel au Anse-La-Raie Youth Centre. « J’étais entourée de 150 participantes. Elles conversaient en bhojpuri. J’étais étonnée et je me suis intéressée de près à cette langue », dit-elle.
En assistant à plusieurs programmes résidentiels, elle apprend la langue. En 1973, elle épouse Harish Boodhoo. « Même ma belle-maman et ma belle-sœur parlaient le bhojpuri. »
En 1982, elle met en place le Bhojpuri Institute pour sauver le bhojpuri. C’est ainsi que la chanson Pani Nayba est élaborée. En 1983, elle fait un voyage en Inde et découvre la « bhojpuri belt ». Depuis, elle a hérité du sobriquet « The International Didi ».
Depuis 2012, Sarita Boodhoo est la présidente de la Bhojpuri Speaking Union. Elle fait partie de ceux ayant travaillé sur le dossier pour l’inscription du « Geet Gawai » sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Le « Geet Gawai » a été inscrit le 1er décembre 2016. Elle milite pour la préservation du bhojpuri, le véhicule de ce patrimoine immatériel.
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