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Des toxicomanes se transforment en zombies sous l’effet du Crystal Meth

Photo : Tikwan

Le quartier de Roche-Bois, dans la banlieue nord de Port-Louis, est confronté à un problème croissant de consommation de drogues, dont la méthamphétamine. Les habitants de la localité s’inquiètent de l’impact dévastateur de cette situation sur la santé et la sécurité de la communauté. 

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Les habitants de Roche-Bois expriment leur inquiétude quant à l’impact de la consommation de drogues dans leur quartier. Les comportements violents associés à la toxicomanie créent un climat d’insécurité qui affecte la tranquillité de la communauté. Les familles sont également touchées, avec de nombreux cas de désintégration sociale causée par la dépendance aux stupéfiants. 

Ce qui préoccupe parti-culièrement les habitants, c’est le mélange de différentes drogues, notamment la drogue synthétique associée à la méthamphétamine (Crystal Meth), ainsi qu’à d’autres substances comme l’acétone et la mort-aux-rats. Ce cocktail explosif cause des ravages parmi les consommateurs, les faisant tomber comme des mouches, principalement la nuit sur la route Cocoterie et dans la rue Alfred-Besnard, où l’ambiance semble mouvementée. Des toxicomanes, après avoir pris ces drogues, adoptent en effet des comportements singuliers. Pour certains riverains, c’est source de chagrin, tandis que pour d’autres, c’est un spectacle « divertissant ».

Les effets à court terme de ces produits toxiques incluent une augmentation de l’agressivité, des hallucinations et des attitudes imprévisibles. « On peut en voir quelques-uns marcher en titubant vers 2 heures du matin, puis s’allonger sur le trottoir et crier comme des loups-garous », raconte un résidant de Roche-Bois. Selon lui, beaucoup d’habitants préfèrent se taire pour éviter les ennuis. « Toutefois, les autorités compétentes ont été alertées de ce fléau qui sévit dans notre quartier », précise-t-il.

Fumeries clandestines

Un terrain en friche a été investi par des toxicomanes, qui ont eu l’idée d’utiliser l’endroit comme base, connue sous le nom de « Tikwan », où des abris de fortune ont été installés pour servir de repaire pour la consommation de drogues. Auparavant, le terrain était boisé, mais ils l’ont défriché de manière à ce que d’autres toxicomanes ne puissent pas venir s’y droguer sans être exposés à la vue de tous. 

Le moyen le plus sûr de consommer de la drogue est ainsi d’entrer dans ces cabanes moyennant un paiement de Rs 50. Sur le terrain en friche, femmes et hommes font le va-et-vient. Il y a aussi des seringues usagées et contaminées qui sont dispersées partout, même sur le bord de la route, ce qui inquiète les habitants quant aux risques que courent leurs enfants s’ils marchent dessus.

« Nous avons appris l’existence d’un petit groupe de toxicomanes qui préparent eux-mêmes la drogue et les seringues, et qui jouent même les infirmiers en piquant les autres toxicomanes. Nous avons également remarqué que le soir, la majorité des toxicomanes qui vont sur ce terrain sont dans un état euphorique. Ils mélangent du Crystal Meth, qui se vend entre Rs 2 500 et Rs 3 000 le gramme, avec de la drogue synthétique et même des poisons. Ensuite, ils fument ou s’injectent de l’héroïne », déclare notre interlocuteur.

Nous nous sommes rendus sur ce terrain, le mardi 4 juillet, pour constater de visu la situation. Effectivement, deux abris de fortune étaient occupés par des toxicomanes qui nous ont laissé entendre que les lieux étaient abandonnés et qu’ils étaient sans domicile fixe. Ils se comportaient comme s’ils étaient les gardiens du terrain. L’un d’eux était en train de préparer de la drogue avec une seringue, mais il a fait marche arrière en nous voyant. 

Plus loin, un jeune homme nous explique qu’il avait l’habitude de venir se droguer sur ce terrain, mais qu’il ne le fait plus maintenant. « Ce groupe de toxicomanes ne permet pas aux autres de venir se droguer librement. Il faut payer Rs 50 à leur base de Tikwan pour pouvoir se droguer. Ils sont violents, et ils vous jettent des pierres et vous poussent si vous n’acceptez pas », dit-il.

Face à cette situation alarmante, les habitants appellent les autorités à prendre des mesures fermes pour lutter contre le trafic de drogues et protéger la communauté. Ils demandent un renforcement des patrouilles policières, une surveillance accrue des points de vente de drogues et une sensibilisation renforcée aux dangers de la toxicomanie.

Opération policière et grand nettoyage

Dans la matinée du mercredi 5 juillet, la police est intervenue à la suite d’une protestation publique concernant un repaire de drogue sur un terrain vague situé le long de la rue Alfred-Besnard à Roche-Bois. Des équipes de la CID de Roche-Bois et de la DCIU Metro Nord ont effectué une descente dans une cabane improvisée, où six hommes âgés de 28 à 34 ans ont été interpellés, avant d’être emmenés au poste de police d’Abercrombie. Cinq d’entre eux ont été relâchés après une vérification et un profilage. Le dernier, un habitant de Camp-le-Vieux prénommé Christopher et âgé de 30 ans, a été maintenu en cellule. Il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt et était recherché par la police de sa localité. Les policiers ont également rasé les cabanes installées sur le terrain de Roche-Bois.

Une drogue extrêmement addictive et dévastatrice

La méthamphétamine, communément appelée Crystal Meth, est une drogue de synthèse extrêmement addictive, qui se consomme généralement à l’aide d’une pipe. Surnommée « la drogue des zombies », elle a des effets dévastateurs sur la santé physique et mentale. Les États-Unis ont classé la méthamphétamine troisième drogue la plus dangereuse de la planète. En Europe, elle est considérée comme la substance psychotrope la plus destructrice. Le Crystal Meth est bien présent à Maurice. Ces dernières années, l’Anti-Drug and Smuggling Unit a réalisé des saisies d’une valeur marchande totale estimée à Rs 44,6 millions. Le 31 décembre 2022, la douane mauricienne a intercepté un colis de méthamphétamine estimé à Rs 23 millions en provenance d’Afrique du Sud et en transit à Maurice. 

 

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