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Des routes en déroute : gros danger pour les usagers

Des usagers de la route déplorent la qualité du ré-asphaltage de certaines routes ou encore le rafistolage qu’entreprennent certaines utilités publiques. Ces voies constitueraient un réel inconvénient pour les usagers de même que pour leur porte-monnaie.

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Le Premier ministre Pravind Jugnauth a procédé, le samedi 17 février, au lancement d’une campagne de sensibilisation sur la sécurité routière. Le nombre d’accidents et de morts sur les routes inquiète au plus haut point le gouvernement. La police, de son côté, a décidé d’appliquer une politique de zéro tolérance. Cependant, les usagers de la route sont d’avis qu’une campagne de sensibilisation et la répression à elles seules ne pourront résoudre le problème. Ils mettent en exergue un autre aspect tout aussi important : la mauvaise qualité de certaines de nos routes, dont celles récemment ré-asphaltées.

La rue Edith Cavell, à Port-Louis, en est un exemple criard. Le goudron s’est désagrégé à plusieurs endroits, formant un amas d’enrobés bitumineux (communément appelés asphalte), comme en témoignent les photos. Idem à la rue Jemmapes, toujours dans la capitale, où les nids de poule béants sont, de plus, recouverts d’eau boueuse lors de grosses averses.

Le patching, ou colmatage qu’entreprennent certaines utilités publiques après des travaux de fouilles et lors des réparations est aussi décrié. Parfois, le ré-asphaltage tarde à se faire, laissant ainsi le périmètre où la fouille a été effectuée recouvert de macadams ou de crusher run uniquement. Et lorsque le rafistolage se fait enfin, il n’est guère étonnant de voir que certains de ces patches finissent par céder avec le va-et-vient incessant et le poids des véhicules.

«Solution panadol»

Manoj Rajkoomar, secrétaire de la Driving School & Instructors Federation, estime que le travail effectué pour le ré-asphaltage ou le rafistolage ne répond pas toujours aux normes. « C’est à l’aide de petits rouleaux compresseurs manuels que le bitume fraîchement déposé est compressé. Le résultat, comparativement à un plus gros rouleau compresseur, n’est certainement pas le même. Ce qui explique les nids de poule sur les routes avec les passages fréquents des camions, autobus et autres véhicules lourds », soutient-il.

Raffick Bahadoor, président de la Taxi Proprietors’ Union (TPU) parle lui de « solution panadol ». « Le gouvernement, semble-t-il, a voulu ré-asphalter certaines routes afin de les rendre plus praticables. Le travail paraît avoir été tout bonnement bâclé ! Les nombreux nids de poule peuvent en témoigner », martèle-t-il.

Dressant un tableau de la situation, Alain Jeannot, de Prévention routière avant tout (Prat), avance que la flotte de véhicules à Maurice a connu une hausse de 540 % au cours de ces 30 dernières années, pour arriver à environ 525 000 véhicules. « Or, en ce qu’il s’agit des routes, c’est-à-dire au niveau des dimensions et la capacité d’accueil, entre autres, bien qu’il faut reconnaître qu’elles sont asphaltées à 100 %, la progression est évaluée à 30 % à peine. On remarque là, déjà, une inadéquation certaine », constate-t-il.


Un manque d’entretien déploré

Alain Jeannot, de Prat, est d’avis que, bien que le pays dispose d’infrastructures nécessaires, le problème, intervient principalement au niveau de la maintenance, tant pour les routes que pour les road furnitures. Il déplore ainsi l’absence de panneaux de signalisation à certains endroits, des feux de signalisation mal synchro-nisés et le manque de visibilité au niveau des barrages routiers, des passages pour piétons ou les dos d’âne. 

Le président de Prat préconise ainsi la création d’une unité spéciale, dont la tâche sera l’inspection exclusive des routes et des aménités. Des visites techniques régulières doivent être menées dans chaque quartier, afin de s’assurer que nos routes sont conformes aux normes. Ce qui permettra d’assainir la situation, en réduisant le niveau de danger pour les usagers.


Les automobilistes plus vulnérables le soir

Et les dangers ne manquent pas. Manoj Rajkoomar, moniteur d’auto-école, explique que le réflexe d’un apprenti chauffeur ou celui qui vient d’obtenir son permis n’est pas aussi développé qu’un chauffeur aguerri. « L’apprenti ou le nouveau chauffeur n’a pas encore acquis les réflexes nécessaires pour éviter les nids de poule qu’il voit au dernier moment. Il peut alors faire une mauvaise manipulation au niveau des pédales et provoquer un accident et ce, même si dans le cas des apprentis, les moniteurs disposent du dual control, qui leur permet d’exercer un contrôle sur les pédales », dit-il.

Le danger, il est surtout pour les deux-roues. Et ce, principalement le soir. C’est ce qu’indique Raffick Bahadoor. « L’année dernière, plus de 157 personnes ont perdu la vie dans des accidents de la route. On nous parle de vitesse, de manque de vigilance, de conduite sous l’influence de l’alcool, mais jamais de l’état des routes. Lane ale lane vini, bann blackspot res blackspot mem », lâche le chauffeur de taxi.

La mauvaise qualité des routes a aussi une incidence sur les véhicules. Manoj Rajkoomar indique que cela entraîne un coût additionnel pour leur entretien, surtout au niveau des suspensions, des amortisseurs et des pneus. « Sans oublier l’inconfort pour les passagers », ajoute-t-il.

 

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