Portée par une vague d’espoir, l’équipe gouvernementale du Changement, au pouvoir depuis les dernières élections générales, s’efforce de prouver qu’elle est à la hauteur des attentes. Composée d’un mélange de figures expérimentées et de nouvelles têtes, cette coalition promet des réformes audacieuses dans un climat socio-économique tendu. Derrière les projecteurs, comment les ministres jonglent-ils avec les exigences de leurs fonctions et leur vie personnelle ? Tour d’horizon.
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Osman Mahomed, ministre du Transport terrestre et du Light rail : «Pas de compromis pour servir le grand public»
Depuis qu’il a pris les rênes du ministère du Transport terrestre et du Light Rail, Osman Mahomed se consacre corps et âme à ses nouvelles responsabilités. « Il n’y a pas de compromis. Tout doit être mis de côté pour être ministre », affirme-t-il avec une sincérité désarmante. Chargé d’un portefeuille crucial, touchant directement le quotidien des Mauriciens, le ministre ne sous-estime pas l’ampleur de la tâche. « C’est un gros ministère, car il concerne le grand public. Avec près de 700 000 véhicules sur nos routes – camions, motos, autobus, voitures –, les défis sont immenses », dit-il.
Pour Osman Mahomed, les priorités sont claires : améliorer les services existants et redresser les structures en difficulté. « J’ai déjà travaillé sur plusieurs dossiers clés, comme demander les comptes à la CNT (Compagnie Nationale de Transport). Là-bas, il faut redresser la barre et je n'hésite pas à prendre les taureaux par les cornes », souligne le père de famille.
Il a également mis le doigt sur les failles du Metro Express, un projet phare, mais encore loin d’être rentable. « J’ai réclamé les comptes non soumis depuis 2021. Actuellement, les revenus du Metro Express sont bien en deçà des dépenses. Nous devons trouver des solutions viables pour assurer sa durabilité à long terme », fait-il remarquer. Par ailleurs, le ministre s’attelle à rendre plus percutant le Traffic Management and Road Safety Unit (TMRSU). « Nous allons reconstituer les comités sur la sécurité routière et revoir les priorités afin de répondre aux attentes du public », annonce-t-il.
Si Osman Mahomed est conscient de l’importance de sa mission, il admet que la fonction de ministre exige des sacrifices personnels. « Je rentre à la maison très tard, souvent après 18 heures, et parfois encore plus tard à cause des fonctions dans ma circonscription, entre autres. Heureusement, j’ai une épouse extrêmement compréhensive », confie-t-il.
Marié à Hamida et père de deux enfants – un fils ingénieur et une fille qui a terminé ses études en droit –, il exprime sa gratitude envers sa famille. « Je remercie mon épouse qui me soutient à 100 % dans mes actions, ainsi que mes enfants et mon équipe. Depuis que je suis ministre, je maîtrise très rarement mon temps. Ce n’est pas la même chose que lorsque j’étais député », souligne-t-il.
Malgré un agenda chargé, notre intervenant tient à retrouver son lien avec les citoyens, un aspect de sa carrière qu’il chérit particulièrement. Il confie : « Je m’adapte encore à mon rôle, mais je compte bientôt recommencer à recevoir mes mandants comme je le faisais quand j’étais dans l’opposition, mais cette fois-ci au bureau du CAB. Être proche des gens et de leurs préoccupations reste une priorité ».
Entre la modernisation des transports publics, la gestion du trafic et la sécurité routière, le ministre ne manque pas de défis. Cependant, pour lui, la clé est une gestion transparente et rigoureuse. « Il faut tout mettre en œuvre pour répondre aux attentes du public. Cela exige du travail acharné, mais je suis convaincu que nous pouvons faire bouger les choses. Je prends ce rôle avec un profond sens des responsabilités. Mon objectif est simple : améliorer la qualité de vie de nos citoyens, jour après jour », fait-il ressortir.
Arianne Navarre-Marie, ministre de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille : «Redonner ses lettres de noblesse au ministère»
À 63 ans, Arianne Navarre-Marie, figure chevronnée du Mouvement Militant Mauricien (MMM), affiche une détermination intacte. La ministre de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille assume un portefeuille qu’elle connaît bien, après l’avoir dirigé entre 2000 et 2005 sous une autre appellation. « Ce n’est pas difficile, car je suis habituée. J’ai consacré des décennies à la politique. Si c’était plus compliqué auparavant, c’est parce que mes enfants étaient encore petits. Aujourd’hui, ils sont grands. À l’époque, mon époux avait pris le relais pour s’occuper d’eux », avance notre intervenante.
Avec cette sérénité familiale retrouvée, Arianne Navarre-Marie consacre toute son énergie à son ministère. « Je me donne à fond dans ce que je fais. Je suis aussi présente à chaque réunion politique de mon parti, et je continue de recevoir mes mandants avec grand plaisir », confie-t-elle. Les dossiers prioritaires de son mandat ?
« Tout est primordial au sein du ministère, mais la consolidation de la famille reste centrale. Nous venons de tenir les Assises de la famille, et j’attends leurs retombées pour élaborer un plan d’action global. Cela inclura deux axes majeurs : la prévention et le curatif. Trop souvent, le ministère, à travers le Child Development Unit (CDU), se concentre uniquement sur le curatif, c’est-à-dire intervenir après les crises. Or, il faut agir en amont, dès avant la naissance des enfants, en mettant l’accent sur le rôle et les responsabilités des parents », fait ressortir la ministre.
Ce plan, qu’elle espère concret et ambitieux, s’inscrit dans une vision large de la protection des femmes et des enfants. « La prévention est essentielle. Protéger la famille, c’est intervenir dès les premiers signes de fragilité sociale. Cependant, le curatif reste indispensable pour réparer les traumatismes déjà subis. Ces deux approches doivent avancer main dans la main », poursuit-elle.
Si Arianne Navarre-Marie connaît les défis de son portefeuille, elle ne cache pas son amertume face à l’état actuel du ministère. « Quand je l’ai quitté en 2005, nous avions posé des bases solides. Aujourd’hui, ce ministère est au plus bas. Pire, il est souvent associé à de mauvaises raisons. Certaines personnes au sein des équipes ministérielles font bien leur travail, mais d’autres traînent la patte. Cela ne peut pas continuer », déplore-t-elle.
La solution ? « Une formation tous azimuts. Il faut s’assurer que chaque employé comprenne l’importance de son rôle et soit outillé pour l’exercer correctement. Nous devons redorer l’image de ce ministère. Je suis convaincue que nous y arriverons, mais cela demandera une refonte des pratiques internes », annonce-t-elle.
Au-delà de son mandat, elle dit rester fidèle à ses engagements politiques. « La politique, c’est un engagement de tous les instants. J’ai toujours mis la même énergie dans mes actions, que ce soit pour mon ministère ou pour mon parti. Je me suis toujours battue pour mes convictions. Ce mandat ne fera pas exception », conclut-elle.
Reza Uteem, ministre du Travail : «Entre défis ministériels et douleurs personnelles»
C’est un baptême du feu pour Reza Uteem. À 53 ans, le ministre du Travail, fraîchement nommé, navigue dans un contexte bouillonnant, entre crises sociales et responsabilités personnelles. « Dès ma prise de fonction, le ministère s’est retrouvé sous les projecteurs. D’abord, avec l’accident tragique survenu à Grand-Baie La Croisette, puis avec des dossiers brûlants comme la relativité salariale, la compensation des salaires, le 14e mois et la gestion des travailleurs étrangers », confie-t-il.
Le tableau n’est pas plus simple dans les coulisses du ministère. « Il y a aussi tous ces conflits de travail. Les employés qui rencontrent des différends font appel directement au ministre. C’est un ministère exigeant, qui demande du temps pour se familiariser avec les multiples départements », explique Reza Uteem.
Pourtant, au milieu de cette effervescence, il vit un moment personnel difficile. « Sur le plan familial, c’est une période douloureuse. Mon beau-père est décédé récemment, à l’âge de 88 ans. Cela a été un moment pénible pour toute la famille », précise notre intervenant avec émotion.
« J’espère pouvoir passer un maximum de temps avec mes proches dans cette épreuve », souligne-t-il. Père de cinq enfants, Reza Uteem ne cache pas sa fierté pour sa progéniture. « J’ai trois filles et deux garçons. Les deux aînées poursuivent leurs études en Angleterre », confie-t-il. Un équilibre familial qu’il tente de préserver malgré un agenda surchargé. Depuis la semaine dernière, il a lancé une initiative pour renforcer le lien avec ses mandants. « J’ai commencé à recevoir les citoyens chaque mercredi. J’ai déjà tenu deux sessions, et c’est une expérience enrichissante, mais également très prenante », dit-il.
Reza Uteem s’inscrit dans une lignée politique qui le place au cœur des débats majeurs du pays. Conscient des attentes, il s’efforce de trouver un équilibre entre ses responsabilités publiques et sa vie privée. « Ce ministère est difficile, mais je m’y consacre pleinement, car les enjeux sociaux sont immenses. Les travailleurs attendent des réponses concrètes, et je veux être à la hauteur de leur confiance », fait-il comprendre.
Ritesh Ramful, le ministre des Affaires étrangères : «Une mission 24/7»
À 48 ans, Ritesh Ramful, tout juste nommé ministre des Affaires étrangères, explique que depuis la fin de la campagne électorale, le rythme est resté effréné. « Je n’ai pas eu de repos depuis les élections. Il y a énormément de dossiers prioritaires au sein du ministère. Tout d’abord, il a fallu prendre le temps de s’adapter aux nouvelles responsabilités », confie-t-il.
Si la période est festive pour beaucoup, pour le ministre, le travail continue. « Les attentes sont immenses et nous devons être à la hauteur. C’est une fonction que je prends avec le plus grand sérieux et un profond sens des responsabilités », souligne-t-il. Parmi les chantiers qui occupent ses journées et souvent ses nuits, le développement des relations stratégiques avec le continent africain arrive en tête. « Notre priorité est de concevoir et de mettre en œuvre une stratégie ambitieuse pour l’Afrique. L’objectif est de renforcer les investissements et de positionner Maurice comme une plaque tournante régionale », annonce notre intervenant.
Cette vision repose sur des partenariats solides et une diplomatie proactive, où chaque déplacement, chaque rencontre, est minutieusement préparé. « La concurrence est forte, mais Maurice a des atouts uniques à faire valoir », indique-t-il.
Certes, Ritesh Ramful aborde son mandat avec énergie, mais il reconnaît que l’équilibre entre vie publique et vie privée n’est pas évident. « Après un mois intense de campagne, on espérait tous un peu de répit. Cependant, ce n’est pas le cas. Les journées se terminent très tard, et il y a souvent des fonctions officielles le soir. C’est une vie que nous avons choisie en intégrant la politique, et il faut l’assumer. C’est un engagement permanent, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », ajoute le quadragénaire.
Marié et père de deux enfants de 18 et 16 ans, Ritesh Ramful confie qu’il reste attentif à préserver des moments pour sa famille. « Ce n’est pas toujours facile, mais je m’efforce de maintenir un équilibre », dit-il. Au-delà des dossiers internationaux, il insiste sur l’importance de rester à l’écoute des mandants. « Il ne faut jamais oublier ceux qui nous ont élus. Être ministre, ce n’est pas seulement gérer des affaires d’État, c’est aussi répondre aux besoins et aux attentes des citoyens. Même avec un agenda chargé, il faut trouver du temps pour écouter et comprendre les préoccupations locales », indique-t-il.
À l’aube de ce mandat, Ritesh Ramful se montre optimiste, malgré l’ampleur de la tâche. « Nous avons les moyens de faire de Maurice un acteur clé sur la scène internationale, mais cela demande du travail, de la vision et de la cohésion. Chaque jour apporte son lot de nouvelles responsabilités, mais je suis convaincu que, collectivement, nous pouvons réussir à écrire un nouveau chapitre pour notre pays », conclut-il.
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