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Dépénalisation du gandia: les avis divergent

Les rastas lors de leur comparution en Cour ce samedi.
Des rastas ont manifesté, vendredi à Port-Louis, pour réclamer la dépénalisation du gandia. La police est intervenue et a procédé à plusieurs interpellations. La question fait débat et les avis divergent.

Jack Bizlall: «Je suis pour»

« Je milite pour la dépénalisation des drogues et pour la légalisation de la consommation du cannabis depuis quelques années déjà. Lorsqu’on parle de dépénalisation, on parle de la liberté de l’individu. Après la mort du chanteur Kaya, j’ai personnellement fait un pas en créant, avec quelques amis, l’organisation Cannabis Legalisation and Informative Movement. Notre objectif est de confronter l’opinion publique et faire accepter un débat ouvert et sans préjugé sur la légalisation du cannabis. Et faire comprendre aux consommateurs de cannabis qu’ils doivent s’organiser. Nous voulons faire comprendre qu’on a tort de faire un amalgame entre drogues nuisibles sur le plan physiologique et celles qui ne le sont pas. Plusieurs organisations ont modifié leurs positions. C’est donc un combat remporté à moitié. Il faut absolument faire de sorte qu’une campagne soit initiée sur la nature du cannabis et conscientiser les consommateurs sur les avantages comme sur les dangers », propose le militant de gauche.

Rama Valayden: «Adopter une Harm Reduction Strategy»

« D’abord, la dépénalisation évitera d’envoyer le consommateur en prison. Depuis 1996, j’ai milité pour que le gandia soit dépénalisé et nous avions même fait une grande manifestation sur le sujet en février 1999, qui s’est soldée par le décès en cellule policière de Kaya et par l’arrestation de 17 personnes. Durant cette période, 72 % des détenus étaient incarcérés pour des délits liés à la drogue et 50 %  au gandia. Donc, j’ai compris qu’une Harm Reduction Strategy était une façon pour réduire ces taux. L’an dernier, le chef juge des Seychelles a déclaré que le Drug Policy a été un échec et aujourd’hui, on note que les Seychelles ont adopté une tolérance vis-à-vis des consommateurs du gandia. L’île-soeur adopte la même pratique. Malgré toutes les représailles et l’arsenal mis sur pied à Maurice, le problème de la drogue n’a pas été résolu. Bien au contraire, la drogue chimique rend plus violent », affirme l’avocat et ancien Attorney General.

Imran Dhunoo: «Le pays pas encore prêt»

« Je suis pour la décriminalisation du gandia, mais le pays n’est pas encore prêt. Pour preuve, le programme d’échanges de seringues a pris neuf ans pour être accepté », déclare Imran Dhunnoo, directeur du centre Idrice Goomany.

Ally Lazer: «Dangereux, mais...»

« De grands experts dans le domaine de la santé ont entrepris des recherches sur le gandia et ont découvert des éléments très dangereux dans sa composition. Ces composants se nourrissent de la graisse humaine, ce qui fait que le cerveau est affecté. Les experts de l’OMS et  ceux de la commission de l’Organisation des Nations unies sur la drogue catégorisent le gandia comme une drogue ayant des conséquences négatives sur la perception, la vision et les réflexes du consommateur. Je suis donc contre la dépénalisation du gandia. Me selman mo pa aksepte ki bann fimer gandia zot plass bizin dan prizon. Bizin avoy zot dan enn sant tretman ek donn zot enn soutien sykolozic », soutient le travailleur social.

Ram Seegobin: «Des vertus médicinales»

« La découverte de certaines vertus médicinales du cannabis est très récente, notamment pour les patients souffrant du cancer et des nerfs. Il existe une certaine discrimination envers le consommateur de gandia par rapport à ceux qui prennent des substances plus nocives pour la santé, notamment l’alcool et le tabac. Il faut savoir qu’en 1922, la consommation du gandia à Maurice était légale. Il y avait même des petites boutiques connues sous le nom de Gandia ke Dukun et qui détenaient des permis pour un tel commerce. Il faut aussi savoir que dans certaines cultures, le gandia est utilisé pour des rituels. Plusieurs pays ont revu leur attitude vis-à-vis de la consommation du gandia et se montrent plus tolérants  envers le consommateur », avance le Dr Ram Seegobin, de Lalit.

Liberté conditionnelle à huit des 11 manifestants pro-cannabis

Huit des 11 manifestants, arrêtés vendredi après-midi, à la suite d’un rassemblement au Jardin de la Compagnie, ont été présentés, samedi, devant la Bail & Remand Court, à la New Court House. Ces manifestants, arrêtés devant les Casernes centrales, ont été inculpés à titre provisoire de « obstructing public road » et « prejudicial to public safety and public order ». Trois d’entre eux devraient fournir chacun une caution de Rs 5 000 et signer un engagement de dette de Rs 30 000. Les autres devront s’acquitter d’une caution de Rs 6 000 et signer un engagement de dette de Rs 50 000 pour bénéficier de la liberté conditionnelle. Ils devraient régler le montant de leurs cautions ce lundi. Par ailleurs, les trois manifestants arrêtés par la police au Jardin de la Compagnie pour possession de cannabis seront présentés devant la justice, lundi, pour leur mise en accusation provisoire.

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