Dans les étincelles de son métier de soudeur, Denis Antoine forge un lien profond entre l’industrie et la nature. Dans le calme de son atelier, il transforme des débris métalliques en sculptures vivantes qui captivent à la fois l’œil et l’âme.
Publicité
«Changer le monde ». « L’arbre de vie ». « Aret detrir ». « L’éclosion »… La beauté brute de la nature l’inspire. Cette poésie naturelle imprègne ses sculptures, aiguisant sa créativité, l’affinant. La nourrissant. Denis Antoine vient récemment d’exposer une collection d’une quinzaine d’œuvres à Lakaz Flanbwayan, Bambous, dans le cadre d’une exposition solo.
Entre ses doigts agiles, guidés par son imagination fertile, le métal s’anime, se métamorphose. Les sculptures en métal de ce soudeur âgé de 40 ans sont d’une beauté unique en leur genre, racontant chacune une histoire. Celle d’un « zanfan mizer » qui a su trouver dans l’art, et dans la nature, force, foi, et résilience.
Abandonné par sa mère à l’âge de six mois, Denis Antoine grandit avec sa grand-mère Marie-Lourdes à Dubreuil. Son enfance est marquée par la misère. Il quitte l’école après le Certificate of Primary Education et enchaîne les petits boulots. Il travaille comme maçon, coupeur de canne, boulanger, pâtissier, ouvrier, vendeur en magasin… À l’âge de 22 ans, il devient soudeur. Un métier qu’il exerce aujourd’hui encore, dans une usine à Port-Louis.
De sa grand-mère, il tient la pugnacité, cette farouche volonté de ne jamais baisser les bras. D’ailleurs, il ne cache pas qu’il lui est très reconnaissant de s’être occupé de lui et de ses sœurs après l’abandon de leur mère. Avec nostalgie, Denis Antoine raconte que sa grand-mère, qui était âgée, faisant la plonge nuit et jour dans un restaurant pour subvenir aux besoins de ses petits-enfants. « Ma grand-mère a façonné l’homme que je suis devenu, et je lui en serai éternellement reconnaissant », confie-t-il avec émotion.
Il y a quatre ans, Denis Antoine, qui est domicilié à Saint-Paul, se découvre une nouvelle passion : la création de sculptures en métal récupéré. En effet, sa fascination pour la sculpture métallique se développe pendant le confinement de 2020 lié à la pandémie de COVID-19. En autodidacte, il perfectionne ses techniques à partir de vidéos en ligne, intégrant son expérience de soudeur pour créer des œuvres uniques qui le distinguent dans l’océan Indien.
C’est vers 17 heures, lorsqu’il termine son travail, qu’il se rend à moto à son atelier à Bambous, qu’il partage avec un ami. « C’est là-bas que je transforme le métal récupéré en œuvres d’art, insufflant mes émotions dans chaque pièce », révèle ce passionné de musique et de courses de moto.
Quelles techniques artistiques privilégie-t-il ? Denis Antoine répond avec humour : « Je déforme le métal, je le tourne, je le découpe, je le soude et je crée mes œuvres. » Pour créer, il n’utilise qu’un « grinder », de la soudure et une perceuse. La modestie de ses outils contraste incontestablement avec la complexité et la minutie trouvées dans ses créations.
Inspiré par la beauté brute de la nature, cet amateur de pêche façonne des œuvres qui captent l’essence des formes organiques. D’ailleurs dans son atelier, chaque pièce mêle habilement technicité industrielle et poésie naturelle. Il raconte que pour la collection présentée à Lakaz Flanbwayan, il a transformé un amas de métal qu’il a récupéré en une quinzaine de sculptures. « J’ai tout exposé. » Lors de son exposition, nous avons eu un véritable coup de cœur pour l’œuvre intitulée « Rhinoceros ».
Pour l’artiste, chaque morceau de métal est un chapitre de son voyage artistique où créativité et environnement se rencontrent harmonieusement. Denis Antoine réalise son rêve de devenir artiste malgré les doutes de son entourage. Aujourd’hui, son ambition est de vivre de son art et de partager ses connaissances en créant une école de sculpture métallique.
Ainsi, malgré les défis rencontrés lors de ses débuts en tant qu’artiste, il attribue à la persévérance et à la détermination, le mérite d’avoir donné un nouveau sens à sa vie. « Pendant six ans, j’ai connu des moments difficiles. Pour m’en sortir, je ne pouvais compter que sur moi-même. Mon amour pour l’art m’a sauvé et je suis content de ce nouveau départ. »
Le contacter
Pour découvrir ses œuvres ou lui offrir du métal inutilisé qui traîne chez vous et qu’il sera ravi de récupérer, contactez-le sur sa page Facebook ou Instagram : Denis Antoine.
GALERIE ÉPHÉMÈRE
Éclats de magie
L’artiste autodidacte Denis Antoine transforme le métal brut en œuvres d’art singulières. Empreintes de son parcours personnel, ses créations invitent à un dialogue entre la dureté du métal et la fluidité de l’art. Découvrez à travers notre galerie éphémère son monde artistique.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !