Que dire de l’éjection, aussi surprenante qu’imprévue, de Megh Pillay de son poste de Chief Executive Officer (CEO) d’Air Mauritius ? Alors que la compagnie nationale d’aviation reprend de la hauteur après bien des années de turbulences, une petite clique de nominés politiques a décidé de couper les ailes au CEO en plein vol.
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Après que celui-ci a fait à peine huit mois au Paille-en-Queue Court, le conseil d’administration a décidé, en toute urgence, de le débarquer. C’est avec à peine le minimum légal de membres présents pour pouvoir tenir une réunion du conseil d’administration que la décision a été prise.
Peut-être trop à cheval sur les principes de bonne gouvernance, le gestionnaire Pillay, qui a un track record connu et reconnu partout où il est passé, était devenu trop gênant. C’est du moins la perception qui se dégage.
Au centre de cette éviction, l’on retrouve un certain Mike Seetaramadoo. Lui aussi homme au track record exceptionnel. Épinglé dans un rapport d’audit, il a été viré dans les règles par Air Mauritius, pour ensuite faire son come-back comme consultant dans la même compagnie en 2009, avant d’être une nouvelle fois poussé vers la sortie, trois ans plus tard.
Quoiqu’il en soit, en janvier 2016, il devient Executive Vice-President d’Air Mauritius, pour être muté au département Commercial & Cargo six mois plus tard, alors qu’il ne figurait même pas sur la liste des 20 candidats retenus lors de l’appel à candidatures pour ce poste. L’entêtement de Megh Pillay à maintenir un comité disciplinaire contre ce dernier aura été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Au-delà de cette affaire, il y a l’avenir d’Air Mauritius. Porte-drapeau du savoir-faire mauricien, la compagnie, déjà bien secouée par les ingérences politiques, est loin de pouvoir se permettre d’agir en tout amateurisme.
Si elle a repris de la hauteur ces derniers temps, elle ne fait que voler au-dessus de nuages noirs. La politique d’ouverture du gouvernement remplit le ciel mauricien d’un nombre toujours croissant de compagnies aériennes et certaines d’entre elles font une concurrence directe à Air Mauritius, avec de meilleurs prix et parfois avec un meilleur service.
Devant les prédateurs du ciel, Air Mauritius devra manoeuvrer habilement pour ne pas laisser de plumes. On est dans une situation où un petit rien peut la propulser une nouvelle fois dans une zone de turbulences.
Avec près de dix CEO en 15 ans, on ne peut dire que tout a été fait par les gouvernements successifs pour assurer la stabilité de la compagnie d’aviation nationale. Le seul moyen d’assurer sa pérennité dans le contexte actuel est de laisser son commandement entre les mains de personnes compétentes et totalement apolitiques. Sans cela, il ne faudra pas s’étonner qu’un beau jour, notre porte-drapeau change de propriétaire et de nationalité. Qui en portera alors le blâme ?
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