Nombreux sont les parents qui se plaignent de devoir se rendre dans plusieurs pharmacies à la recherche de médicaments. En particulier, ceux contre la grippe destinés aux enfants. Des pharmaciens et grossistes ne cachent pas qu’il y a rupture de stock, mais qui ne sera pas de longue durée avec des cargaisons qui arrivent au fur et à mesure.
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Les médicaments pédiatriques se font rares sur les étagères des pharmacies ces derniers temps. Des parents déplorent que des médicaments sont introuvables. Certains doivent faire la tournée de plusieurs officines avant d’en trouver. Cependant, des fois ils retournent bredouilles à la maison ou doivent en acheter d’autres de substitution de peur de voir leurs enfants souffrir s’ils n’ont pas les médicaments nécessaires.
Le Défi Quotidien a enquêté auprès des acteurs concernés. Il se trouve qu’effectivement des médicaments sont en rupture de stock. Siddique Khodabocus, président de l’Union des Pharmaciens et aussi à la tête de l’association des petits et moyens importateurs de produits pharmaceutiques, confirme que des médicaments essentiels, surtout pour les enfants, sont en rupture. « Il s’agit de sirops contre la toux, de sirops à base de paracétamol, des antibiotiques et des suppositoires entre autres », affirme l’intervenant.
Arshad Saroar, pharmacien et propriétaire de la pharmacie du Centre, précise que la liste des médicaments pour enfants qui se font rares est longue. « On compte au moins une cinquantaine de médicaments. Par exemple, des antibiotiques pour enfants sont en rupture, car plusieurs médecins ont prescrit des antibiotiques même si la COVID-19 est virale. La COVID-19 affecte les bronches des enfants et nécessite un traitement aux antibiotiques », souligne-t-il.
D’autres médicaments, comme les suppositoires pour enfants, des sirops contre la fièvre, les maux de gorge et la toux ne sont pas disponibles. Zaheed Jhummun, pharmacien et gérant de l’officine Pyramid Pharmacare, rejoint les propos de ses confrères. « Ce sont surtout les médicaments contre la grippe pour enfants qui se vendent rapidement avec la pandémie de COVID-19. Les suppositoires (Diclowal) n’étaient pas disponibles sur le marché pendant au moins trois semaines. Tout comme les sirops (Doliprane et Efferalgan, entre autres) », indique le pharmacien, ajoutant néanmoins que la demande commence à baisser.
Substituts
Les intervenants précisent néanmoins que certains médicaments ont d’autres substituts ou génériques. « Il y a plusieurs alternatives. Par exemple, on dispose de plusieurs sirops à base de paracétamol. Si une marque n’est pas disponible, le client peut toujours s’en procurer un d’une autre marque. Il y a certains qui n’ont pas de substituts. Comme le suppositoire Vogalène contre le vomissement ou encore le sirop Maxilase indiqué en cas de maux de gorge », disent-ils.
Selon une pharmacienne qui a souhaité garder l’anonymat, nombreux sont les médicaments qui ont un substitut. « De ce fait, il n’y a pas de gros problème quand les médicaments de marque ne sont pas disponibles. Cependant, certains clients préfèrent avoir leurs médicaments habituels au lieu de prendre une alternative qui est tout aussi efficace », dit-elle.
Les raisons de la rupture de stock
Un autre importateur ajoute que la situation est dynamique. « La rupture n’est que de courte durée, car Maurice étant un petit marché, nous recevons certains médicaments en petite quantité », soutient-il. Arshad Saroar et Zaheed Jhummun expliquent tous deux que les grossistes font de leur mieux pour que les officines puissent refaire leurs stocks. D’ailleurs, les cargaisons arrivent au fur et à mesure. Une est arrivée hier, une autre est attendue ce mardi et une autre en fin de semaine.
« En principe, les grossistes font un forecast avant de passer leurs commandes. Ils ne s’attendaient pas que la demande pour ces produits soit à la hausse ou que ces médicaments se vendraient comme des petits pains. Cependant, ils font tout leur possible pour pallier ce manque et s’assurer que les médicaments arrivent au plus vite dans le pays », déclare Arshad Saroar. Dans certains cas, il y a également les matières premières qui se font rares et qui retardent la production.
Le propriétaire de la pharmacie du Centre avance que cela prend deux à quatre jours pour faire venir les médicaments par voie aérienne, mais en raison du coût élevé du fret, ils seront plus chers. Néanmoins, si c’est par bateau, cela peut prendre au minimum deux semaines. Toutefois, les médicaments seront vendus à des prix plus abordables.
La liste de quelques médicaments pédiatriques indisponibles :
- Medflu
- Doliprane (sirop et suppositoire)
- Maxilase (sirop et comprimé)
- Zithromax (sirop)
- Azithrine (sirop)
- Celestene (sirop)
- Nurofen (sirop)
- Augmentin (sirop)
- Piriton (sirop)
- ZymaD (sirop)
- Olbas Oil
- Efferalgan (sirop)
Des médicaments pour adultes aussi concernés
Selon différents pharmaciens, certains médicaments ne sont pas disponibles régulièrement sur le marché. Cela concerne des produits pour le traitement contre les symptômes de grippe (maux de gorge, toux, fièvre). Certains antibiotiques ne sont pas souvent sur les étagères non plus ou encore des médicaments pour les brûlures d’estomac, entre autres.
Parmi les médicaments qui sont en manque de façon sporadique, il y a des antigrippaux (Novagesic, Coldagesic, Benylin) ou encore certains paracétamol (Doliprane et Efferalgan), des anti-douleurs sous forme de suppositoire (Voltarène).
Des médicaments contre les maux de gorge comme le Dyflam (spray et losanges), Angi-Spray, ne sont pas disponibles de temps en temps. Ajouté à cela, il y a le Gaviscon et le Gastrogel pour traiter les brûlures d’estomac qui étaient aussi en rupture de stock, mais qui ont refait leur apparition.
Les gouttes pour les narines sont rares également (Otrivin et Aturgyl). Pour cela, des substituts sont aussi disponibles. À noter que certains médicaments contre l’hypertension et le diabète ou encore des vitamines, des ampoules buvables sont également introuvables dans certaines officines de l’île.
Siddique Khodabocus : « Il faut promouvoir l’importation parallèle »
Pour le président de l’Union des Pharmaciens et de l’association des Petits et Moyens Importateurs de Produits Pharmaceutiques, il faut encourager la « parallel import ». « En ce moment, des petits et moyens importateurs n’arrivent pas à importer. Cela exacerbe le manque de médicaments sur le marché. La Competition Commission le préconise pour un meilleur contrôle des prix. Or, on tarde à avoir les permis nécessaires pour faire venir des médicaments. Ce qui est au détriment des patients », insiste Siddique Khodabocus. Il lance un appel aux autorités pour prendre cette doléance en ligne de compte.
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