Premier long-métrage de fiction 100 % mauricien de Jon Rabaud, « The Blue Penny » a su conquérir le public mauricien depuis sa sortie dans les salles MCine le 23 mars dernier. De semaine en semaine, le public afflue.
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Une « révolution » dans le paysage du cinéma mauricien. C’est ainsi que ceux qui ont vu The Blue Penny dans les salles MCine décrivent la production du Mauricien Jon Rabaud. Et Meghna Raghoobar, fidèle supportrice des talents locaux, ne dira certainement pas le contraire.
Elle explique être allée voir le film sans savoir que c’était un thriller. « J’y suis allée parce que c’est un film mauricien avec de bonnes critiques », partage-t-elle. Son verdict ? Conquise, Meghna Raghoobar parle de The Blue Penny comme étant « de loin le meilleur film mauricien » qu’elle ait regardé.
« C’est un 4,5 sur 5 pour moi. L’approche cinématographique est remarquable et a une bonne fluidité. Le scénario est bien écrit avec une bonne rétrospection. C’était étonnant d’assister à une rétrospection dans une autre rétrospection. En sus, les artistes sont talentueux et l’approche dramatique bien représentée », s’enthousiasme-t-elle.
La trentenaire encourage chaque Mauricien à se rendre en salle pour profiter de ce « chef-d’œuvre ». Et puis, affirme-t-elle, « soutenir le cinéma local, c’est soutenir nos artistes. Et avec The Blue Penny, la cinématographie a atteint un autre palier ».
Meghna Raghoobar va même plus loin : « Je vois des pistes de développement économique pour le pays. Nous devons encourager davantage le cinéma mauricien au niveau politique afin de l’amener à un niveau international pour le développement économique et touristique de l’île. Nous devons faire connaître l’île Maurice par ce biais. »
Sentiment partagé par Mikaël Gujadhur, 35 ans, de Trou-d’Eau-Douce. S’il confie avoir franchi les portes de la salle de cinéma avec quelques a priori, il en est ressorti « convaincu » du talent et du potentiel du cinéma mauricien. « Je suis d’avis que c’est une œuvre locale unique en son genre », s’enflamme-t-il.
La qualité du film, la constance de l’intrigue sont quelques-uns des points forts qu’il souligne. « Mon ami et moi avions la tête toute retournée avec cette œuvre qui est digne d’une Agatha Christie ! Pour couronner le tout : des acteurs de renom connus pour leur expérience du théâtre. Et une mise en scène tantôt réaliste tantôt surprenante. Un vrai chef-d’œuvre ! »
Depuis, Mikaël Gujadhur n’a de cesse de recommander The Blue Penny. « C’est un ‘must watch’. Nous devons soutenir les productions locales et contribuer à leur succès. Nou pei nou fierte ! »
Delphine Desvaux de Marigny, 52 ans, de Vacoas, est également conquise. Elle recommande vivement ce film qui « envoie du lourd ». Pour elle, The Blue Penny représente une « percée » dans le paysage cinématographique mauricien.
« On y retrouve des normes mauriciennes bien à nous, représentatives de notre société. En général, c’est un film bien construit, réalisé de manière remarquable grâce à une équipe de production talentueuse. La structure narrative autour de l’intrigue est magnifique avec des rebondissements qui n’en finissent pas. Jusqu’à l’apothéose, le spectateur est tenu en haleine », explique-t-elle.
La Vacoassienne confie aussi avoir été surprise de retrouver de la musique dans un thriller. « C’est une réelle valeur ajoutée qui contribue à augmenter la tension en plongeant le spectateur dans une ambiance mystérieuse. Même en quittant la salle, on se dit qu’une histoire macabre et saugrenue surgira de l’arrière-plan », ajoute-t-elle.
N’empêche, l’œil aiguisé de Delphine Desvaux de Marigny a également détecté quelques points faibles. « Parfois, certains acteurs en font un peu trop, en particulier les parents. Le manque de naturel nous rappelle que ce sont des acteurs habitués au théâtre. Malheureusement, ce défaut apparaît et réapparaît », regrette-t-elle.
Cependant, elle considère que la réalisation est excellente. « The Blue Penny est un film à voir et à faire voir, même aux plus jeunes. Je pense que ce film met en lumière les jeunes talents du pays et témoigne du savoir-faire mauricien. À ce stade, l’industrie du cinéma mauricien est un diamant brut, une partie inexploitée de l’éducation mauricienne qui doit être encouragée davantage, car il y a un véritable potentiel. C’est une opportunité pour les jeunes », estime-t-elle.
Ben Buchoo abonde dans le même sens. « Trop longtemps, on a eu des préjugés sur ce qui était possible d’accomplir ici et ce film prouve le savoir-faire mauricien à tous les niveaux. Je pense qu’il peut ouvrir une nouvelle ère dans la production locale », martèle-t-il.
Cinéphile depuis son plus jeune âge et fan inconditionnel des romans policiers d’Agatha Christie ainsi que des « whodunnit », le Curepipien âgé de 38 ans a été époustouflé par The Blue Penny. Pour lui, ce premier long-métrage de Jon Rabaud est une réussite à tous les niveaux.
« L’intrigue, l’atmosphère et les lieux du film sont juste parfaits. Tout comme le film coréen Parasite, on assiste à l’effondrement d’une famille et aux sombres secrets qui l’entourent. C’est l’un de ces films qui vous captivent dès les premières minutes et le temps passe à toute vitesse. C’est impressionnant de voir certains visages familiers jouer des rôles à contre-emploi », avance Ben Buchoo.
Il salue le jeu des jeunes acteurs. « On a rarement vu la jeunesse mauricienne aussi bien représentée et décrite avec autant de justesse. » Sur le plan technique, rien n’est laissé au hasard. « Il n’y a rien à redire : plans de caméra, photographie, musique, effets spéciaux et effets sonores... Tout est excellent. Certaines séquences donnent froid dans le dos ! »
Ben Buchoo est catégorique : « The Blue Penny est une victoire pour l’équipe derrière et une fierté pour le pays. »
Renouvelé pour une troisième semaine
L’engouement pour The Blue Penny ne faiblit pas. En témoigne son renouvellement, pour la troisième semaine, avec deux séances par jour dans toutes les salles MCine.
Rajesh Callicharan, directeur de MCine et Mont Ida Films, parle d’un succès sans précédent pour une production locale. « Cela fait longtemps qu’un film local n’a pas connu autant de succès, comparable à celui des films produits à l’étranger. Pour vous donner une idée, le taux de fréquentation atteint presque celui du film John Wick », souligne-t-il.
Selon Rajesh Callicharan, The Blue Penny est un film très apprécié par les Mauriciens, qui « transcende les barrières du marché de niche que l’on observe habituellement pour les productions locales ». Il fait ressortir qu’habituellement, les films locaux sont à l’affiche pour une durée d’une semaine. « Mais The Blue Penny en est à sa troisième semaine d’exploitation. Et vu l’engouement, nous n’hésiterons pas à renouveler les séances pour une quatrième semaine », assure-t-il.
Le synopsis
Harry Théodore (Robert Furlong) est un riche homme d’affaires à qui tout réussit. Marié et père de trois enfants, il célèbre le mariage civil de sa fille cadette Marie, jouée par Rachel de Spéville. Père et fille étant passionnés par la collection de timbres, Harry offre à Marie un Blue Penny en guise de cadeau de mariage. C’est un timbre mauricien du 19e siècle très rare et très convoité. L’événement prend une tournure inattendue lorsque Edward (Guillaume Silavant), le fils aîné, débarque avec Anna (Vinaya Sungkur), sa nouvelle petite amie. Celle-ci est l’ancienne maîtresse de Harry. Lors de cette soirée, rancœurs familiales et secrets inavouables bousculent les protagonistes. Et, dans l’ombre, une terrible vengeance se prépare.
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