Cruauté animale : environ 50 plaintes recensées depuis début 2023

Récemment, un chiot a été écrasé à deux reprises par une voiture dans le nord de l’île. Le conducteur a été arrêté, inculpé et libéré sous caution. Comment stopper la cruauté envers les animaux ? Que dit la loi ? Priscilla Sadien a sollicité Julien Georges, directeur de la Mauritius Society for Animal Welfare.

Quel est le rôle de la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) ?
Le rôle de la MSAW est bien défini par la loi. Nous opérons dans un cadre légal établi par l’Animal Welfare Act, qui régit notamment la cruauté envers les animaux. La mission de la MSAW est de veiller au bien-être des animaux et de prendre en charge les chiens errants et les chats.

Quels sont les principaux services offerts ?
La MSAW a mis en place un service d’adoption pour les chiots et les chiens adultes. Elle offre également des services de stérilisation, de contrôle canin, y compris le ramassage dans certains cas, et le « Catch and Neuter Release ». La MSAW propose également un service d’incinération et assure l’enregistrement des animaux.

Combien de cas de cruauté envers les animaux sont enregistrés ?
Les chiffres de cas de maltraitance animale varient, mais la MSAW a de nouveau obtenu le pouvoir d’officier autorisé sous l’article 4 de l’Animal Welfare Act. En moyenne, environ 20 cas sont signalés chaque mois et nécessitent d’être référés à la police. La MSAW s’occupe également de la récupération et de la garde de chiens dans certains cas. 

Depuis 2021, la MSAW a pris en charge les cas de maltraitance auparavant traités par l’Animal Welfare Unit. Depuis janvier 2023, la MSAW a enregistré environ une cinquantaine de cas, dont une vingtaine ont été signalés à la police. La plupart des cas concernent les chiens. 

Basé sur les chiffres et les cas, les chiens sont les animaux les plus concernés par la maltraitance, étant donné qu’ils sont les plus présents dans la société mauricienne.

Quelles sont les formes de maltraitance ?
Il y a une pratique courante adoptée par les Mauriciens qui consiste à placer leurs chiens sur le toit de leur maison sans abri ni niche, même pendant la période cyclonique. La MSAW intervient souvent dans ce genre de cas. Dans le passé, il y a eu un cas où un maître a pendu son chien qui allait mettre bas, un autre en début d’année où un passant a poignardé un chien, et plus récemment, un conducteur a roulé volontairement sur un chien. Ces actes sont intolérables. Il est également important de souligner que les propriétaires doivent être responsables pour protéger leurs animaux. 

Avec les nouvelles dispositions légales, quels sont les pouvoirs de la MSAW ?
Dans le passé, les officiers de la MSAW n’avaient pas le pouvoir d’inspecter les espaces dédiés aux animaux. Cependant, grâce à l’amendement à l’article 4 de l’Animal Welfare Act, ils peuvent désormais vérifier les conditions dans lesquelles un animal vit. 

Si un chien est considéré comme étant maltraité, une « Notice to comply » sera émise à l’encontre du propriétaire, qui devra faire les changements nécessaires pour que l’animal puisse évoluer dans un bon environnement. Par exemple, si un animal est placé sur le toit, le propriétaire devra clôturer l’espace ou relocaliser l’animal. Au cas contraire, l’officier de la MSAW pourra saisir le chien s’il l’estime nécessaire.

Que risque une personne qui maltraite un animal ?
Depuis l’amendement à la loi, toutes les peines ont été revues à la hausse en cas de maltraitance animale. Si une personne est reconnue coupable d’actes de cruauté envers les animaux, elle peut encourir une amende pouvant atteindre Rs 500 000 et une peine d’emprisonnement ne dépassant pas 10 ans. Dans le passé, les peines étaient moins sévères, avec une amende maximale de Rs 15 000 et une peine d’emprisonnement de 6 mois. 

Si une personne est témoin d’un acte de cruauté envers un animal, elle peut se tourner vers la MSAW en utilisant son site web ou en contactant la police ou la hotline de la MSAW au 55091622.

Quid de la stérilisation ?
La MSAW a mis en place un nouveau système de « voucher » permettant aux propriétaires de chiens de les faire stériliser gratuitement. Le propriétaire doit contacter la MSAW, qui lui remettra un « voucher » dans les 48 heures. Le propriétaire peut alors se rendre chez un vétérinaire privé, et la MSAW prendra en charge les frais. 

Cette initiative représente une avancée significative pour la MSAW, car elle favorise la collaboration entre le secteur privé et le secteur public. Au cours des six derniers mois, plus de 2 500 chiens ont été stérilisés grâce à ce système. 

Nous appelons également les propriétaires à prendre leurs responsabilités. Car bien que 5 000 « vouchers » aient été délivrés, seuls 2 500 propriétaires ont fait stériliser leur animal chez un vétérinaire.

Parlez-nous du « Catch and Neuter Release ».
Ce programme a été couronné de succès aux Pays-Bas et en Inde par exemple, et la loi a été amendée à Maurice pour permettre sa mise en œuvre. Le projet consiste à capturer des chiens errants, à les stériliser, puis à les remettre dans leur environnement. Cette initiative permettra de résoudre le problème de la prolifération des chiens errants. 

Après la stérilisation, tous les chiens ne seront pas relâchés : certains, en raison de leur état de santé ou de leur comportement, seront pris en charge par la MSAW ou placés en adoption. Les chiens seront également équipés d’une micropuce pour permettre leur géolocalisation, ainsi que d’une marque à l’oreille pour faciliter leur identification.

Combien de chiens errants y a-t-il à Maurice ? 
Le dernier rapport sur les chiens errants a été publié en 2013. L’année dernière, le ministère de l’Agro-industrie a publié un Master Plan qui a été approuvé par le Conseil des ministres. Le programme repose sur quatre piliers, notamment un recensement qui permettra de déterminer le nombre de chiens errants. 

En 2013, ce nombre était estimé à 75 000. Cependant, il convient de souligner que ce chiffre inclut des chiens errants depuis leur naissance, ainsi que des cas où les propriétaires laissent leurs chiens errer dans les rues ou les abandonnent, ce qui est également punissable par la loi. D’autres facteurs contribuent également au nombre de chiens errants, tels que les chiens égarés en période de fin d’année ou de cyclones.