- Manque à gagner de Rs 3 Md à Rs 4 Md sans compter les dégâts matériels
Le passage du cyclone Belal, en début de semaine, n'a pas seulement causé des dommages matériels et des destructions d'infrastructures, mais a aussi entraîné des pertes économiques considérables pour Maurice, s'élevant à plusieurs milliards de roupies. Constat des observateurs économiques.
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Le cyclone Belal, accompagné d’inondations dans plusieurs régions de l’île, a mis à genoux plusieurs activités économiques du pays. L’économiste Eric Ng affirme que, comme toutes les catastrophes naturelles, Belal a non seulement causé des dommages d’infrastructures, mais a également nui à notre économie dans son ensemble. « Un jour de congé forcé représente un manque à gagner d’environ Rs 1,5 Md pour notre économie, sans compter les dégâts matériels », indique l’intervenant. Du coup, dit-il, le manque à gagner pour presque deux jours de congé forcé est estimé à environ Rs 3 Md.
Cependant, Eric Ng explique que certaines activités se sont poursuivies malgré l’alerte cyclonique, surtout celles qui fonctionnent en mode hybride. Par ailleurs, il explique que les retards seront rattrapés dans certains secteurs où les opérations ont été perturbées. « Ainsi, je dirais que la perte est estimée à des centaines de millions de roupies, car c’est difficile d’avancer un chiffre exact », indique-t-il.
Pour sa part, l’économiste Bhavish Jugurnath fait ressortir que la production annuelle du pays, mesurée par le Produit intérieur brut (PIB) à prix constants, s’élève à environ Rs 614 Md. « En excluant les dimanches et les jours fériés, nous avons environ 300 jours ouvrables par an. Sur cette base, on peut donc affirmer que le pays produit environ Rs 2 Md par jour ouvrable », dit-il. Ainsi, poursuit l’intervenant, le manque à gagner pour un jour de congé forcé, sans prendre en compte les dommages d’infrastructures, est estimé à environ Rs 2 Md.
L’observateur économique, Bernard Saminaden, estime que les pertes sont évaluées à plusieurs milliards de roupies. « Je suis incapable d’avancer un chiffre exact, car les constats sur le terrain se poursuivent toujours », avance-t-il. D’abord, le ré-asphaltage et la reconstruction des chemins, la réparation des réseaux d’électricité ainsi que le grand nettoyage coûteront des milliards au gouvernement. Quant aux entreprises du secteur privé, dit-il, deux jours de congé représentent un manque à gagner de plusieurs milliards de roupies. « De la production à la distribution en passant par le commerce, la construction et la restauration, entre autres, plusieurs activités économiques ont été perturbées par les intempéries », affirme Bernard Saminaden.
Par ailleurs, il souligne que le secteur du voyage et du tourisme a également été affecté par l’annulation des vols. En cette période de haute saison, il fait comprendre que « c’est un manque à gagner énorme pour l’industrie du tourisme ».
Manufacturier : des retards à rattraper à des coûts plus élevés
Le passage du cyclone pendant deux jours a mis à genoux principalement les opérations du secteur manufacturier. « Il faut savoir que les entreprises du textile, par exemple, ont des délais à respecter pour les exportations. Du coup, deux jours de congé forcé retardent le processus de production », explique Eric Ng. Afin de respecter les commandes et les délais établis, dit-il, il faudra travailler pour des heures supplémentaires. « Qui dit heures supplémentaires, dit hausse de coûts pour les entreprises », fait-il comprendre.
Bernard Saminaden abonde dans le même sens. « Les retards dans la production et la livraison impliquent des coûts additionnels pour les entreprises », explique-t-il.
Par ailleurs, nos intervenants avancent que les sociétés d’assurance auront également à subir des coûts en termes de réclamations pour les voitures endommagées par les inondations.
Agriculture : des pertes d’environ Rs 1,8 Md
Bhavish Jugurnath estime que le secteur agricole a été principalement affecté par le passage du cyclone. Ce secteur, dit-il, contribue à hauteur de 3,41 % du PIB, soit environ Rs 15 Md par an. Cependant, pour estimer les pertes causées par le cyclone dans ce secteur, il nous faut prendre en compte ses propres spécificités.
« Normalement, la période de récolte dure en moyenne de 6 à 12 semaines. Dans le contexte actuel, nous savons que les planteurs ont commencé à semer juste avant le cyclone. En décembre et au début de janvier, il fait trop chaud pour ce faire », explique l’économiste. Dans ce contexte, il est d’avis que 80 % des plantes ont été totalement détruites et que 60 % des légumes prêts à la vente ont été affectés. « En prenant une moyenne sur trois mois d’investissement (de la semence à la vente), la perte sera d’environ Rs 1,8 milliard », indique l’économiste.
De son côté, Bernard Saminaden affirme que le secteur de l’agriculture a été effectivement le plus affecté. « Avec une baisse dans la production agricole, il faudra maintenant s’attendre à une flambée des prix des légumes », prévient-il. Par conséquent, poursuit l’observateur, le taux d’inflation augmentera. « Les effets dominos du cyclone sur notre économie seront multiples », appuie-t-il.
Secteur des services financiers : le moins affecté
Eric Ng est d’avis que le secteur des services financiers a connu moins de pertes avec le passage du cyclone Belal. « Par exemple, en ce qui concerne le secteur bancaire, presque toutes les transactions peuvent désormais se faire en ligne. Il existe maintenant plusieurs applications mobiles dont Juice et Blink, entre autres, qui permettent aux consommateurs d’effectuer leurs transactions même pendant un congé forcé », explique-t-il. Par ailleurs, il avance que d’autres activités dans le secteur des services financiers se sont poursuivies malgré l’alerte cyclonique grâce au système de travail à domicile mis en place par les entreprises.
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