Deux semaines. C’est tout ce qu’il aura fallu pour que le gouvernement du Changement se lance dans une démonstration d’énergie… et d’aveuglement. Certains ministres, notamment les petits nouveaux, semblent même vouloir briller. Entre rencontres avec les partenaires-clés et descentes sur le terrain, ils affichent l’enthousiasme.
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Mais derrière cette énergie apparente, un autre spectacle se joue : celui d’un gouvernement qui pratique, avec une régularité déconcertante, la technique de l’autruche. Bienvenue dans ce mariage improbable entre le dynamisme et l’immobilisme.
Certains nouveaux venus au sein de ce Cabinet paraissent déterminés à prouver qu’ils sont plus que de simples figurants. Aadil Ameer Meea, le ministre de l’Industrie, des PME et des Coopératives, par exemple, s’est lancé dans une campagne de charme auprès du secteur privé. En tendant la main à Business Mauritius, il s’efforce de panser les plaies laissées par l’ancien gouvernement.
Pendant ce temps, Osman Mohamed et Rajiv Woochit, respectivement ministres des Transports et des Collectivités locales, tentent de résoudre des problèmes en misant sur des solutions pratiques. Quant à Mahend Gungapersad, ministre de l’Éducation, il tranche déjà dans le vif avec une assurance qui étonne. Pas de période d’adaptation pour cet ancien recteur. Extended Programme, rentrée scolaire 2025, indiscipline à l’école… Il attaque ces dossiers avec une vigueur impressionnante.
Et puis, il y a le vétéran Anil Bachoo, qui n’a pas perdu de temps pour marquer son territoire. Sa visite surprise au National Cancer Centre a fait la une des journaux. Un exercice qui a permis de révéler que des équipements dernier cri mais aussi et surtout hors de prix prenaient la poussière. Un coup de théâtre ? Assurément. Mais est-ce l’arbre qui cache la forêt ? La gestion des infrastructures publiques a toujours été un nid à scandales et il faudra bien plus que des visites éclair pour rétablir la confiance.
Mais voilà, derrière ce vernis d’efficacité, l’autre face de la médaille s’assombrit. Pendant que certains s’activent, le gouvernement, dans son ensemble, joue à l’autruche. Prenons l’exemple édifiant de nos soirées urbaines depuis la semaine dernière. Elles ont désormais des allures de carnavals improvisés : trottoirs pris d’assaut par des vendeurs, parkings transformés en zones festives et piétons contraints de jouer à la marelle entre les voitures et les motocyclettes. Un ballet chaotique digne d’un film burlesque.
Et les autorités ? Eh bien, elles regardent ailleurs… enfin, façon de parler. La tête bien enfouie dans le sable, nos chères élites, gouvernement et force policière confondus, semblent avoir conclu qu’il vaut mieux ne rien voir, ne rien entendre et surtout ne rien faire. Et pourquoi pas ? Après tout, satisfaire tout le monde en ne froissant personne, c’est presque la nouvelle devise nationale, non ?
Ne serait-il pas temps de faire preuve d’un minimum de réflexion ? Mais soyons sérieux : réfléchir demande de sortir la tête du sable. Et ça, c’est manifestement au-dessus des capacités de nos dirigeants.
Pourquoi ne pas organiser ces espaces nocturnes de manière officielle, en transformant certaines rues en zones piétonnières à partir de 19 heures ? Ou encore ouvrir les Foires à ces fameux marchands ? Cela permettrait de canaliser cette effervescence tout en garantissant la sécurité des citoyens. Mais non, apparemment, c’est trop demander. Autant laisser la loi de la jungle régner. C’est tellement plus… relax.
Mais attention, chères autruches : la stratégie de l’immobilisme a ses limites. Plus vous tarderez à agir, plus la population en tirera des conclusions dangereuses. « Tout est permis, rien n’est interdit », dira-t-on bientôt.
Et bien sûr, l’effet boule de neige est inévitable. Quand l’inaction et l’absence policière deviennent la norme, la population s’ajuste… à sa manière. Très vite, les têtes brûlées se sentiront pousser des ailes. Vous verrez des motos sans casque s’élancer joyeusement dans la nuit, cheveux au vent, comme dans une publicité pour shampooing, mais avec un soupçon de danger de mort en prime.
Les jeunes conducteurs ? Pourquoi perdre du temps dans des embouteillages ? Ils feront joyeusement demi-tour dans des rues à sens unique, redéfinissant les règles de la circulation comme s’il s’agissait d’une partie de Monopoly.
Et la ceinture de sécurité ? Un concept aussi oublié que les bonnes vieilles VHS. Pourquoi s’encombrer, après tout ? Quand personne ne surveille, la liberté se transforme vite en anarchie. Et pendant ce temps, les autorités, fidèles à elles-mêmes, restent spectatrices, applaudissant presque cette créativité sauvage… depuis leur bunker imaginaire sous terre.
En attendant, savourez donc cette période de grâce, mais souvenez-vous : l’inaction dans les sujets sensibles est une bombe à retardement. Les autruches peuvent se cacher, mais elles ne peuvent pas échapper à la réalité indéfiniment.
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