Le nombre d’infections par le coronavirus en Chine atteindra son pic vers la fin de février. Quelque 100 000 personnes seraient alors touchées. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par deux Mauriciens.
Il s’agit de deux chercheurs du département des mathématiques de l’Université de Maurice, Yusra Bibi Ruhomally et Maheshsingh Mungur. Ces derniers ont réalisé une étude intitulée 'Nowcasting the proliferation of Coronavirus in mainland China'. « En somme, nous avons fait une modélisation de l’évolution du coronavirus en Chine qui permet de savoir quand l’épidémie sera à son pic et combien de personnes seraient alors infectées », explique Yusra Ruhomally.
Ainsi, les deux étudiants sont arrivés à la conclusion que l’épidémie sera à son paroxysme vers la fin de février. « Quelque 100 000 personnes seraient alors infectées », souligne notre interlocutrice, disant que ces résultats corroborent au passage de ceux dévoilés par un groupe de chercheurs de l’Imperial College de Londres récemment.
L’évolution de l’épidémie, poursuit-elle, devrait ensuite connaître une baisse importante à partir de la dernière semaine du mois de mars. Mais, pour nos deux étudiants en mathématiques, il serait prématuré de crier ‘victoire’. « Car il s’agit de données qui restent tout de même très dynamiques et qui peuvent donc changer à tout moment de par les circonstances », prévient Yusra Ruhomally.
Dans la foulée, les deux étudiants ont été en mesure de juger la précision de leurs résultats. « D’après la graphie que nous avons obtenue au jeudi 13 févier, le nombre d’infectés serait de 60 000 environ. Et d’après les chiffres fournis par les autorités chinoises, le nombre d’infectés s’élève justement à 60 329 », se réjouissent nos interlocuteurs.
L’évolution de l’épidémie, devrait connaître une baisse en mars.
Pour arriver à ces résultats, Yusra Bibi Ruhomally et Maheshsingh Mungur se sont basés sur les chiffres fournis quotidiennement par les autorités chinoises depuis le 20 janvier dernier. « Ces chiffres comprennent essentiellement le nombre de personnes infectées, guéries ou qui sont mortes », explique Maheshsingh Mungur. À partir de là, les deux Mauriciens ont dû aussi prendre en compte des paramètres tels que le taux de transmission, de récupération, de la période durant laquelle une personne infectée est susceptible de transmettre le virus à une autre avec l’utilisation d’algorithmes génétiques.
La clé de ces analyses, souligne Yusra Ruhomally, c’est la génération d’estimations précises grâce aux paramètres utilisés dans ces calculs. « Ce qui permet ainsi de faire des prévisions plus précises et, subséquemment, de prendre des décisions en adoptant des stratégies qui permettront de juguler la prolifération de cette épidémie », fait-elle ressortir.
L’efficacité de la mise en quarantaine
Dans leurs analyses, les deux étudiants sont arrivés à la conclusion que certains paramètres ont une incidence directe et importante sur la prolifération du coronavirus. Parmi, le taux de transmission et la période durant laquelle une personne infectée est plus susceptible d’en contaminer une autre (infectiousness rate). « Dans le premier cas, malheureusement, il n’y a pas grand'chose qu’on puisse faire en l’absence d’un traitement [pour ceux qui sont infectés] ou d’un vaccin », déclare Yusra Ruhomally.
Notre interlocutrice précise que les efforts doivent être concentrés sur la réduction du taux de transmission. « D’où toute l’importance de mettre en quarantaine les personnes susceptibles d’avoir contracté le virus et de contrôler l’accès au pays aux personnes venant principalement de Chine, le foyer du virus », souligne Yusra Ruhomally, estimant que les mesures prises jusqu’ici par le gouvernement mauricien vont justement dans ce sens.
Profil
Yusra Bibi Ruhomally et Maheshsingh Mungur sont deux étudiants de l’Université de Maurice. Les deux poursuivent des études supérieures en vue d’obtenir un doctorat en mathématiques. La thèse de Yusra Bibi Ruhomally est axée sur la simulation numérique de l’évolution dynamique des drogues illicites. Alors que celle de Maheshsingh Mungur est axée sur le concept de 'computational fluid dynamics'. Les deux sont encadrés par le professeur Muhammad Zaid Dauhoo. Yusra Bibi Ruhomally bénéficie du soutien d’un deuxième directeur de thèse en la personne de Laurent Dumas, du laboratoire de Mathématiques de l'Université de Versailles.
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