L'Italie a été le premier pays d'Europe à instaurer des mises en quarantaine de villes en isolant onze communes pour lutter contre l'épidémie de Covid-19, par ailleurs toujours en progression en Corée du Sud.
Dans le nord de l'Italie, environ 52.000 personnes se réveillent dimanche matin dans des zones où "ni l'entrée ni la sortie ne sera autorisée sauf dérogation particulière", comme l'a annoncé quelques heures plus tôt le Premier ministre italien Giuseppe Conte.
Fermeture des entreprises et des établissements scolaires et universitaires, annulation d'évènements culturels et sportif, report de trois matches de foot initialement prévus dimanche (Inter-Sampdoria, Atalanta-Sassuolo et Hellas Vérone-Cagliari): le gouvernement italien tente de mettre sous cloche une partie de la Lombardie et la Vénétie et de freiner l'épidémie comme la peur.
La première mesure de confinement avait été édictée pour les 11 millions d'habitants de Wuhan, ville du centre de la Chine où s'est déclenchée l'épidémie de pneumonie virale en décembre.
En Italie, le foyer se trouve à Codogno, près de Milan. Une équipe de l'AFP y a vu des rues étrangement désertes pour un samedi soir. "Nous avons tous peur, mais on croise les doigts, nous espérons que tout ira bien", lui a dit Rosa, une employée de pharmacie, seul type d'établissement autorisé à rester ouvert. Elle craint désormais "des problèmes de ravitaillement dans les prochains jours".
79 cas en Italie
M. Conte a prévenu qu'il pourrait éventuellement recourir à l'armée pour surveiller les points de contrôle. Le décret-loi pris samedi prévoit des sanctions pouvant aller jusqu'à trois mois de réclusion pour les contrevenants.
En Italie, pays européen le plus touché, il y a un total de 79 malades à ce jour, parmi lesquels trois cas de contaminations connues depuis des semaines, contractées hors d'Italie. Deux septuagénaires ont succombé à la maladie ces derniers jours.
La France aussi se prépare à une possible "épidémie" de Covid-19, selon le nouveau ministre de la Santé Olivier Véran, qui se dit "attentif à la situation en Italie". Dans un entretien au journal Le Parisien, il estime "très probable" la possibilité de nouveaux cas en France.
En Corée du Sud, deux nouveaux décès liés à l'épidémie ont été répertoriés, ce qui porte à quatre le nombre de morts, a annoncé dimanche matin le Centre coréen de contrôle et de prévention des maladies (KCDC).
Il y a 123 nouveaux malades, pour un total de 556. Une centaine de cas sont liés à un hôpital à Cheongdo, une ville où l'Eglise de Shincheonji de Jésus est très représentée.
Des centaines de membres de cette secte chrétienne sont à présent infectés. La contagion a débuté avec une femme âgée de 61 ans qui avait de la fièvre le 10 février et a assisté à au moins quatre offices religieux dans la ville de Daegu, avant d'être diagnostiquée positive au coronavirus.
Daegu, quatrième ville de Corée du Sud avec 2,5 millions d'habitants, et Cheongdo, lieu de naissance de Lee Man-hee, le fondateur de l'Eglise de Shincheonji de Jésus, sont proches l'une de l'autre. Elles ont été déclarées vendredi "zones à gestion spéciale" par les autorités sud-coréennes.
L'épidémie est entrée dans une "phase grave et le gouvernement fait tout pour prévenir la propagation", a déclaré le Premier ministre Chung Sye-kyun dans une allocution samedi soir.
Risques d'expansion
En Chine, le bilan a atteint dimanche 2.442 morts après l'annonce de 97 décès supplémentaires, tous sauf un dans la province centrale du Hubei, berceau du nouveau coronavirus.
La grande majorité des nouveaux décès ont été enregistrés à Wuhan, capitale du Hubei.
La commission nationale (ministère) de la Santé a aussi fait état de 648 nouveaux cas confirmés de contamination dans tout le pays, ce qui porte à près de 77.000 le total des contaminations en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao).
C'est l'expansion en dehors de la Chine qui avive les inquiétudes.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) redoute ainsi "le potentiel de dissémination du Covid-19 dans les pays dont les systèmes de santé sont plus précaires", a averti son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
C'est le cas de nombreux pays africains dont les infrastructures sanitaires et le personnel médical sont mal préparés pour affronter l'épidémie. Pour l'instant, sur le continent, seule l'Egypte a enregistré un cas confirmé de contamination.
Une étude publiée vendredi par le centre des maladies infectieuses de l'Imperial College de Londres "estime qu'environ les deux tiers des cas de Covid-19 sortis de Chine sont restés indétectés au niveau mondial, avec pour résultat potentiel des chaînes multiples non détectées de transmission humaine hors de Chine".
Et les précautions manquent parfois: Le Japon a reconnu samedi que 23 passagers du Diamond Princess avaient pu quitter ce navire de croisière mis en quarantaine à Yokohama sans passer tous les contrôles médicaux requis.
L'épidémie a par ailleurs suscité une passe d'armes entre les Etats-Unis et la Russie. Des responsables américains ont affirmé à l'AFP que des milliers de comptes liés à la Russie sur les réseaux sociaux propageaient de la désinformation anti-américaine sur le nouveau coronavirus. Moscou a démenti.
AFP
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