Dix jours fériés d'affilée en pleine épidémie de pneumonie virale: la Chine a prolongé lundi son long congé du Nouvel an dans l'espoir de retarder le pic d'affluence dans les transports et réduire les risques de contagion.
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L'épidémie, dont le bilan s'est encore alourdi lundi, a entraîné une vague d'inquiétude mondiale malgré le petit nombre de cas enregistrés en dehors de la Chine.
Des défilés à l'occasion du Nouvel an chinois ont ainsi été annulés en France, à Paris et Bordeaux, où trois cas de contamination ont été confirmés, tandis que plusieurs pays tentent d'évacuer leurs ressortissants de la région à risque.
Blouse bleue et masque de protection, le Premier ministre chinois Li Keqiang est arrivé lundi dans la zone interdite à Wuhan (centre), berceau du nouveau virus: quatre jours après la mise en quarantaine des 11 millions d'habitants de la ville, c'est le premier haut responsable du régime communiste à se rendre sur place depuis le début de l'épidémie en décembre.
Une ambiance de ville morte planait toujours sur Wuhan, où la circulation des véhicules "non essentiels" reste interdite. Les automobilistes acheminant du personnel de santé vers les hôpitaux étaient en revanche autorisés à circuler.
A une quinzaine de kilomètres au sud du centre-ville, une équipe de l'AFP a vu un barrage de police contrôler les véhicules et la température des occupants.
Les automobilistes devaient produire un document avant de pouvoir passer, et dans la file de véhicules se trouvait un camion semblant transporter des produits alimentaires.
Le patron de l'OMS à Pékin
Le nombre de victimes a bondi à 80 morts, tandis que 2.744 cas ont été confirmés dans le pays, dont celui d'un bébé de neuf mois, contre près de 2.000 la veille.
Le nombre de cas suspects a doublé en l'espace de 24 heures, à près de 6.000.
Vingt-quatre morts supplémentaires ont été enregistrés au Hubei, la province dont Wuhan est la capitale, mais aucun nouveau décès n'a été confirmé en dehors de cette région.
Au total, 56 millions de personnes sont coupées du monde au Hubei par les mesures de blocage.
Sur les photographies diffusées par le gouvernement, le Premier ministre apparaît habillé d'une blouse de plastique bleu, le visage recouvert par un masque de même couleur, examinant sur un écran un patient alité.
Li Keqiang a été nommé à la tête d'un "groupe de travail" chargé de superviser la lutte contre l'épidémie. Le président Xi Jinping a de son côté averti samedi que l'épidémie s'accélérait et que la situation était "grave".
Alors qu'une dizaine de pays outre la Chine sont désormais touchés, le patron de l'Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, est attendu dans la journée à Pékin. L'OMS a renoncé la semaine dernière à proclamer une "urgence internationale".
Pékin a décidé de prolonger de trois jours, jusqu'au 2 février, les très longs congés du Nouvel an chinois (sept jours fériés), afin de retarder les retours massifs vers les villes de centaines de millions de travailleurs migrants rentrés passer les fêtes dans leur famille, et réduire ainsi les risques de propagation de l'épidémie.
Le maire de Wuhan, Zhou Xianwang, a cependant déclaré dimanche que 5 millions de personnes avaient quitté la ville avant le Nouvel an chinois, tombé cette année le 25 janvier.
Un chiffre de nature à accroître la peur d'une diffusion de l'épidémie, d'autant que, selon des responsables sanitaires chinois, le virus peut se transmettre avant même l'apparition de symptômes.
Plusieurs grandes villes du nord du pays - Pékin, Tianjin, Xian - ont déjà annoncé la suspension des lignes d'autocars longue distance qui les relient au reste du pays. Dans l'est, la province du Shandong (100 millions d'habitants) a fait de même.
Le port du masque de protection a été imposé dans plusieurs provinces, notamment au Guangdong, la plus peuplée du pays (plus de 110 millions d'habitants).
Procédures d'évacuation
L'épidémie a atteint l'Europe et l'Australie et un cas présumé a été signalé au Canada. Aucun cas mortel n'a pour l'heure été enregistré en dehors de la Chine.
Les Etats-Unis, où cinq cas sont confirmés, ont annoncé organiser le départ de leur personnel diplomatique et de citoyens américains bloqués à Wuhan, espérant faire décoller un vol mardi.
D'autres pays sont en communication avec Pékin pour évacuer leurs ressortissants.
La ministre française de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé que la France allait organiser "un rapatriement par voie aérienne directe" de ses ressortissants, et qu'une période de quarantaine de 14 jours leur serait appliquée.
Dans les hôpitaux de Wuhan, la situation s'avère parfois chaotique: les patients doivent attendre des heures avant de voir un médecin. La construction de deux sites supplémentaires pouvant accueillir chacun plus de mille lits doit être achevée sous quinze jours.
"La capacité de propagation du virus s'est renforcée", ont déclaré dimanche de hauts responsables sanitaires chinois, même s'il ne s'avère pas "aussi puissant que le Sras", un précédent coronavirus qui avait fait des centaines de morts au début des années 2000.
AFP
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