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Compostage d’algues marines : l’or «vert» fertile des Gallet à Bel-Ombre

Entre les mains expertes de Yohan et Luc-André Gallet à Bel-Ombre, les algues que l’on trouve sur les plages se transforment en or « vert », enrichissant nos sols pour la culture de légumes, fruits et fleurs. Le Dimanche/L’Hebdo vous invite à découvrir cette initiative de compostage signée Sealife Organics.

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ÀBel-Ombre, une véritable alchimie écologique prend vie. Au sein de son unité de compostage et de production de fertilisants organiques, Sealife Organics transforme les algues marines en un véritable or « vert », un trésor fertile et une ressource précieuse pour une agriculture durable. Pour percer les secrets de cette transformation, nous nous rendons à Bel-Ombre le lundi 26 août, où l’entrepreneur Yohan Gallet et son père Luc-André nous accueillent. Ensemble, nous explorons leurs installations et découvrons le processus fascinant qui convertit les déchets marins en un compost riche et vivant, ainsi qu’en fertilisants granulaires à libération lente (Slow Release Fertilizers).

Sealife Organics est une start-up fondée en 2020. « Nous sommes spécialisées dans la production de compost et de fertilisants organiques dont des engrais à libération lente, ainsi que des biostimulants faits à 100 % à bases d’algues », souligne Yohan Gallet. Le compostage est un mélange délicat d’ingrédients entièrement organiques tels que feuilles, copeaux de bois, algues, fumier de poule et coquilles d’œufs, apportant les conditions de croissance et de bonne santé idéales pour une grande variété de plantes, explique l’entrepreneur de 29 ans. Au début, Sealife Organics produisait manuellement huit tonnes de compost par mois ; aujourd’hui, la production mensuelle est passée à 150 tonnes.

Comment les algues et les déchets verts, souvent négligés, sont-ils transformés en véritables trésors ? Pour fabriquer du compost avec des algues marines, Yohan Gallet indique que son équipe et lui ramassent les algues Sargassum et les herbiers marins Syringodium rejetés par la mer sur les plages du Sud. « Nous ne retirons rien de l’eau. Nous nous concentrons uniquement sur les algues brunes rejetées par la mer que l’on trouve sur les plages. Avec soin, nous les ramassons à la main en éliminant le sable, puis nous les plaçons dans des sacs et nous les ramenons ici », précise-t-il.

Qu’en est-il des déchets verts ? Sealife Organics reçoit des feuilles, branches, écorces et noix de coco, entre autres, des jardins de particuliers ou provenant des établissements touristiques de la région. « À l’arrivée des camions, qui transportent des algues ou des déchets verts, nous effectuons un contrôle minutieux pour éliminer les plastiques et autres déchets interdits. Des consignes strictes sont en place et si elles ne sont pas respectées, nous retournons les déchets à l’expéditeur », précise Yohan Gallet. 

La quantité de déchets verts et d’algues récupérés est ensuite déposée au fond du site. Dans ce dépotoir, que l’on pourrait qualifier de « Mare-Chicose vert », les déchets verts tels que feuilles, branches et autres, sont placés dans un broyeur. Le broyat est passé au tamis et le paillis fin obtenu est mélangé aux algues Sargassum et aux herbiers marins Syringodium. Il est ensuite disposé en rangées, appelées andains de compostage, sur une surface préparée.

Après cela, des matières complémentaires comme les coquilles d’œufs, les copeaux de bois et le fumier de poule sont incorporées aux rangées, ce qui enrichit le mélange en nutriments tout en accélérant le processus de décomposition. Pour favoriser cette décomposition, les rangées de paillis fin sont régulièrement retournées pour aérer le compost. « Cela permet au compost de monter en température et de se décomposer plus rapidement », explique Yohan Gallet. 

L’humidité est soigneusement contrôlée, le compost devant rester humide sans être détrempé. Pour une température optimale favorisant la décomposition, les rangées sont couvertes avec de vieux « Flex » fournis par l’entreprise Rent A Sign, auxquels Sealife Organics redonne vie. « Cela permet de protéger les andains de compost », soutient l’entrepreneur. 

Au fil du temps, les micro-organismes et bactéries transforment les matières organiques en compost riche. « Ce processus peut durer plusieurs mois en fonction des conditions environnementales et de la gestion du compost, mais avec notre technique de compostage nous arrivons à avoir un produit fini en 12 semaines », précise Yohan Gallet.

Le compost mature est alors tamisé une dernière fois pour éliminer les gros morceaux non décomposés et ensuite mis en sachets à l’aide des installations semi-industrielles. Le compost mature est utilisé pour enrichir les sols dans les jardins, potagers et champs agricoles, fournissant des nutriments pour améliorer la structure des sols. « À nos débuts dans le compostage d’algues marines et de déchets verts, nous faisions tout à la main. Depuis le mois de janvier 2024, nous sommes passés à la production semi-industrielle grâce au soutien de nos investisseurs ENL Agri Ltd, Ingenia, Turbine, G.O.A.L.S, Seed Capital et Jog Investment. »

Au niveau des produits commercialisés, Sealife Organics propose du terreau multi-usage sans tourbes et des engrais à libération lente en logements de 10 kilos, 20 kilos, 25 litres et 50 litres. « Dans les prochains mois, Sealife Organics proposera également du biostimulant liquide 100 % à base d’algues marines. »

Qu’est-ce qu’un engrais à libération lente ?

À Sealife Organics, les engrais à libération lente sont spécialement conçus pour diffuser leurs nutriments de manière progressive dans le sol, assurant ainsi une alimentation continue des plantes sur une période prolongée. Ces engrais contiennent des éléments essentiels comme l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K), ainsi que divers micronutriments nécessaires à la croissance des plantes. Par conséquent, les plantes bénéficient d’une nutrition équilibrée, favorisant une croissance homogène et une meilleure santé. « En optimisant l’utilisation des nutriments et en réduisant les besoins d’entretien, les engrais à libération lente offrent une solution durable et efficace pour l’agriculture et le jardinage à Maurice », fait ressortir Yohan Gallet.

Les algues envahissantes sur nos plages sont-elles exploitables ?

Tels des tapis verts géants, des algues Ulva Reticulata ont récemment envahi nos plages comme Mont-Choisy, Palmar et Flic-en-Flac. En se décomposant, elles relâchent du soufre d’hydrogène, un gaz toxique. Représentant un danger pour la santé, elles ont été enterrées dans le sable sur plusieurs plages. Mais Sealife Organics pourrait-elle les transformer en compost et fertilisants ? 

« Nous sommes preneurs de ces surplus d’algues envahissantes. Nous verrons quels types de produits dérivés nous pouvons en faire. Cependant, une collaboration public-privé est nécessaire pour le ramassage et le transport vers notre unité de compostage à Bel-Ombre. Nous produisons actuellement du compost naturel à petite échelle. Nous aurons aussi besoin d’un permis pour augmenter notre capacité de production si ces algues sont canalisées vers nous », explique Yohan Gallet. 

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