Ce dimanche 22 janvier marque une nouvelle année pour les Mauriciens d’origine chinoise. Ils vont se réunir autour d’un repas avec leurs proches et partager le « foong pao ». Ils remercient aussi les ancêtres et feront sonner les pétards pour repousser les ondes négatives.
Pour Jeffrey Lew Him Fun et sa maman Lim Yuk Tsin Lew Him Fun, la fête du Printemps symbolise le renouveau. « Nous prenons un nouveau départ. Avec l’année écoulée, nous mettons le passé derrière nous afin d’avancer », disent ces habitants de Baie-du-Tombeau.
Après avoir vérifié l’heure propice sur le calendrier lunaire, ils se réveillent pour allumer les pétards en ce 22 janvier. « Le bruit des pétards chasse la négativité et le mauvais œil. Le sol est tapissé de la poussière rouge des pétards. Cela attire le bonheur, la prospérité et une bonne santé », fait savoir Jeffrey Lew Him Fun.
Ensuite, la famille va assister à la messe célébrée à la Cathédrale Saint-Louis dans la capitale. En ce jour spécial, des textes sont lus en mandarin ou hakka. Une collation est servie après la messe. « Les douceurs traditionnelles comme le ‘gato lacire’, ‘gato kravatt’ et ‘sipek’ sont distribuées », dit-il.
Les Lew Him Fun se rendront à la pagode Kwan Tee à Les Salines. Des bâtonnets d’encens et des bougies sont allumés pour remercier les ancêtres. Des offrandes sont aussi faites. Les Mauriciens d’origine chinoise se recueillent auprès des divinités pour demander leurs bénédictions. Des prières sont également dites à la pagode située à la rue Madame, Port-Louis.
Par la suite, la famille se rassemblera pour le déjeuner. Une variété de plats traditionnels et modernes sont préparés à la maison. « Le jour du Nouvel an, certains observent un jeûne végétarien en guise de sacrifice. De ce fait, il y a divers mets comme la soupe de maïs, un sauté de ‘brède’, le tofu, une salade Caesar végétarienne, le sao mai, le poulet aux 3 merveilles ainsi que la fondue chinoise comprenant des fruits de mer, du poisson salé et le ‘bringel’, entre autres », partage Jeffrey Lew Him Fun.
Le « foong pao » est distribué après le repas. La famille va se préparer pour passer deux nuits dans un établissement hôtelier. « Ce sera le moment de se détendre avant de reprendre les activités professionnelles », souligne-t-il.
Stéphanie Ng indique que le Nouvel an chinois dure généralement 15 jours. « À l’origine, c’était une fête agricole, permettant notamment aux paysans d’observer le rythme des saisons et ainsi de voir arriver le printemps », dit cette habitante de Port-Louis.
Ce dimanche, elle va enfiler une tenue neuve et allumer les pétards pour repousser la négativité. Elle se fait un devoir de rendre visite à sa maman et sa grand-mère. « Nous allons aussi à la pagode Kwan Tee pour faire des offrandes. Ce sont les plats préférés de nos proches qui ne sont plus de ce monde. »
Les adultes remettent une enveloppe rouge « foong pao » aux enfants et aux célibataires. « De nos jours, les enfants qui travaillent offrent aussi une enveloppe aux parents et aux grands-parents », ajoute Stéphanie Ng. Comme le Nouvel an est un moment de partage, elle va offrir des gâteaux aux amis, collègues et voisins.
Elle va observer un jeûne végétarien jusqu’à la mi-journée. « La veille, nous avons profité d’un dîner festif. La table était ornée de l’œuf de cent ans, concombre de mer (Barbara), poulet à la vapeur, soupe d’aileron de requin, porc au riz rouge, salade d’algues, crevettes aux petits pois et aux noix grillées ainsi que poisson à la vapeur, entre autres », fait-elle savoir.
De son côté, Jimmy Wong soutient que les célébrations commencent la veille avec un dîner familial. « Le jour du Nouvel an, on se réveille tôt pour offrir les prières et éclater les pétards. »
Puis, la famille se rend à la pagode ou l’église pour se recueillir. Une prière est dite pour les ancêtres. « On va également rendre visite à nos aînés, nos parents et d’autres proches. En fin de journée, chaque famille est libre de célébrer le Nouvel an à sa façon. »
Un modèle de la pratique de l’harmonie chinoise
Charles Ng Cheng Hin, 80 ans, se présente comme un passionné de la culture chinoise. Il perpétue les traditions léguées par ses grands-parents originaires de Chine.
L’octogénaire dit d’emblée que la fête du Printemps est une occasion pour pratiquer l’harmonie. Le signe du lapin peut emmener un changement pour le bien-être de l’humanité, estime-t-il. « Ce dimanche ne se limite pas uniquement à accueillir et célébrer le Nouvel an en grande pompe. Il y a des rituels à observer. D’ailleurs, les célébrations s’étirent sur 14 jours. » De ce fait, il y a une clôture et une ouverture.
Selon les enseignements et les valeurs de la culture chinoise, il faut procéder par le nettoyage de la maison. Cela commence deux à trois semaines au préalable.
« Le nettoyage permet de clôturer l’année qui tire à sa fin et d’attirer le bon Feng Shui (l’art d’harmoniser l’énergie pour favoriser la santé et la prospérité). Les Mauriciens d’origine chinoise font aussi la charité et le partage. Nous remercions aussi les ancêtres, les aînés, les anges gardiens et les divinités », poursuit Charles Ng Cheng Hin.
L’ouverture est le jour du Nouvel an. Il débute avec les prières. Vient ensuite la lecture de l’astrologie chinoise. « Le but de l’astrologie chinoise est de trouver le jour approprié, propice et harmonieux pour mettre en œuvre ses projets », fait-il ressortir.
Par la suite, les familles se retrouvent autour d’un repas.
« La famille et l’entente familiale sont importantes aux yeux des Chinois et des Mauriciens d’origine chinoise. De ce fait, ils se réunissent autour de la table et partagent des mets traditionnels afin de renforcer les liens », dit-il.
Charles Ng Cheng Hin a eu l’occasion de voyager et observer la façon de vivre des Chinois et la diaspora chinoise. « Le Nouvel an coïncide avec le début du printemps et est donc un signe de renouveau. La fête du Printemps est l’harmonie parfaite et elle est célébrée à travers le monde. »
Il souligne que la Chine est connue comme l’empire du juste milieu. Elle repose sur la philosophie de Yin-Yang, soit l’équilibre de l’harmonie. « Les Chinois sont un peuple de tranquillité et ils sont à la recherche perpétuelle de l’harmonie. Nos ancêtres nous ont transmis cela. Nous n’avons pas besoin de la violence ni de la force pour avancer. Nous avançons avec la discipline, le travail et la persévérance. »
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