Législatives 2024

Circonscription  No 19 : le Clash

Fazila Jeewa-Daureeawoo et Deven Nagalingum.

A une dizaine de jours des élections générales du 10 novembre, deux députés sortants de la circonscription no 19 Stanley/Rose-Hill se renvoient la balle concernant le manque de développement.


Fazila Jeewa-Daureeawoo, candidat du MSM : « Il faut un équilibre entre le progrès économique et le développement social » 

Les élections générales auront lieu dans environ dix jours. Comment se passe votre campagne électorale ?
La campagne électorale est une occasion de rassembler les partisans, de rappeler le bilan solide du gouvernement et de présenter les mesures figurant dans le manifeste électoral. Elle a démarré sur les chapeaux de roues. Je souhaite que tout se déroule dans le respect des adversaires et avec discipline. Pour ma part, la campagne se passe bien. En tant que députée de la circonscription no 19 (Stanley/Rose-Hill), j’ai toujours été présente sur le terrain. Je reste connectée et à l’écoute des mandants.

Un incident a eu lieu le samedi 26 octobre à la foire de Plaisance, impliquant des partisans et des agents de différents blocs politiques. Vos commentaires ?
Il est regrettable de constater que des faussetés sont inventées et que les « fake news » se propagent facilement sur les réseaux sociaux. Il est important de prendre tout ce qui se dit sur ces plateformes avec précaution. Certains mènent une campagne déloyale pour discréditer leurs adversaires, mais le gouvernement a beaucoup travaillé pour améliorer le quotidien des citoyens. Il n’est donc pas surprenant que des mensonges soient propagés. 

Lors des réunions politiques, vous évoquez les réalisations du gouvernement sortant, telles que la Médiclinique de Stanley, la construction de logements sociaux et les infrastructures sportives et de loisirs. Vos adversaires, quant à eux, dénoncent un abandon de la région, pointant un manque de drains, des routes non asphaltées, la persistance du fléau de la drogue et un déficit d’activités sportives et de loisirs. Quels sont vos commentaires ?
De 2005 à novembre 2014, le gouvernement précédent n’a pas fait grand-chose pour le bien-être des habitants de la circonscription. Stanley/Rose-Hill semblait à peine exister. Ce n’est qu’à partir de novembre 2014 que la région a connu des développements infrastructurels. Par exemple, nous avons inauguré le Roches Brunes Elderly Day Care Centre, un centre communautaire à Plaisance, un autre à Trèfles, ainsi que le Serge Lebrasse Sports Complex. Les habitants peuvent désormais bénéficier d’activités récréatives et sportives proposées dans ces centres. Avant 2016, aucun centre communautaire n’avait vu le jour dans la circonscription.

Le Parc Récréatif d’Ébène intègre des installations modernes, tout en respectant l’environnement : aire de jeux pour enfants, salle de sport en plein air, parcours santé, amphithéâtre et zone de pique-nique. La Stanley Mediclinic fait partie des nombreuses améliorations dans le domaine de la santé, avec pour mission que chaque Mauricien vive à moins de 3 km d’un centre de santé publique.

Le logement social est une priorité pour ce gouvernement. Il est prévu que chaque circonscription accueille des logements sociaux. Mon collègue Steven Obeegadoo, ministre des Terres et du Logement, a indiqué que plus de 4 600 unités de logement social seront livrées d’ici fin novembre, ce qui est un record. Dans la Circonscription no 19, 200 unités de NSLD (New Social Living Development Ltd) ont été inaugurées le 2 octobre dernier à Résidence Camp Levieux, et 200 autres seront construites à Coromandel pour les habitants de Rose-Hill.

Entre 2015 et 2021, des drains ont été construits pour un coût de Rs 71,3 millions, et des travaux de construction et de réasphaltage des routes, d’un montant de Rs 331,6 millions, ont été entrepris et achevés. Ces travaux se poursuivent. En outre, le gouvernement mène un combat sans relâche contre le fléau de la drogue.

Il y a autant de mesures concrètes ont été mises en place, les opposants ne peuvent pas affirmer que la circonscription a été abandonnée. Nous travaillons également sur deux projets importants : un nouveau marché à Rose-Hill et un Urban Terminal.

L’Alliance Lepep propose plusieurs allocations, notamment pour les moins de 18 ans, ainsi qu’une hausse de la pension de vieillesse et d’autres mesures en vigueur. Ne risquons-nous pas de devenir une nation d’assistés ? Est-ce vraiment avantageux pour le pays ?
La priorité de ce gouvernement est de protéger, d’assurer la sécurité et de veiller au bien-être de la population. Nous mettons en place des initiatives pour améliorer la qualité de vie, en particulier pour les groupes vulnérables tels que les seniors, les personnes en situation de handicap, les veuves, les orphelins et les familles en précarité. Ces mesures visent à aider les familles à joindre les deux bouts. En tant que gouvernement responsable, nous prenons en compte chaque tranche d’âge. Investir dans notre population apportera des bénéfices durables pour le pays. D’ailleurs, je le dis souvent : il faut un équilibre entre le progrès économique et le développement social. 

Bien que l’intention soit d’augmenter la présence féminine en politique, votre alliance ne compte qu'une dizaine de candidates. La société mauricienne n’est-elle pas encore prête à accueillir davantage de femmes en politique ?
Le Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth a marqué un tournant en confiant des postes clés à des femmes, marquant ainsi l’histoire avec la nomination de la première femme à la présidence, à la vice-primature et au poste de Speaker. J’ai moi-même été la première femme nommée vice-première ministre en 2017. En reconnaissant nos compétences et en nous faisant confiance, le Premier ministre montre que l’égalité des genres va au-delà d’un discours, c’est une réalité concrétisée. La femme, représentant plus de 50 % de la population mauricienne, a pleinement sa place en politique. 

Linion Reform, avec notamment Patrick Belcourt, mène une campagne très active sur le terrain. Cela pourrait-il influencer les résultats des élections pour votre alliance ?
Maurice est un espace démocratique où chaque candidat peut exprimer librement ses idées. Les électeurs choisissent ceux qui représenteront le mieux leurs intérêts. En 2014 et en 2019, ils nous ont témoigné leur confiance. Nous avons un bilan solide, et ce sont nos actions concrètes qui seront jugées. Nous sommes convaincus qu’ils nous accorderont à nouveau leur confiance.


Deven Nagalingum, candidat du MMM : « Nous accorderons plus de ressources aux professionnels du social »

L’échéance des élections générales approche à grands pas. Comment se déroule la campagne jusqu’à présent ?
Bien avant même l’annonce de la date des élections générales, nous avions déjà mis en branle notre machinerie organisationnelle dans la circonscription. Je suis candidat dans une région qui a vu s’épanouir le Mouvement Militant Mauricien, où le militantisme est exemplaire. Nous y trouvons des militantes et des militants de la première heure chez qui la discipline, le dévouement et la rage de vaincre sont omniprésents. Bref, notre organisation est bien rodée, adaptée à la situation sociale et politique de 2024.

Avec l’apport de notre principal partenaire, le Parti Travailliste, avec le candidat Jean Sydney Pierre dont les activistes sont présents en permanence, ainsi que des Nouveaux Démocrates et de Rezistans ek Alternativ, la communion est parfaite. Les porte-à-porte que nous effectuons chaque jour enchantent les habitants. Nos réunions nocturnes attirent une grande foule, et nos meetings sont des célébrations anticipées de la victoire.

Nous sommes pleinement satisfaits. L’entente entre partenaires de l’Alliance du Changement est parfaite, une osmose s’est créée entre nos militants et nos activités, et nos messages sont accueillis avec enthousiasme par l’électorat. 

Nous avons eu vent d’un incident impliquant des partisans et des agents des divers blocs politiques à la foire de Plaisance le samedi 26 octobre. Que s’est-il passé exactement ?
On envoie des pierres sur des arbres qui ont beaucoup de fruits. Allons classer cet incident ainsi. Ce fut une prise de bec sans gravité entre certaines personnes de l’endroit et nos militants qui distribuaient des tracts à la foire ce jour-là. C’est un signe de panique de leur part, pas plus. Ce genre d’incident ne se répétera plus, nous y veillons.

L’Alliance Lepep met en avant divers projets réalisés dans la circonscription, notamment la Médiclinique de Stanley, la construction de logements sociaux et d’infrastructures sportives et de loisirs. Cependant, des problèmes sociaux persistent depuis des années dans la région. Que propose l’Alliance du Changement pour remédier à cette situation ?
Laissons le gouvernement sortant patauger dans ses mensonges, sa duperie et son incompétence. En dépit du fait qu’Ivan Collendavelloo a été Deputy Prime Minister, l’état social et économique de la circonscription 19 est resté le même. La pauvreté n’a pas reculé d’un pouce, les locataires cherchent toujours un logement social, et le taux d’échec pour nos écoliers est au point mort. Par contre, le trafic de drogue, surtout les substances synthétiques, a pris l’ascenseur. Les coins des rues de certains quartiers sont devenus des mini-marchés ouverts et permanents pour la drogue. Dix longues années qu’ils sont au pouvoir, qu’ont-ils fait pour changer la situation ?

Ce fléau qu’est la drogue et sa prolifération dans tous les quartiers, surtout chez les très jeunes, sera notre priorité pour la circonscription et le pays en général. Sachant que le simple drogué est avant tout, une victime du système et un être qui souffre, tous les moyens seront mis en œuvre pour l’en sortir. Mais en même temps, des moyens extraordinaires seront déployés pour faire la guerre contre les trafiquants. Nous accorderons plus de ressources aux professionnels du social qui œuvrent dans cette lutte.

Le gouvernement sortant propose de nombreuses mesures, comme des allocations pour les moins de 18 ans, une augmentation de la pension de vieillesse et d’autres aides sociales. Ne risquons-nous pas de perpétuer l’assistanat ? Est-ce bénéfique pour le pays ?
Nous avons choisi, au moment de notre indépendance, d’instituer un Welfare State à Maurice. Ce système a fait ses preuves : d’une population quasiment illettrée, nous sommes aujourd’hui scolarisés, et certains jusqu’au tertiaire. Mais attention, il faut faire la différence entre des aides sociales justifiées, bien organisées, et de simples bribes électorales. Si pendant dix ans la situation sociale et économique de notre pays est dans cet état, c’est la faute du gouvernement sortant qui, par l’accaparement de la richesse nationale, la corruption, les passe-droits et autres injustices, a conduit notre peuple à cette misère qui réclame compensation.

Actuellement, ce gouvernement sortant fait croire qu’il offrirait des « cadeaux » à différentes sections de la population ; en fait, il ne fait que leur retourner ce qu’il leur a volé pendant ces dix ans. Ce gouvernement est en train de rembourser ses dettes, en partie seulement. Une économie ne peut prospérer que si elle est productive ; or, dans quels secteurs notre économie a-t-elle progressé ? Tout en aidant ceux qui en ont vraiment besoin, il faut veiller à instaurer des politiques économiques performantes pour soutenir ces aides sociales, sinon c’est l’économie elle-même qui s’effondre.

Malgré la volonté d’intégrer davantage de femmes en politique, votre alliance ne présente qu’une dizaine de candidates. La société mauricienne n’est-elle pas encore prête à accueillir plus de femmes en politique ?
Nous le regrettons tous. Non, la société mauricienne est prête, encore faut-il commencer par instituer légalement des quotas pour nos sœurs mauriciennes et rodriguaises. Nous allons sans aucun doute nous rattraper pour les élections municipales et villageoises à venir dès que nous prendrons le pouvoir.

Linion Reform, avec notamment Patrick Belcourt, est très actif sur le terrain. Cela peut-il avoir un impact sur les résultats des élections pour votre alliance ?
Nous sommes en démocratie, et il est sain que plusieurs partis entrent en compétition pour les élections. Faut-il encore qu’ils soient crédibles. Le parcours de ces personnes, leur cheminement chaotique et leurs principaux agents qui les abandonnent chaque jour sont autant d’éléments qui les disqualifient dès le départ.

En les écoutant, nous avons peur et de la tristesse pour notre pays, mais nous savons, par leur passé, qu’ils sont des arrivistes remplis d’ego mal placé : ils ne peuvent que faire du tort au pays. Ils nous donnent même l’impression d’être le « MSM bis » dans la circonscription. Nous sommes, Paul Bérenger, Jean Sydney Pierre et moi-même, confiants de notre victoire le 11 novembre. Ce peuple doit retrouver sa dignité.

 

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