
Cinq ans après les premiers cas de COVID-19 à Maurice, des experts appellent à une vigilance accrue face aux crises sanitaires. Des progrès ont été réalisés, mais des lacunes persistent.
18mars 2020. Maurice connaît un tournant décisif de son histoire avec la détection des trois premiers cas de COVID-19 sur l’île. Cinq ans plus tard, bien que de nombreuses améliorations aient été apportées au système de santé public, la population doit demeurer prête à faire face à d’éventuelles nouvelles crises sanitaires, soulignent plusieurs experts.
Depuis le début de la pandémie, près de 40 000 cas de COVID-19 ont été enregistrés à Maurice, avec 1 025 décès liés à la maladie. Ces chiffres témoignent de l’ampleur de l’impact qu’a eu le virus sur la population. Il est essentiel d’en tirer les leçons pour se préparer à de futures crises sanitaires, plaide le Dr Fazil Khodabocus, directeur des services de santé.
L’une de ces leçons concerne notamment l’Infection Prevention Control (IPC), affirme Ram Nowzadick, président de la Nursing Association. La COVID-19 a été le « détonateur » d’une véritable prise de conscience de l’importance de la gestion des infections transmissibles dans les hôpitaux. « La pandémie a réveillé les autorités sanitaires sur la nécessité d’établir des lignes directrices strictes en matière d’IPC », explique-t-il.

LE DANGER DES MALADIES RESPIRATOIRES AIGUËS
Depuis, des formations régulières ont été organisées pour le personnel infirmier sur les bonnes pratiques en matière de contrôle des infections, et des « Nursing officers » ont été affectés dans chaque hôpital pour veiller au respect de ces protocoles. Ce que confirme le Dr Meetheelesh Abeeluck, président de la Government Medical and Dental Officers Association, qui rappelle également que des salles d’isolement ont été aménagées dans les hôpitaux, et des stratégies ont été élaborées pour placer les patients en fonction du nombre de cas.
« Grâce à l’expérience acquise pendant la pandémie, le personnel médical est désormais mieux préparé à gérer les maladies infectieuses », affirme-t-il. Il plaide également pour une vigilance constante afin de prévenir d’éventuels problèmes sanitaires à l’avenir.
Le National Infection Prevention Control (IPC) a été mis en place et des visites régulières sont effectuées pour garantir que les hôpitaux respectent les normes de prévention des infections, soutient le Dr Fazil Khodabocus. Grâce à l’appui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), des mesures ont été prises pour assurer que le personnel est correctement équipé et que des salles d’isolement sont disponibles dans tous les hôpitaux régionaux. Malgré les progrès réalisés, des efforts doivent encore être faits pour améliorer certains aspects du système, admet-il.
Le Dr Khodabocus insiste sur l’importance de ne pas sous-estimer les maladies respiratoires aiguës, qui peuvent provoquer de graves complications, et plaide pour une vigilance continue à cet égard. D’autant que la COVID-19 fait désormais partie des maladies respiratoires aiguës. Face au manque d’évaluation des symptômes persistants de la COVID-19 et des effets à long terme de la maladie, des précautions doivent être prises, notamment par les personnes souffrant de maladies chroniques.
Phénomène mal compris
C’est un point que soulève également le Dr Bhooshun Ramtohul, président de la Government Medical Consultant in Charge Association (GMCiCA). Il regrette l’absence d’évaluation approfondie des effets à long terme de la COVID-19, notamment en ce qui concerne le long COVID, un phénomène encore mal compris, ainsi que sur la vaccination. Aucune évaluation systématique n’a été menée pour analyser les symptômes persistants des patients et en tirer des conclusions qui permettraient de mieux gérer ces cas à l’avenir, déplore-t-il.
La pandémie, qu’il considère comme une « calamité », a mis en lumière les lacunes du système de gestion des urgences sanitaires, avance le Dr Bhooshun Ramtohul. S’il reconnaît qu’à l’époque, l’on savait peu de choses de la COVID-19, il déplore que cinq ans après, il n’y a pas eu de grandes améliorations dans les infrastructures hospitalières pour faire face à une crise sanitaire de cette envergure. « Hormis quelques petites améliorations, rien de spécifique n’a été mis en place pour préparer les hôpitaux à d’éventuelles pandémies futures », constate-t-il.
S’il est impossible d’être totalement préparé à une crise sanitaire de grande ampleur, cependant, des améliorations sur le plan administratif et logistique peuvent contribuer à une meilleure gestion, poursuit le Dr Ramtohul. Il cite notamment l’approvisionnement en produits pharmaceutiques et médicaux, ainsi qu’une formation continue du personnel médical et paramédical.
Il évoque la nécessité de mettre en place un comité de réflexion pour évaluer les succès et les échecs de la gestion de la pandémie, afin d’être mieux préparé à de futures crises sanitaires. « Il est préférable d’être proactif plutôt que réactif », insiste-t-il.
Complications rares
Les complications à long terme liées aux vaccins contre la COVID-19 sont extrêmement rares. Des études approfondies et une surveillance continue ont confirmé leur sécurité pour la grande majorité des personnes vaccinées.
Parmi les effets secondaires rares, mention est faite de la myocardite et de la péricardite, une inflammation du muscle cardiaque ou de son enveloppe, principalement observée chez les jeunes hommes. Ces cas restent peu fréquents et moins graves que ceux causés par d’autres maladies.
L’anaphylaxie, une réaction allergique sévère, touche environ cinq personnes sur un million et peut être prise en charge médicalement. Le syndrome de Guillain-Barré, où le système immunitaire attaque les nerfs, représente un risque infime. Un type rare de caillot sanguin dans le cerveau, la thrombose des sinus veineux cérébraux, a été associé à certains vaccins.
Les vaccins sont rapidement éliminés par l’organisme, notamment ceux à ARN messager qui se dégradent vite. Ils ont fait l’objet d’une surveillance sans précédent, et les effets secondaires apparaissent généralement dans les deux premiers mois suivant l’injection. Les autorités sanitaires soulignent que les avantages de la vaccination contre la COVID-19 l’emportent largement sur les risques, en réduisant considérablement les infections, les formes graves et les hospitalisations.
Source : L’OMS
Long COVID
Le long COVID touche environ six personnes sur 100 ayant contracté la COVID-19. Ses symptômes les plus courants incluent une fatigue persistante, un essoufflement, des douleurs musculaires ou articulaires et des troubles du sommeil. Ils apparaissent généralement dans les trois mois suivant l’infection initiale et durent au moins deux mois. Cette condition peut limiter la capacité des personnes à accomplir leurs tâches quotidiennes et réduire leur participation sociale.
Depuis le début de la pandémie, des millions de personnes ont été affectées par le long COVID. Si le risque de développer cette affection semble avoir diminué, le virus continue de circuler activement. Dans la région européenne de l’OMS, au moins 17 millions de personnes ont souffert du long COVID au cours des deux premières années de la pandémie.
Certains groupes sont plus à risque, notamment les femmes, les personnes âgées, les fumeurs, celles qui sont en surpoids ou souffrant de maladies chroniques. Une infection grave nécessitant une hospitalisation augmente également la probabilité de développer un long COVID. Les recherches en cours visent à mieux comprendre ses causes, qui pourraient inclure la persistance du virus dans l’organisme, des réactions immunitaires anormales, l’auto-immunité et la formation de micro-caillots sanguins.
L’OMS élabore des lignes directrices pour la prise en charge du long COVID, encourageant l’autogestion des symptômes, l’usage de médicaments adaptés et l’accès aux services de réadaptation. Elle exhorte les gouvernements à investir dans la recherche et la prise en charge des patients pour mieux répondre à cette problématique de santé publique.
Source : L’OMS

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