Ciblage de la pension de vieillesse - Sam Lauthan: «Ne pas politiser le débat»

Chaque samedi, l’équipe de l’émission « Au cœur de l’info » décortique l’actualité de la semaine. Les divers invités apportent, au micro de Jean-Luc Émile et Jugdish Joypaul, un nouvel éclairage aux débats en cours. Nous en reproduisons les extraits saillants. Ciblage de la pension de vieillesse - Sam Lauthan: «Ne pas politiser le débat» Vous étiez ministre de la Sécurité sociale lorsque le ciblage a été introduit en 2014. Pourquoi cette mesure ? À cette époque, les pays riches prenaient des mesures pour protéger leurs fonds de pension face à une population vieillissante. Il nous fallait en faire de même, mais nous ne pouvions prendre des mesures en isolation. Outre l’aspect investissement, il y a le prolongement de l’âge de la retraite et ensuite le ciblage. C’est-à-dire que des citoyens bénéficiant d’un certain niveau de revenus sont exclus de la pension de vieillesse. Le ciblage avait cependant été introduit à la veille des législatives et nos adversaires ont profité de la situation. Nous n’avions pas eu l’occasion d’en expliquer les avantages à long terme. Il nous faut aborder ce sujet de façon dépassionnée et sans arrière-pensée politique. Le ciblage a-t-il eu les effets escomptés ? Je n’ai pas les chiffres, mais les investissements avaient rapporté des millions en moins d’une année. Est-il judicieux de revenir avec le ciblage ? C’est aux politiques d’en décider. En tant que patriote, je souhaite des débats qui ne soient pas politisés, menés au niveau national, avec pour seul objectif : l’intérêt du pays dans 75 ans.

Histoire de culture

Pour le président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (Apec), la pension universelle de vieillesse est ancrée « dans la culture mauricienne ». « La remettre en question n’est pas dans l’intérêt du pays », dit Suttyhudeo Tengur. Pour lui, compte tenu des complications médicales, aucun revenu additionnel n’est de trop pour une personne âgée. Il prédit que le gouvernement « aura un prix politique très cher à payer » s’il introduit le ciblage. Quant à l’ancien directeur du budget, Ashok Aubeeluck, il soutient que les bénéfices du ciblage sont inférieurs au coût administratif d’une telle mesure. Il ajoute que Maurice « peut donner une leçon » à d’autres pays en termes de pension. Il concède que nous « faisons face au vieillissement de la population », mais soutient que d’autres mesures peuvent être prises pour résoudre le problème.

Eau: une hausse des tarifs justifiée ?

Pour Jayen Chellum, secrétaire de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), une augmentation des tarifs d’eau a « un lien direct » avec le projet de privatisation de la Central Water Authority. Jayen Chellum rappelle qu’en 2014, l’Alliance Lepep avait mené campagne sur une amélioration de la distribution d’eau. « On parlait du droit à l’eau pour tous... Donc, une hausse du prix de cette commodité n’est pas justifiée », affirme-t-il. Il n’est pas convaincu par les explications du ministre Ivan Collendavelloo au sujet du gaspillage. Le problème, selon lui, c’est que plus de 50 % de l’eau destinée à la distribution « se perd dans le réseau ». Le secrétaire général du MMM partage l’avis de Jayan Chellum. Ajay Gunness trouve « illogique » que le gouvernement donne de l’eau gratuitement à tous les ménages utilisant moins de six mètres cubes, tout en « compensant le manque à gagner par une augmentation ». Il trouve « injustifié » l’argument de modernisation du réseau de distribution. « Les automobilistes contribuent déjà Rs 4 par litre de carburant au Build Mauritius Fund à cet effet, dont l’un des objectifs est justement de moderniser le réseau de distribution d’eau », dit-il. Ce fonds, souligne-t-il, génère Rs 4,8 milliards. L’ancien directeur de la CWA, Harry Booluck, estime qu’une hausse des tarifs est justifiée, compte tenu des projets de développement que compte entreprendre l’organisme. Il pense, cependant, que cette hausse aurait dû intervenir après une amélioration dans la distribution.