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Chef Yu : une partition culinaire pour le réveillon

Depuis cinq ans, elle orchestre avec brio le gala du 31 décembre au SeaStar Hotel, à Flic-en-Flac.
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Chaque année, le réveillon de la Saint-Sylvestre est un moment crucial pour Ayushi Gooroochurn, alias Chef Yu. À 35 ans, elle est l’une des figures les plus respectées dans le milieu culinaire local, une professionnelle aguerrie et une véritable artiste de la cuisine. À la tête de Chef Yu Culture Limited, elle est consultante culinaire pour de nombreux établissements, notamment pour le SeaStar Hotel à Flic-en-Flac, où elle est responsable du gala du 31 décembre depuis cinq ans. 

chef-yuPour elle, le réveillon n’est pas juste un dîner festif : c’est une performance. « Je prépare des plats signature, cinq plats par personne, pour 100 couverts. Le défi est énorme, mais je le relève chaque année avec joie », confie-t-elle.

Dans sa cuisine, Ayushi Gooroochurn n’est pas simplement une cheffe, elle est une artiste. « Ma signature, c’est l’art comestible. Je veux que chaque plat raconte une histoire, qu’il provoque une émotion », précise-t-elle. Un chef-d’œuvre gastronomique où chaque élément est pensé dans les moindres détails, du goût à la présentation : « Mon but est de créer une expérience, pas juste un repas. »

Les horaires sont longs : de 11 heures à minuit, sans relâche, dans un tourbillon de chaleur, de passion et de créativité. « C’est épuisant, mais c’est aussi un moment de partage. Dans la cuisine, c’est un peu comme une grande famille. Nous travaillons dur, mais nous savons que nous allons offrir aux gens un moment inoubliable », explique-t-elle.

Au-delà des assiettes, le réveillon est aussi un moment de rassemblement pour Ayushi Gooroochurn. « Ce qui me motive, c’est de pouvoir inviter ma famille. C’est une grande fierté pour ma mère, qui a toujours cru en moi, même quand tout le monde pensait que je n’allais pas y arriver », avoue-t-elle.

Dans la cuisine, explique Ayushi Gooroochurn, alias Chef Yu, c’est un peu comme une grande famille. Elle évoque un moment de partage.
Dans la cuisine, explique Ayushi Gooroochurn, alias Chef Yu, c’est un peu comme une grande famille. Elle évoque un moment de partage.

Originaire de Quatre Bornes, Ayushi Gooroochurn raconte avoir toujours eu un lien particulier avec la cuisine. « Mon père avait un restaurant. C’était sa passion, et je l’ai observé pendant des années. C’est de lui que je tiens mon amour pour la cuisine, même si ce n’était pas toujours facile. C’est ma sœur qui m’a donné le nom de Chef Yu », raconte-t-elle. En 2009, après le décès de son père, elle décide de faire de cette passion un véritable métier.

Son parcours ne ressemble en rien à une simple ascension. Après avoir terminé ses études secondaires avec son Higher School Certificate en poche, elle s’oriente d’abord vers la filière « Fine Arts » à l’École des Beaux-Arts du Mahatma Gandhi Institute. « J’ai toujours été une créative, mais au bout d’un moment, je me suis rendu compte que mes toiles manquaient de saveur, de goût », explique-t-elle. 

C’est alors qu’elle décide de se réorienter vers l’art culinaire et la gestion hôtelière, et poursuit sa formation pendant trois années à l’École Hôtelière Sir Gaëtan Duval. Plus tard, elle s’envole pour la France, où elle complète son apprentissage avant de revenir à Maurice.

À travers ses plats, c’est une histoire que la chef Yu raconte.
À travers ses plats, c’est une histoire que la chef Yu raconte.

Son entrée dans le monde de la cuisine professionnelle fut loin d’être facile. « Je suis entrée dans la cuisine comme beaucoup d’autres, au bas de l’échelle. » Mais avec une détermination sans faille, Ayushi Gooroochurn gravit rapidement les échelons, devenant, en 2017, la plus jeune cheffe exécutive de l’île. « Je n’ai jamais pris de congé. J’ai toujours travaillé dur. Le métier est exigeant, stressant, parfois brutal. Mais c’est aussi ce qui m’a forgée et cela m’a valu une reconnaissance, faisant que des hôtels faisaient du ‘Head Hunt’ pour m’avoir chez eux », dit-elle.

Ayushi Gooroochurn n’est pas seulement une cheffe. Elle est un symbole de résilience, un modèle pour toutes les jeunes femmes qui rêvent de percer dans un milieu encore largement dominé par les hommes. « En 2010, j’étais la seule femme dans la cuisine, et je subissais souvent du harcèlement. Mais je ne me suis jamais laissée abattre. J’ai pleuré, je me suis coupée, je me suis brûlée plusieurs fois, mais à chaque fois, j’ai appris. C’est ce qui m’a rendue plus forte », affirme-t-elle, fière de son parcours.

Ses soeurs et sa mère sont son roc.
Ses soeurs et sa mère sont son roc.

Aujourd’hui, elle siège même dans des jurys de compétitions culinaires et forme de futurs talents en tant que Corporate Culinary Trainer pour le groupe Attitude Hotels. « Je crois que chaque obstacle est une occasion d’apprendre. Si une femme comme moi a pu percer, alors toutes les autres peuvent y arriver », déclare-t-elle.

Et lorsqu’on lui demande ce qu’elle souhaite pour l’avenir, sa réponse est simple : « Continuer à inspirer, à créer et à former. C’est mon héritage. »

  • defimoteur

     

 

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