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Cardiologie : rajeunissement et féminisation des maladies cardiovasculaires

Le Dr Kaviraj Bundhoo Le Dr Kaviraj Bundhoo, cardiologue attaché à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo.

Pour ce premier numéro d’Xplik ou K Santé de 2017, Sunil Gopal s’est intéressé aux maladies cardiovasculaires, qui prennent de plus en plus d’ampleur à Maurice. Il avait, comme invité, le Dr Kaviraj Bundhoo, cardiologue attaché à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, qui souligne un rajeunissement et une féminisation des cas.

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Un décès sur trois est lié aux maladies cardiovasculaires à Maurice. De plus, 7,5 millions de personnes meurent de suites de complications liées à ces maladies dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il est donc impératif de prendre cela en considération afin de remédier à la situation, lance le cardiologue Dr Kaviraj Bundhoo.

Citant une étude du Trust Fund for Specialised Medical Care (Cardiac Centre), le cardiologue indique que, sur 1 600 patients participant à l’exercice, une vingtaine était atteinte de maladies cardiovasculaires dans la tranche d’âge de 20 à 30 ans et au moins 70 étaient âgés entre 30 et 40 ans. Le Dr Bundhoo affirme ainsi qu’il y a un rajeunissement et une féminisation des maladies cardiovasculaire à Maurice.

En cause, l’industrialisation qui a entrainé un changement drastique dans le mode de vie. Les facteurs de risques des maladies cardiaques ont ainsi pris de l’ampleur, car « nombreux sont ceux qui ne pratiquent plus d’activités physiques », affirme le Dr Bundhoo. Selon les derniers chiffres disponibles, il y aurait seulement 28 % de la population à le faire régulièrement.

C’est ce qui a entraîné une hausse des maladies comme l’obésité, le diabète et l’hypertension, qui sont des facteurs de risque qui mènent vers les maladies cardiovasculaires. Le médecin explique également que, dans le passé, les hommes étaient plus touchés par ces maladies, car les femmes étaient naturellement protégées par leurs œstrogènes. « Avec les maladies non transmissibles, le pourcentage de femmes atteintes de maladies cardiovasculaires est presque similaire à celui des hommes désormais », dit-il.

Le cardiologue soutient qu’il y a plus de femmes qui sont touchées par le diabète que les hommes. Elles sont de plus en plus nombreuses à être affectées par l’obésité, le manque d’activités physiques et les méfaits du tabagisme. Ce qui fait qu’il y a eu une hausse des maladies cardiaques chez les femmes. Afin de remédier à la situation, Dr Bundhoo recommande une bonne alimentation et la pratique régulière d’une activité physique, soit une demi-heure par jour.

Traitement des maladies cardiovasculaires

Le traitement commence par la prévention, souligne le cardiologue. Tous les patients qui ont des facteurs de risque doivent les contrôler. « Par exemple, aux fumeurs, nous allons leur demander d’arrêter ou de diminuer, de réduire leur consommation de sel et de sucre et de matière grasse et de pratiquer une activité physique régulièrement. Avant d’arriver au traitement, il faut faire un dépistage au préalable. »

Toutes les infrastructures nécessaires pour le dépistage des maladies cardiaques sont disponibles dans les hôpitaux. « Si une personne est diabétique ou qu’il y a un ou plusieurs membres de sa famille qui sont atteints d’une maladie cardiovasculaire, elle devrait penser à se faire dépister. Cela, avant que le problème ne s’aggrave. Nous pourrons alors lui dire quelles sont les précautions et les médicaments à prendre. »

Trois types de traitements sont disponibles : médicamenteux, interventionnel (le placement d’un stent pour déboucher une artère) et le pontage (by-pass pour  régler les problèmes coronaires).

Il y a différents types de maladies

  • Maladie coronarienne. Elle affecte le plus les Mauriciens. Il s’agit des artères bouchées qui empêchent une bonne circulation du sang vers le cœur ; ce qui peut résulter en une crise cardiaque.
  • Arythmie cardiaque. C’est le cœur qui bât trop lentement, plus faiblement ou de manière irrégulière.  
  • Maladie du valve ou rhumatisme du cœur. Auparavant très commun, ce type de maladie semble être en baisse actuellement. On n’en recense qu’une dizaine à une vingtaine de cas par an.
  • Malformation congénitale. Elle affecte les enfants avant même leur naissance à la suite d’un problème dans la structure du cœur.
  • Artères bouchées. C’est un problème aux artères où les gros vaisseaux sont bouchés que ce soit au niveau du cerveau, du pied, du cœur et du rein.

Les facteurs de risque

Il y a deux groupes de facteurs de risque : modifiables et non-modifiables. Le premier englobe le diabète, l’hypertension, l’hypercholestérolémie, le tabagisme, l’abus d’alcool et le manque d’exercices physiques. Ils sont tous des facteurs sur lesquels on peut intervenir en changeant simplement son mode de vie, afin de prévenir les problèmes coronaires.

Les facteurs de risques non-modifiables sont ceux qui, comme son nom l’indique, sont irrémédiables. Par exemple, il y a le sexe. Selon les chiffres, les hommes sont plus susceptibles d’avoir une maladie cardiovasculaire que les femmes. Il en est de même pour le facteur génétique. Si un ou plusieurs membres d’une même famille est atteinte de maladie cardiovasculaire, il y a de plus grands risques que les autres en soient touchés également. Il est difficile d’intervenir à ce niveau là.

Concernant les facteurs génétiques, si un des membres féminin a eu des problèmes cardiaques avant l’âge de 65 ans ou qu’un des membres masculin la eu avant l’âge de 55 ans, il est recommandé de prendre ses précautions. Dès l’âge de 40, il faut faire des tests de dépistage concernant le diabète, le cholestérol et l’hypertension. Selon les statistiques, les personnes d’origines africaine et asiatique sont plus à risque à contracter une maladie cardiovasculaire.

Des campagnes au cœur de la sensibilisation

Le ministère de la Santé mène régulièrement des campagnes de prévention, que ce soit dans les écoles ou ailleurs. Des tests de dépistage sont effectués concernant le diabète ou l’obésité. On sensibilise également les élèves concernant ces maladies non-transmissibles ainsi que sur le tabagisme et les risques qu’ils représentent. Chaque année, à l’occasion de la Journée mondiale du cœur, l’on explique aux patients comment éviter les facteurs de risque et comment se protéger contres les maladies cardiovasculaires.

Les signes précurseurs

Une douleur cardiaque typique commence par lourdeur dans la poitrine gauche ou droite qui peut se prolonger jusqu’à l’épaule gauche et la mâchoire. La personne peut aussi ressentir les symptômes associés comme des vertiges, la transpiration froide, le manque d’air ou l’essoufflement en grimpant les marches des escaliers. On peut aussi remarquer qu’il est difficile de pratiquer des activités physiques simples. Ce sont là les signes qu’on est probablement atteint de maladie coronarienne.

 

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