De Rs 60 millions, le budget du Mauritius Sports Council est passé à Rs 100 millions pour l’année financière 2023-24. Comment ces Rs 40 millions seront-elles utilisées ? Éléments de réponse…
Le mandat du Mauritius Sports Council (MSC) est notamment d’assurer la gestion de plus d’une trentaine d’infrastructures sportives, telles que stades, gymnases, complexes sportifs et piscines, (voir liste plus loin). Il se trouve que son « recurrent budget » a augmenté de Rs 40 millions lors du dernier exercice budgétaire.
Un montant conséquent sur lequel son directeur, le Dr Bernard Baptiste, tient à faire la lumière. Il précise que cette somme n’est pas versée dans les comptes du MSC et que les paiements se font à travers des « paid claims ». « Il y a un contrôle très strict. ‘Here, we count each and every penny’. Certains croient que nous disposons de gros budgets. C’est faux. C’est juste que nous utilisons l’argent judicieusement », dit-il avec un brin d’humour.
Masse salariale
Comme dans de nombreux organismes parapublics, le MSC n’échappe pas au phénomène où c’est la masse salariale qui se taille la part du lion. Dans son cas, elle a été estimée à Rs 57 millions pour l’année financière 2023-24, soit 57 % du budget total. Interrogé à ce sujet, le Dr Bernard Baptiste indique que le MSC effectue des recrutements afin de constituer une équipe d’entretien. « Il y avait deux ‘handy workers’ qui faisaient office de plombiers. Nous avons engagé un plombier attitré et il se peut qu’on en prenne un deuxième prochainement. Nous avons aussi recruté deux électriciens et un soudeur additionnel », dit-il.
Afin de consolider son équipe d’entretien, le MSC compte aussi s’attacher les services d’ingénieurs pour ses sites considérés comme complexes. Le directeur ajoute que l’organisme procède aussi à un renouvellement de ses employés au poste de « handy worker ». « 70 % de ceux dont nous disposons actuellement sont âgés de 50 ans et plus. Certains partiront prochainement à la retraite. Ce qui fait que le budget prévoit aussi le paiement des ‘lump sums’ », dit-il.
Sans compter, poursuit-il, le paiement des heures supplémentaires. Il cite l’exemple des piscines où les opérateurs de chaudières prennent leur service à 3 heures. « Les autres commencent à arriver à partir de 5 heures. Alors qu’ils doivent normalement terminer à 15h15, certains restent jusqu’à 20 heures. Pour cela, non seulement il y a des heures supplémentaires à payer, mais nous avons aussi dû solliciter les services de sauveteurs à temps partiel pour assurer la sécurité des utilisateurs de nos piscines », déclare le trentenaire.
Entretien des sites
Le coût pour l’entretien des 36 sites tombant sous la responsabilité du MSC est passé de Rs 2 millions à Rs 9 millions. Le Dr Bernard Baptiste explique que jusqu’ici, les frais étaient partagés avec le ministère. « Mais à partir de maintenant, c’est le MSC qui a la gestion de la totalité du budget consacré à l’entretien », souligne-il.
En sus d’une réduction du délai des procédures d’acquisition et de réparations, le Dr Bernard Baptiste confie que cela permettra au MSC de faire désormais du « preventive maintenance ». Ce qui implique de prendre des mesures en amont afin qu’aucun site ne se retrouve dans l’obligation de fermer ses portes pour des réparations et autres. Le coût de cette mesure préventive a été estimé entre Rs 23 000 et Rs 25 000 par mois pour chacun des 36 sites.
« Ce montant servira aussi à constituer un stock de matériel couramment utilisé sur les sites. À titre d’exemple, nous ne serons plus obligés de garder des gymnases fermés parce que des ampoules ont brûlé et qu’il faut faire le tour des fournisseurs pour obtenir les différentes ampoules installées sur un même site au fil du temps », souligne-t-il.
Services de sécurité
Le budget pour assurer la sécurité sur les sites du MSC a plus que doublé, passant de Rs 4,8 millions à Rs 11,5 millions pour l’année financière 2023-24. Le but est de pouvoir faire face aux actes d’incivisme dont feraient l’objet des sites du MSC, à en croire son directeur. Parmi : les piscines où plusieurs vols auraient été recensés. « Ils volent le carburant nécessaire au fonctionnement des chaudières et des pompes. Il y a aussi, de temps en temps, des personnes qui escaladent les murs pour venir nager en douce le soir », soutient-il.
À la piscine Serge Alfred, malgré la présence de deux vigiles déjà, le MSC dit contempler l’idée d’y affecter un troisième. « Nous avons récemment eu un cas où des personnes ont envoyé des pierres depuis l’extérieur », dit-il.
Les stades aussi sont parfois la proie des voleurs. Ce sont essentiellement des câbles électriques et des disjoncteurs qui sont emportés. Le nombre de vigiles devrait être augmenté au stade de Bambous où deux kilomètres de câbles électriques auraient été volés.
Les quatre Outdoor Education & Recreation Centres bénéficient d’une attention particulière du MSC où des jeunes des Grades 10 à 15 viennent souvent passer la journée ou séjourner dans le cadre d’un programme d’activités en extérieur. Selon le Dr Bernard Baptiste, le MSC a investi dans l’acquisition d’équipements sportifs, tels que des Stand-up Paddle Boards, des Dragon Boats, des VTT et des kayaks.
« D’où la nécessité d’avoir un niveau de sécurité renforcé dans ces centres. En sus de la présence de vigiles, la compagnie de sécurité fait des patrouilles régulières. Des caméras de surveillance ont aussi été installées », déclare le Dr Baptiste.
« Utilities » / Fuel
Le budget des « utilities » a aussi doublé, passant de Rs 4 millions à Rs 8 millions. Le Dr Bernard Baptiste avance deux raisons pour le justifier. D’abord, il explique que le MSC s’est vu confier le paiement des « utilities » – c’est-à-dire les factures des services publics (eau, électricité, etc) – de sites additionnels : cinq piscines, quatre Outdoor Education & Recreation Centres et le centre national de Badminton.
Ensuite, il met en avant une hausse de 30 % du prix de l’électricité. Pour ce qui est du carburant, nécessaire au fonctionnement des chaudières des piscines, la note est passée de Rs 4,3 millions à Rs 9 millions. Le trentenaire précise que les piscines utilisent environ 125 000 litres de carburant par an.
Équipements
Le coût des équipements utilisés par le MSC est passé de Rs 500 000 à Rs 5,2 millions. Le Dr Bernard Baptiste parle d’une hausse importante des prix des équipements. « Ceux des Personal Protective Equipments (PPEs) ont grimpé de 3,5 fois », dit-il. Il indique que le MSC compte aussi acquérir de nouveaux équipements, tels que des débroussailleuses, des tondeuses à gazon et des Blowers. « Les estimations incluent le coût de l’entretien de ces appareils, nécessaires après un certain nombre d’heures d’opération. Cela reviendra à Rs 57 000 environ à chaque fois que nous enverrons ces appareils pour être entretenus », dit-il.
Location des sites : Rs 4,5 millions récoltées en 2022-23
Le MSC a récolté environ Rs 4,5 millions à travers la location des infrastructures sportives pour l’année 2022-23, et ce alors qu’il tablait sur Rs 7 millions. Le Dr Bernard Baptiste a tenu à défendre les tarifs pratiqués par le MSC pour la location des facilités sportives au public. Pour lui, c’est faux de croire que le MSC fait de « gros profits ». Cet argent, dit-il, sert essentiellement à payer les heures supplémentaires des employés qui sont postés sur ces sites.
Les piscines ont rapporté environ Rs 1,8 million pour la précédente année financière. Selon ses explications, la location d’un couloir de piscine pour une heure est de Rs 300. « Six personnes peuvent l’utiliser. Ce qui revient à Rs 50 par personne pour une heure, et ce, alors que l’opération d’une piscine revient à Rs 13 900 par heure », dit-il.
Idem, poursuit-il, pour les stades de foot, loués entre Rs 300 et Rs 600 au public, « alors qu’au moment où les lumières sont allumées le soir, cela reviendrait entre Rs 2 500 à Rs 4 000 par heure ». Pour les quatre Outdoor Education & Recreation Centres, le tarif est de Rs 1 500 pour une journée s’étalant de 9 heures à 15 heures.
Infrastructures vétustes
Les infrastructures sportives gérées par le MSC font parfois l’objet de critiques de la part des utilisateurs. Une situation que le Dr Bernard Baptiste impute à deux facteurs principalement. D’abord, il y a la vétusté des sites qui dateraient, pour certains, de plusieurs décennies.
C’est le cas notamment de la piscine Serge Alfred qui aura 40 ans l’année prochaine. Ce qui nécessiterait un plus grand entretien ainsi qu’une plus grande expertise, à en croire le directeur du MSC. « Pour vous donner une idée, le fonctionnement de la piscine Serge Alfred coûte environ Rs 275 000 par mois au MSC », dit-il.
Ensuite, bien que la gestion des infrastructures sportives ait été confiée à l’organisme, dans certains de ces sites, ce sont des employés du ministère concerné qui y sont postés. « Les procédures étaient assez complexes parfois et prenez du temps. Maintenant, la ligne hiérarchique appropriée a été établie. Sans compter le fait que le MSC a, depuis, pris la gestion de plusieurs sites, en l’occurrence toutes les piscines. Ce qui nous permet d’agir plus promptement », dit-il.
Un BMX Park
Un montant de Rs 10 millions a été octroyé au MSC comme « capital budget » pour l’année financière 2023-24. Cette enveloppe, selon nos informations, servira à la concrétisation d’un BMX Park actuellement en construction. D’ailleurs, 40 % des travaux de ce parc, considéré comme une première dans la région, seraient déjà achevés.
Liste des infrastructures sportives gérées par le MSC
Piscines : Le Pavillon Swimming Pool, Serge Alfred Swimming Pool, Souvenir Swimming Pool, Rivière du Rempart Swimming Pool et Mare d’Albert Swimming Pool.
Stades/terrains de foot : Anjalay Stadium, Auguste Vollaire Stadium, Harry Latour Stadium, Germain Comarmond Stadium, New George V Stadium, Quartier Militaire Stadium, Rohit Boolakee Stadium, St-François-Xavier Stadium, Rose Belle Stadium, Sir. R. Ghurburrun Stadium, Arsenal Football Ground et Morcellement St Andre Football Ground.
Gymnases : Phœnix Gymnasium, Pandit Sahadeo Gymnasium, Bon Accueil Gymnasium, National Table Tennis Centre, National Judo Centre, National Weightlifting Centre, National Wrestling Centre, National Boxing Centre, National Badminton Centre, Small DOJO (GRNW), Rose Hill Sports Complex et Glen Park Multipurpose Complex.
Outdoor Education & Recreation Centres : Ceux d’Anse La Raie, de Pointe-Jérôme, de Flic-en-Flac et de Belle-Mare.
Le chiffre
111 464
Il s’agit du nombre d’adultes ayant participé à des activités sportives dans les infrastructures accessibles au public durant l’année financière 2022-23 (chiffre provisoire ; NdlR). L’objectif du MSC est de doubler ce chiffre pour arriver à 203 000 adultes d’ici 2026.
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