Si les mesures appropriées ne sont pas prises, la broncho-pneumopathie chronique obstructive pourrait être la troisième cause de décès dans le monde d’ici 2030, affirme le Dr Rishi Ray Purryag, pneumologue au ministère de la Santé. Il était l’invité de Gilbert Bablee dans l’émission Xplik ou K Santé sur Radio Plus.
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La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) touche plus d’un millier de personnes à Maurice chaque année. À la différence de l’asthme, dont les symptômes peuvent disparaître après les traitements appropriés, la BPCO est incurable. Elle est une maladie progressive dont les effets ne sont pas réversibles, selon le Dr Rishi Ray Purryag. « Si les mesures appropriées ne sont pas prises dès qu’on a la maladie, les bronches vont continuer à se serrer de façon permanente et les médicaments ne pourront pas aider à un stade avancé de la maladie », explique le pneumologue du ministère de la Santé.
La BPCO se manifeste dès l’âge de 40 ans mais est une maladie sournoise, c’est-à-dire qu’elle ne présente pas de symptômes aux premiers stades de la maladie. Toutefois, certains signes ne sont pas à négliger : toux persistante et flegme que beaucoup attribuent aux effets de la cigarette, tout comme les essoufflements. Souvent banalisés, ils peuvent être les premières manifestations de la maladie. Le dépistage précoce est donc d’une importance vitale pour une meilleure prise en charge et une plus grande réussite du traitement, souligne le Dr Purryag.
Principales causes
La BPCO est causée par la cigarette dans 90 % des cas. Elle affecte non seulement le fumeur mais aussi son entourage à travers le tabagisme passif, c’est-à-dire la fumée de la cigarette que respire un non-fumeur. « Respirer la fumée de deux cigarettes équivaut à fumer une cigarette », soutient le Dr Purryag. Il affirme cependant que seulement 25 % des fumeurs sont touchés par la BPCO. Celle-ci peut aussi être causée par la fumée du cannabis et une infection pulmonaire pendant l’enfance, prédisposant ainsi une personne à contracter la maladie en raison des dommages déjà causés à ses poumons.
Parmi les personnes les plus exposées à la maladie, il y a celles qui travaillent dans un environnement polluant : fumée de cigarette ou industrielle, poussière toxique ou organique comme dans les industries de textile ou encore la poussière de ciment sur les chantiers de construction par exemple. Les menuisiers et ceux qui travaillent dans l’industrie métallurgique doivent aussi faire attention ainsi que ceux utilisant le bois ou le charbon pour leur cuisson, souligne le Dr Purryag. Les asthmatiques devront aussi être prudents, particulièrement ceux qui négligent leur traitement et ne contrôlent pas bien leur maladie. « Une maladie de l’asthme de longue durée et qui a été mal traitée peut se développer en BPCO », explique-t-il.
Les symptômes
La BPCO peut évoluer pendant longtemps sans présenter de symptômes significatifs. Il est important de détecter la maladie tôt car le traitement sera plus facile et efficace pour l’empêcher de progresser.
À partir de 40 ans, il faut être attentif à la toux le matin au réveil, ainsi qu’aux flegmes dans la gorge. A priori anodine, cette toux peut devenir plus persistante et fréquente et la quantité de flegme peut augmenter.
Un essoufflement à l’effort qui se manifeste au repos est aussi une indication de la présence de la BPCO. Parmi les autres signes, le fait de marcher moins vite que les autres personnes du même âge, un essoufflement quand on grimpe les marches des escaliers ou pendant des simples gestes du quotidien comme se coiffer, se brosser les dents ou s’habiller. Ces simples tâches peuvent devenir difficiles à effectuer petit à petit. D’où l’importance de détecter la maladie dès le début.
Les fumeurs et ceux qui se sentent concernés par rapport à leur métier devraient se tourner vers un service de santé pour faire un constat sur leur état de santé. Pour les fumeurs, il est primordial d’arrêter immédiatement la cigarette.
Le dépistage précoce est important car c’est une maladie qui est irréversible et progressive. Avec le temps, cela va occasionner des dommages et même la médecine ne pourra rien faire, jusqu’à nécessiter un traitement avec masque à oxygène.
Journée mondiale : «Respirer dans la connaissance»
La Journée mondiale contre la broncho-pneumopathie chronique obstructive est observée le 16 novembre. Elle vise à sensibiliser le public à cette maladie qui semble être méconnue. C’est l’occasion également de parler des symptômes et des moyens pour éviter la maladie. Le thème choisi cette année était : « respirer dans la connaissance ». Cela, afin de faire prendre conscience que la qualité de l’air respiré peut avoir une incidence sur les poumons. D’où l’importance d’éviter toute forme de pollution qui peut être causée par la fumée de cigarette, des véhicules, des industries, la poussière sur les chantiers de construction ou encore l’odeur très prononcée de certains détergents à usage domestique.
Traitements médicaux et non médicaux
Deux types de traitements sont disponibles pour soigner la BPCO : le bronchodilatateur pour dilater les bronches et une pompe à base de cortisone. En cas de surinfection des poumons, des antibiotiques sont aussi donnés aux patients. En cas de BPCO sévère, le patient a droit à un masque à oxygène pour avoir une aide supplémentaire pour faciliter sa respiration. La cigarette doit être bannie chez les patients atteints de BPCO, car elle va amoindrir leur capacité respiratoire et cardiaque. Cela aura pour conséquence de diminuer leur apport en oxygène dans le corps et leur capacité à marcher. Adopter une bonne alimentation, surtout riche en protéines, est important car la difficulté respiratoire peut entraîner un dessèchement des muscles. Le surpoids est à éviter également tout comme les produits nocifs, les détergents et la fumée. Cela peut avoir des effets néfastes sur la maladie.
Faits et chiffres
- Plus de 3 millions de personnes sont mortes de la broncho-pneumopathie chronique obstructive en 2012. Ce chiffre représente 6 % des décès survenus dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la Santé.
- Plus de 90 % des décès par BPCO surviennent dans des pays à revenus faible et intermédiaire.
- La fumée de cigarette (tabagisme actif ou passif) est la principale cause de BPCO.
- La BPCO touche autant les femmes que les hommes.
- On ne guérit pas de la BPCO, cependant les traitements disponibles peuvent ralentir l’évolution de la maladie.
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