Pour Brinda Monplé, il faut se saisir de toutes les opportunités d’emplois, même les plus contrastées, pourvu qu’elles soient sources de revenus et permettent de vivre décemment. La quadragénaire, domiciliée à Belle-Rose, exerce avec le même bonheur le métier de cordonnier et celui de ‘caterer’.
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Le lundi 5 décembre, Brinda a eu du pain sur le plancher : à Floréal, où elle loue un espace pour son atelier de réparation de chaussures et sacs, elle doit livrer des commandes, puis, en fin d’après-midi, elle doit filer illico presto à Candos, où les services de sa société, Brinda Service, ont été retenus pour un ‘chowtari’. « Je vais y aller pour assurer la mise en place en compagnie de quatre jeunes serveurs », explique-t-elle.
Huitième enfant au sein d’une famille qui en compte douze, Brinda a arrêté l’école en 6e. « C’était difficile pour mon père, maçon de profession et ma mère, femme au foyer, de scolariser tous les enfants », explique-t-il. Lorsqu’elle quitte l’école, elle part s’initier au métier de cordonnier dans un atelier situé à la Route Royale, à Belle-Rose. « Depuis l’enfance, j’allais souvent là-bas, j’étais fascinée par ce travail. Je voulais en faire mon métier », se souvient-elle encore.
À 17 ans, elle se lance dans l’aventure, et commence par le bas : la découpe du cuir synthétique pour les savates et l’utilisation de la colle. Durant presque deux ans, dans cet atelier qui emploie une dizaine d’ouvriers, elle s’applique rigoureusement, avec une paye de Rs 200 à la semaine. « Il y avait du boulot parce qu’il n’y avait pas encore de concurrence dans le domaine de la chaussure ».
Après son mariage, elle suit son époux à Cité La Caverne et se met à la recherche d’une autre cordonnerie dans la localité. « Une amie m’apprend qu’on recrutait dans un atelier, j’y vais tout de suite. Le propriétaire était étonnée de voir une femme se présenter », sourit-elle. Mais, pour Brinda, l’occasion était trop belle, car elle allait pouvoir travailler sur une machine à coudre. « À chaque fois que j’ai changé d’atelier, précise-t-elle, j’ai toujours été motivée par le souci d’apprendre, j’ai toujours su que c’était un métier d’avenir, car les chaussures sont une commodité dont tout le monde se sert, surtout chez les femmes où ce sont les talons qui sont les plus abîmés. »
Deux responsabilités
Durant cinq ans à La Caverne, elle passe de l’atelier au magasin, qui est attenant, appartient au même propriétaire et vend des chaussures. « Comme j’avais le sens de l’accueil et j’avais une solide expérience dans les chaussures, je n’ai eu aucun problème à alterner les deux responsabilités. Puis, je recevais une bonne salaire », indique-t-elle. Après l’atelier de La Caverne, qu’elle quitte parce que le travail commençait à souffrir rudement de la concurrence des chaussures importées, elle part dans un centre commercial, ou elle est affectée au service des emballages.
Un peu plus tard, lasse de ce travail sans lendemain, elle souhaite se reconnecter avec son métier. Elle réussit à mettre la main sur un petit local, à coté de l’usine Floreal Knitwear, où il fallait tout juste quelques aménagements pour installer son atelier. « J’ai mis des rayons au mur, puis une petite véranda pour accueillir les clients. Au départ, c’était dur. Ce que j’ai fait, j’ai apporté les chaussures de mes proches, que j’ai retravaillées. Aussi, les passants m’ont vue en plein travail et c’est comme ça que je me suis fait connaître ».
Aujourd’hui, son atelier est devenu une adresse importante dans un monde où les femmes constituent une population active dans les toutes les professions de l’île. « Toutes ne peuvent pas se payer une nouvelle paire de chaussures tous les six mois, aussi dès qu’un bon-bout de talon se casse, elles viennent à l’atelier. Comme elles en ont besoin rapidement, je me fais un devoir d’effectuer les réparations dans les délais », dit-elle.
Si son atelier tourne toujours à plein rendement, surtout durant cette période où elle recoud les semelles de chaussures pour les écoliers, elle prend aussi à cœur sa deuxième activité, le catering. « En ce moment, ma société emploie à temps partiel 20 jeunes. Je fais appel à eux en fonction des endroits où mes services sont requis et qui sont plus proches de leurs domiciles. Ils sont tous des jeunes expérimentés, que j’ai réussi à attirer grâce à de bonnes rémunérations. C’est un service qui est très exigeant, à la fois en termes de qualité de service et en offres alimentaires », explique Brinda.
Le catering, une activité en progression
Brinda Monplé entrevoit de belles perspectives pour sa petite société engagée dans le catering, mais encore faut-il que les normes de qualité soient au rendez-vous. « J’ai suivi un stage de formation au sein d’un groupe féminin à la Caverne. C’est comme ça que je me suis spécialisée dans ce domaine. Comme je l’ai fait dans la cordonnerie, j’ai voulu faire les choses de manière professionnelle », explique-t-elle.
Dès qu’elle enfile ses habits de ‘caterer’, elle n’est plus la même personne, l’état d’esprit lui-même s’est recentré vers le management de ses employés. « Il s’agit d’être au plus haut niveau possible. Le comportement des jeunes, filles et garçons, doit être sans tache. Le mental doit être fort, car dans une fête où l’alcool est omniprésent, il faut être capable de se maîtriser face à des situations compliquées ». C’est surtout au chef de groupe que revient la tache de recadrer ses troupes à certains moments.
« Il faut, en amont, être très rigoureux dans les recrutements, et en aval, gérer les moindres mouvements et dialogues entre les convives et mes employés. Mais, à ce jour, je me réjouis que tout est sous contrôle, d’autant que le secteur du catering est une activité en progression », déclare Brinda Monplé.
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