Le choix de Shakeel Mohamed comme leader de l’opposition par le Parti travailliste (PTr) a suscité une série de réactions divergentes dans la sphère politique. Il a été accueilli par certains avec autant d’enthousiasme que la nouvelle saison des pluies pendant une sécheresse, ou encore comme le retour de ce poste constitutionnel aux travaillistes. Mais pour d’autres, c’est comme recevoir une invitation à une fête où le gâteau est déjà moisi, c’est-à-dire du réchauffé !
Cette nomination intervient dans un contexte marqué par le départ de Xavier-Luc Duval, contraint de démissionner de ses fonctions de leader de l’opposition à la suite de l’éviction du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) de l’alliance PTr-MMM-PMSD qui était en perpétuelle construction.
Pour certains, le choix de Shakeel Mohamed s’impose comme une évidence. En tant que député chevronné de la circonscription n°3 (Port-Louis Maritime/Port-Louis Est), il jouit d’une solide expérience parlementaire et d’une remarquable éloquence, maniant aussi bien la langue de Molière que celle de Shakespeare.
Son discours, souvent empreint de profondeur, promet des échanges animés avec le Premier ministre Pravind Jugnauth, notamment lors des séances de questions parlementaires. Son bagage d’avocat lui confère une capacité à pousser l’adversaire dans ses retranchements, voire à le tourner en dérision.
Il est indéniable que l’ascension de Shakeel Mohamed dynamisera cette tranche des questions parlementaires. Elle mettra à l’épreuve la présidence de Sooroojdev Phokeer, qui l’a déjà expulsé à plusieurs reprises pour ses remarques acerbes.
Toutefois, certains s’inquiètent des possibles effets néfastes de cette nomination sur le PTr et sur l’alliance PTr-MMM version 2024. Shakeel Mohamed est réputé pour son tempérament impulsif et son aversion à être contredit. Sa propension à la confrontation pourrait compromettre la stratégie politique de l’opposition, notamment face aux provocations de la majorité parlementaire.
De plus, les allusions du Premier ministre à de potentielles révélations compromettantes sur le leader de Shakeel Mohamed ajoutent une dimension d’incertitude quant à son impact sur l’électorat, en particulier dans les zones rurales où le MSM de Pravind Jugnauth cherche à consolider son assise électorale.
Le choix de Shakeel Mohamed est également perçu comme étant déroutant par certains observateurs politiques qui s’attendaient à ce que le député Ritesh Ramphul soit désigné à ce poste. Le gendre de l’ancien président de la République, Kailash Purryag, était un des rares candidats du PTr à avoir pu se faire élire dans une circonscription rurale aux élections de 2019. Même Navin Ramgoolam y avait mordu la poussière. Ritesh Ramphul était sorti en tête de lice avec 43 % de votes dans la circonscription n°12 (Mahébourg/Plaine-Magnien) devançant deux candidats du MSM.
Aux yeux de certains, Ritesh Ramphul incarne une alternative prometteuse pour le PTr et par ricochet pour l’alliance PTr-MMM, notamment en raison de sa capacité à mobiliser l’électorat rural. Son profil aurait pu assurer une transition de leadership en douceur au sein du PTr, offrant une perspective à long terme pour le parti.
Cette décision soulève donc des interrogations légitimes quant aux motivations de Navin Ramgoolam, leader du PTr. Son choix en faveur de Shakeel Mohamed semble privilégier une approche à court terme, axée sur la déstabilisation du gouvernement actuel, au détriment d’une vision à plus long terme pour le parti. Cette stratégie pourrait s’avérer risquée, notamment si elle compromet la crédibilité et l’unité de l’alliance de l’opposition.
En définitive, le PTr a préféré sacrifier le long terme pour des gains à court terme. L’avenir dira si la décision de Navin Ramgoolam était avisée, tant sur le plan tactique que stratégique.
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