La grande parade du 1er-Mai approche à grands pas et avec elle, l’inévitable spectacle de duels d’ego entre les leaders des deux blocs en présence, surtout en marge des prochaines élections générales. Le MSM et ses acolytes tout comme l’alliance PTr-MMM rivalisent d’ingéniosité pour gonfler leurs rangs, dans une bataille où la taille de la foule est présentée comme le principal baromètre de popularité. Alors que c’est tout à fait faux.
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Mais derrière cette bataille pour attirer les foules se cache un jeu bien plus complexe et subtil. On assiste à un véritable cirque politique, où chaque camp déploie une stratégie désespérée pour convaincre les électeurs de l’étendue de son soutien populaire.
Et que dire de nos chers leaders politiques, qui semblent parfois vivre dans une bulle spatio-temporelle où les méthodes politiques des années’ 60 et 70 sont toujours à la mode ? Ils continuent de jouer à un jeu archaïque, ignorant les changements sociétaux et technologiques qui ont transformé le paysage politique.
Alors que la majorité de la population préfère suivre les discours politiques depuis le confort de son salon, les leaders persistent à investir des sommes astronomiques dans la mobilisation et le transport de partisans, comme s’ils étaient restés figés dans les années’ 60.
Mais dans cette course effrénée vers les sommets de la popularité, les politiciens oublient un détail crucial : la réalité. Entre le 1er-Mai et les élections, beaucoup d’eau coulera sous les ponts de la politicaillerie. Le paysage politique peut changer plus rapidement que les promesses électorales.
En politique, comme dans le désert, les mirages sont monnaie courante. Si aujourd’hui une alliance peut se targuer d’attirer la plus grosse foule, demain elle pourrait bien se retrouver dans le rouleau compresseur de la défaite. Les foules peuvent être impressionnantes, mais les urnes sont impitoyables. Comme le soulignait si justement George Orwell : « À une époque de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire. »
Les leçons du passé sont pourtant là pour nous rappeler que les rassemblements en fanfare ne garantissent en rien une victoire électorale. Pourtant, les leaders politiques le savent mieux que tout le monde. Prenons un exemple récent. Pas plus loin qu’en 2014, l’alliance PTr-MMM avait mobilisé les foules, jusqu’à imaginer un score de 60-0.
Elle avait toutefois vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué car comme une baleine bleue, l’alliance MSM-PMSD avait surgi pour l’écraser. En seulement un mois, l’engrenage rouge-mauve avait été enrayé par des grains de sable, dont certains étaient inattendus, à l’instar du projet de IIe République, allusion au « requin blanc », entre autres.
Rien ne dit que cette année, la route du MSM et de ses partenaires ne sera pas parsemée d’embûches. Bien que Pravind Jugnauth promette « de mettre K.-O. » ses adversaires ! Entre six et neuf mois, du 1er-Mai aux élections générales, c’est beaucoup trop long en politique. L’engrenage orange risque d’être exposé à une tempête de sable avec des conséquences très graves. Pour cela, le leader du MSM ne doit pas être trop confiant et baisser la garde car il risquerait d’encaisser un violent uppercut. Navin Ramgoolam et Paul Bérenger n’ont pas encore dit leur dernier mot.
Si la foule compte peu à l’ère numérique où les meetings sont retransmis en direct, les leaders politiques doivent soigner leurs discours pour convaincre, surtout la masse silencieuse, sur leur projet de société pour les cinq ans à venir. Pour cette raison évidente, ce 1er-Mai, nos chers politiciens ne devront pas rester figés dans le passé comme des fossiles et continuer à nous servir les mêmes platitudes usées jusqu’à la corde.
Les discours enflammés et les attaques personnelles ne suffisent plus à masquer l’absence de véritable vision politique. Comme l’a écrit Samuel Beckett : « L’habitude est une grande sournoise. » Les grands meetings sont comme un spectacle de cirque : beaucoup de bruit, peu de substance, et parfois un clown qui finit par remporter la mise. Ou encore, c’est comme une grande kermesse où les politiciens rivalisent pour voir qui peut raconter les plus belles histoires à faire bondir les partisans, pendant que la masse silencieuse regarde, sceptique, en se demandant si elle doit rire ou pleurer.
Nos politiciens devraient se rappeler que la foule n’est pas dupe. Dans ce contexte électoral, ceux qui seront applaudis dans les salons ne seront pas ceux qui auront le mieux chauffé la foule, mais ceux qui auront proposé des solutions tangibles aux défis auxquels le pays est confronté. Dans ce jeu d’illusion et de bluff, ce sont les électeurs qui détiennent les cartes. Ils ne se laisseront pas duper par des promesses vides et des discours creux. Comme le disait si sagement George Bernard Shaw : « Les politiciens sont les mêmes partout. Ils promettent de construire un pont même là où il n’y a pas de fleuve. »
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