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Blackout énergétique : entre appréhension et mauvaise planification

Le risque de blackout a été brandi par le ministre des Services publics et de l’Énergie, Ivan Collendavelloo, si le projet de Combined Cycle Gas Turbine n'est pas concrétisé. Une déclaration qui n’a pas nécessairement convaincu.

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Le Central Electricity Board (CEB) est-il sur la corde raide ? Le débat autour de la capacité du CEB à assurer une bonne fourniture énergétique fait rage, depuis que le CEB a, depuis l’année dernière, enclenché les procédures afin de réaliser le projet de Combined Cycle Gas Turbine (CCGT). Un projet qui ne cesse de faire polémique et qui divise, que ce soit parmi les techniciens du CEB ou même au sein du gouvernement. Difficile donc d’avoir une réponse tranchée sur la question. Au sein de l’organisme, aucun technicien ou membre du board ne veut s’aventurer à commenter publiquement ce projet. D’un côté, ceux qui sont pour font profil bas de peur de froisser une section de l’Hôtel du gouvernement et, de l’autre, ceux qui sont contre refusent de le dire ouvertement, de peur de se mettre à dos le ministre de tutelle du CEB, Ivan Collendavelloo. 

Mais les faits demeurent que le CEB a, pour la période d’été prenant effet en octobre 2018 jusqu’au 22 janvier 2019, enregistré un pic énergétique record : 492 mégawatts, alors que ses projections énergétiques étaient de 478 mégawatts (voir tableau plus loin pour les projections de 2015, 2016 et 2017). Une source proche du dossier, qui se dit convaincue de la nécessité de ce projet, soutient qu’il faudra s’attendre à d’autres pics records pour la fin d’année 2019. « Ce ne sera pas étonnant si l’on franchit la barre des 500 mégawatts. Les gens disposent désormais d’un pouvoir d’achat important, ce qui leur permet d’acheter des climatiseurs et des ventilateurs et avec le changement climatique, on doit s’attendre à une plus grande consommation énergétique », avance-t-elle. Il faut aussi, selon cette même source, prendre en compte les projets qui vont être mis en chantier en 2019. « Le Metro Express aura besoin de 11 mégawatts alors qu’il nous faudra générer une moyenne de 10 mégawatts additionnels pour les projets de Smart Cities qui ne vont pas tarder à sortir des terres », ajoute notre interlocuteur. 

En parallèle avec le CCGT, le CEB a aussi mis en route d’autres projets, notamment la réhabilitation de la centrale énergétique de St-Louis, ainsi que la construction d’un Labyrinth Type Fuse-Gates à Sans Souci, d’un coût de quelque Rs 150 millions. « Mais ce sont des projets mineurs qui vont certes augmenter notre capacité énergétique, mais en termes de puissance ce ne sera pas suffisant pour pallier à la demande croissante énergétique », tient à faire ressortir notre source. S’agissant du stock d’énergies renouvelables, le pays peut à ce jour compter sur quatre fermes solaires et, d’ici la fin de cette année, l’on devrait en compter onze au total, ce qui passera le stock énergétique à quelque 30 mégawatts. « Cependant, ce sont des sources d’énergies intermittentes sur lesquelles l’on ne peut se reposer », dit notre source. 

L’ancien président de l’Energy Efficiency Management Office (EEMO), Khalil Elahee, aborde la question du pic énergétique sous un angle différent. Il laisse comprendre que le record de consommation qui a été enregistré ne doit nullement surprendre. « L’Integrated Electricity Plan du CEB de 2013 prévoyait une consommation de 492 MW pour 2016. Nous l’atteignons avec deux ans de retard. Entre-temps, il y a eu des capacités additionnelles installées à St-Louis mais d’autres aussi en termes de renouvelables », fait ressortir l’expert dans le secteur énergétique. « Je pense que notre problème est surtout le fait que nous crions au loup quand cela nous convient au lieu d’avoir un plan cohérent sur le long et moyen termes », ajoute-t-il. Reprenant les récents propos du ministre des Services publics et de l’Énergie, Ivan Collendavelloo, qui a évoqué un risque de blackout si le projet de CCGT n’était pas mis en route, Khalil Elahee soutient qu’un « blackout technique, suite à une tempête électrique, un cyclone ou une attaque cybernétique est plus probable qu’un déficit entre la demande et la fourniture si nous savons gérer notre énergie », poursuit-il. Cet expert ne manque pas non plus de s’en prendre à l’incapacité du ministère à mettre en pratique sa stratégie d’économie énergétique. « Cette gestion a été négligée. Tout le Master Plan sur les économies d’énergie et la maîtrise de la demande, qui est sur le site même du ministère, est resté lettre morte », déclare-t-il. 

L’ancien ministre des Services publics, Swaley Kasenally, considère que les propos tenus par Ivan Collendavelloo sont « irresponsables ». Il est d’avis que le CEB dispose suffisamment d’asset pour assurer une bonne distribution. « L’on est en train de parler de pic record mais je doute fort que ce pic ait été d’une longue durée. On est en train de nous faire peur », déclare-t-il. Ce dernier ajoute que les dernières actions du CEB sont incohérentes avec les propos du ministre Collendavelloo. « On est en train de parler de blackout, alors que le CEB a décidé de ne pas renouveler le contrat de la centrale d’Alteo qui aurait pu être étendu pour encore deux ans », ajoute-t-il. 

La demande et la projection énergétique en tableau : 

  Demande énergétique Projection du Central Electricity Board Projection de la Banque Mondiale
2015 460 Mw 470 Mw 464 Mw
2016 468 Mw 479 Mw 483 Mw
2017 462 Mw 480 Mw 503 Mw
 

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