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[Billet] Quand Maurice ravale son orgueil

On apprend qu’un agent du Federal Bureau of Investigation (FBI) a été affecté à l’ambassade des États-Unis à Maurice. Cet officiel américain aura pour principale mission de collaborer avec les autorités mauriciennes dans leur combat contre divers crimes financiers transnationaux et contre la corruption. 

En d’autres mots, l’Oncle Sam fournira l’expertise qui manque aux instituions d’enquête de la petite île Maurice, pays où l’on grandit de génération en génération en intériorisant le mythe que nous constituons un peuple doué d’une intelligence hors-normes. On apprend en même temps à admirer de façon béate les Européens et les Américains tout en méprisant les autres. 

Le recours à l’assistance des États-Unis équivaudrait à reconnaître en toute sincérité les faiblesses de nos ressources tant humaines que technologiques dans le domaine du combat contre les crimes en tous genres, surtout les délits financiers. Ce n’est pas tous les jours que Maurice ravale son orgueil. 

Quand on pense que les Américains parviennent, plus ou moins, à assurer la sécurité, même la nuit, sur les 800 arpents de Central Park à New York, c’est tout dire sur leurs compétences à gérer la sécurité publique et leur capacité à déployer de la technologie dans le dispositif policier. Quelques années de cela, il aurait été suicidaire de s’aventurer à Central Park la nuit. Même en plein jour, on s’exposait à un mugging. Il n’est pas difficile de faire la comparaison avec le niveau de sécurité la nuit sur les deux arpents du Jardin de la Compagnie à Port-Louis. 

Toutefois, entre le simple policing des lieux publics et la traque réussie des criminels financiers, l’enjeu ne serait pas le même. Ce qui fait que l’agent du FBI aura sans doute une tâche très challenging car ce ne sont pas les toxicomanes et autres proxénètes de notre joyau de la capitale qui seront dans sa ligne de mire, mais des bandits de grand chemin extrêmement puissants et connectés et très raffinés dans leur mode opératoire. 

Tout comme les grands trafiquants de drogue, ces criminels financiers et corrupteurs n’apparaissent pas sur le radar des autorités. En offrant l’expertise du FBI, après ses 56 années de présence à Maurice, l’ambassade américaine prend un immense pari avec ce phénomène bien mauricien qu’on appelle « mardayer ». Pas « traser » comme le petit dealer de synthé dans une ruelle étroite et sale de Port-Louis, mais « mardayer » opérant au niveau le plus élevé à la Cybercité d’Ébène.

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