Berengère Series : le rayon de soleil des exclus

Berengère Series, directrice de l’association Ti Rayons Soleil se bat dans l’ombre depuis dix ans pour la cause des familles vivant dans la précarité. Parcours et combat de longue haleine qui porte ses fruits.

En 2001, Berengère Series, une Française de 46 ans a posé ses valises à Maurice. À ce moment, elle n’avait pas imaginé que c’est le social qui rythmerait sa vie. « Je suis toujours venue en aide à ceux qui en avaient besoin. J’aidais un couple de SDF à Paris régulièrement et je souhaitais intégrer le SAMU social, mais je n’avais pas la formation qu’il fallait », raconte-t-elle.

En vacances à Maurice, comme beaucoup de touristes, elle ne vit pas la face cachée du pays. C’est seulement une fois installée qu’elle découvrit le vrai visage du pays. « J’ai visité pour la première fois résidences Anoska et j’ai vu la réalité, l’envers du décor. Ce fut le choc pour moi. Quelque chose s’est produit à ce moment-là ».

Lors de sa visite, elle raconte avoir vu des enfants sans chaussures sous la pluie, vivant dans des conditions précaires. « Je me suis demandée ce que je pouvais faire pour changer les choses », explique la travailleuse sociale.

Se sentant concernée par ce qu’elle a vu, avec quelques amis elle monte Ti Rayons Soleil en 2006. Ils réalisent rapidement qu’ils avaient besoin d’une structure légale et l’association a été enregistrée en 2007.

«Nous avons commencé à trois dans un garage et aujourd’hui Ti Rayons Soleil compte une quarantaine de salariés.»

Décidée à faire le grand plongeon, Berengère Series, qui préfère travailler dans l’ombre s’entoure de personnes de confiance et surtout de professionnels. « Nous avons commencé à trois dans un garage et aujourd’hui Ti Rayons Soleil compte une quarantaine de salariés. Nous avons mis sur pieds un réseau de soutien scolaire qui encadre les enfants issus de familles en difficultés ».

Elle explique que l’association adopte une approche holistique et accompagne les élèves sur les plans psychologique et pédagogique. « Nous redonnons le goût d’apprendre à une quarantaine d’enfants de Rivière-Noire. »

Parmi les quarante salariés de l’association, il y a huit femmes dont Berengère est particulièrement fière. Elles sont bénéficiaires du projet Women Value cofinancé par le Decentralised Cooperation Programme de l’Union européenne à Maurice. « Nous avons monté pour elles une compagnie solidaire ‘Pom damour ti pima’ ayant pour but de donner du travail à des personnes exclues qui souhaitent sortir de leur situation de pauvreté extrême ». La compagnie solidaire offre des services de déjeuner pour les bureaux.

Agir

Femme de conviction, elle transmet ses valeurs aux bénéficiaires, mais aussi à la jeune génération qui suit Ti Rayons Soleil. « Nous sommes en train de construire la société de demain et chacun a un rôle à jouer. Je ne suis pas de ceux qui ne s’impliquent pas. J’agis. Car les gens ont besoin d’aide et d’encadrement. Nous sommes là aussi pour leur montrer qu’ils ont de la valeur. Ils ont besoin d’une aide désintéressée ».

Au fur et à mesure de ses expériences auprès de ces familles, Berengère dit avoir remarqué que ce sont souvent les pères qui sont absents dans plusieurs familles. « Ce sont les femmes qui se battent pour sauver leur famille.»

Chaque année il y a des changements au sein de l’association. « Je mets sur pieds les projets, recherche des fonds et explore les pistes, afin d’améliorer notre approche. Je fais partie d’une énorme équipe, car Ti Rayons Soleil ce n’est pas juste moi, c’est aussi toutes les personnes dont nous prenons soin ».

Elle a vu évoluer son association au fil des années et confie que la conjoncture a changé. « Il est devenu difficile de trouver des sponsors, mais je reste convaincue que l’association a encore du travail à faire. Et si nous n’avions pas vu l’évolution de ces familles, nous n’aurions pas eu le courage de continuer à nous battre ». Le travail est continu et acharné auprès des bénéficiaires. « J’ai beaucoup de plaisir à donner et je veux transmettre cela à d’autres générations ».