Economie

Baromètre économique de PluriConseil: Appréhensions d’un prochain budget tiède et sans éclat

Ne se faisant aucune illusion sur le prochain budget national, les analystes n’entrevoient pas de grande réforme du secteur paraétatique.

1 Pratiquement pas d’impact du dernier budget

Quel aura été l’impact du dernier budget sur la croissance de l’économie mauricienne ? La grande majorité des sondés estiment que l’impact du dernier budget sur la croissance de l’économie mauricienne est pratiquement nul. Si 37 % le voient peu positif, personne ne le trouve très positif. Une année a été perdue, car « measures were not implemented », ou bien « have been hardly followed through ». Un banquier va jusqu’à dire que « there was no real budget last time, just a populist exercise » qui s’est avéré « irrelevant ». Une économiste déplore que « policy decision seems to be less thought through and more event-based ». Un événement peut amener le gouvernement à changer de politique économique pour voir « the political outcome » plutôt que les résultats sur l’économie.

2 Absence de sérénité dans le monde des affaires

Quel état d’esprit se trouve la communauté des affaires au regard du budget à venir ? Quatre analystes sur cinq constatent que les opérateurs économiques sont soucieux par rapport au budget qui sera présenté le 6 juin. Outre qu’il existe « a dearth of ideas from the government », le message envoyé par le Premier ministre et ministre des Finances au secteur privé se révèle confus, notamment sur la place qu’il accorde au secteur immobilier. En attendant, « the economy is suffering, unemployment is increasing, and standard of living is falling ». Il n’y a pas de grands projets d’investissement, et l’investissement direct étranger est en chute. Mais « the private sector should voice out their concerns » au lieu de se plaindre « within close doors » et d’être « politically correct by remaining quiet ».

3 Le prochain budget suscite peu d’espoir

Combien d’espoirs fondez-vous sur le prochain budget pour relancer l’économie ?

Beaucoup d'espoirs: 13% Peu d'espoirs: 77% Aucun espoir: 10%

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/div> La très grande majorité des répondants entretiennent peu d’espoirs que le prochain budget relancera l’économie. Certains espèrent que celui-ci fera une différence avec le précédent. Pour une économiste, « unfortunately the economy does not seem to be a priority. Important institutions of the economy are headless or incapacitated. » Le gouvernement est non seulement « completely disconnected from reality », mais aussi n’a pas un ministre des Finances à part entière. Certes, beaucoup repose sur les épaules des hauts cadres du ministère, mais on doute qu’il y ait un nouveau souffle.

4 De la flexibilité budgétaire

À quel niveau le déficit budgétaire devient inquiétant pour vous dans le contexte actuel ?

Au-dessus de 3,0% du PIB: 13% Au-dessus de 4,0% du PIB: 57% Au-dessus de 5,0% du PIB: 30%

Le dernier budget fixait comme objectif un déficit budgétaire de 3,5 % du produit intérieur brut (PIB) pour l’année 2015-2016. Une bonne gestion des finances publiques consiste à maintenir le taux sous la barre des 3,0 %. Mais en raison du ralentissement actuel de l’économie, on peut le garder à 4,0 % du PIB, estiment 87 % des analystes. Le déficit public n’est pas mauvais en soi à condition que d’autres variables soient positives. Or « productivity in the economy is low, indebtedness of the population is rising, and the gap between rich and poor is increasing ». Il n’est pas trop tard d’arrêter l’hémorragie économique « if there is a genuine will to put back the economy on the growth path ».

5 La dette publique continuera de grimper

Selon vous, d’ici au 30 juin 2017, la dette du secteur public va...

Encore monter: 70% Redescendre quelque peu: 30% Baisser sensiblement: 0%

La dette du secteur public a continué d’augmenter pour atteindre 65,2 % du PIB au 31 mars 2016. Sept analystes sur dix sont d’avis qu’elle va s’accroître d’ici au 30 juin 2017. On n’exclut pas des « fiscal costs » additionnels induits par la fermeture de la Bramer Bank et par le démantèlement du groupe BAI. Les hausses salariales dans le secteur public, si elles ne sont pas financées par l’impôt, vont grossir l’endettement public. Pour éviter la détérioration de celui-ci, le gouvernement peut avoir recours au Public Private Partnership, qui marchera seulement « with strong legal contracts to reassure the private sector ». En tout cas, si elle ne baisse pas, la dette du secteur public deviendra insoutenable.

6 La pression fiscale se fait sentir

Concernant les taxes spéciales, faut-il les... [lptw_table id="28686" style="material-cyan"] En vigueur jusqu’au 30 juin 2018, une taxe spéciale (Special Levy) est appliquée aux banques et aux sociétés de télécommunications, soit 10 % sur le revenu imposable pour les premières, et 5 % sur le bénéfice comptable et 1,5 % sur le chiffre d’affaires pour les secondes. Les analystes sont divisés sur cette politique d’imposition qui fut introduite en 2009 et qui était supposée être temporaire. Beaucoup sont « against any unnecessary taxes as a matter of principle », car « investment decisions and allocation of economic resources should not be distorted by taxes ». Il existe d’autres moyens « to make these sectors more responsive to developmental goals such as financial inclusion performance for the banks and coverage/speed capabilities for the telecoms sector ».

7 La vraie réforme n’est pas pour demain

Que pensez-vous fera le prochain budget du secteur para-étatique ? Tout laisse croire que le prochain budget accordera une place de choix au secteur para-étatique. Mais si réforme il y a, elle sera de petite ampleur, selon 57 % des répondants. Le grand argentier fera des annonces, mais deux sondés sur cinq pensent que « rien ne sera mis en œuvre après », à part de remplacer certaines personnes. Car c’est difficile de réformer « without courage and without accepting the political cost ». Du moins, « mostly cosmetic reforms will be seen as this government has yet to demonstrate that it is able to generate new ideas ». Sauf peut-être la Cargo Handling Corporation, mais la réforme doit toucher tous les corps para-étatiques qui sont des « value destroyers ».

8 Les investissements immobiliers peu productifs

Pour vous, les investissements dans le secteur immobilier sont... Ils sont une minorité d’analystes à dire que le secteur immobilier n’est pas productif. En fait, il l’est, mais peu, selon 63 % des sondés. C’est bien une activité économique, mais pas aussi dynamique à Maurice qu’à Hong Kong, Singapour, Malaisie, Dubaï ou Londres, car l’île ne s’ouvre pas assez aux étrangers. Alors que « property developments should aim at businesses that will contribute to the economy », il y a ici « trop de spéculation  », d’autant que « le bénéfice de la valeur ajoutée est trop concentré », sinon limité. Du reste, « whenever rental yields are below the cost of debt, it can hardly be called productive ». Et comme « there is already a glut in the real estate sector », se développent « asset inflation and bubbles that the central bank cannot control ». [row custom_class=""][/row]
 
Enquête réalisée par PluriConseil du 2 au 4 mai 2016 auprès d’un échantillon représentatif de 30 analystes économiques et financiers..
 

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