Bangladesh : deux militants d'opposition tués dans des manifestations anti-gouvernementales

Deux militants de l'opposition au Bangladesh ont été tués mardi tandis que la police réprimait des centaines d'opposants qui bloquaient les routes et les voies ferrées, après l'inculpation de leurs principaux dirigeants pour le meurtre d'un policier.

Selon la police, des violences ont marqué des manifestations dans plusieurs villes du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) et de l'autre grande formation de l'opposition, le parti islamiste Jamaat-e-Islami, pour réclamer le départ de la Première ministre Sheikh Hasina avant les élections prévues d'ici fin janvier.

Le chef adjoint de la police de la ville de Kuliarchar au nord de Dacca, Al Amin, a déclaré que deux membres du BNP avaient été tués, sans fournir de détails sur les circonstances de leur mort.

Selon Shariful Alam, un responsable du BNP, les deux militants ont été "abattus par la police" au cours d'un rassemblement de plus de 2.000 manifestants.

"La police est arrivée et a ouvert le feu. Un militant du BNP est mort sur place et un autre dans un hôpital", a-t-il déclaré, ajoutant que "plus de 100 personnes ont été blessées".

Les manifestants ont incendié des bus et affronté les forces de l'ordre, en leur lançant des cocktails Molotov et des pierres, a indiqué la police.

"Ils ont lancé des cocktails Molotov, attaqué et vandalisé des véhicules de transport", a déclaré le policier Mominul Islam, ajoutant qu'au moins 15 policiers avaient été blessés.

"La police a tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants", a-t-il précisé.

Le BNP a indiqué organiser le blocage des transports dans le cadre d'une grève de trois jours.

Cette grève a été lancée après la dispersion d'une manifestation samedi par la police, dans laquelle plus de 100.000 partisans des deux principaux partis d'opposition appelaient Mme Hasina à démissionner pour autoriser une élection libre et équitable, sous un gouvernement neutre et provisoire.

Dimanche, la police a inculpé le dirigeant du BNP, Mirza Fakhrul Islam Alamgir, et plus de 150 hauts responsables du parti, pour le meurtre d'un policier lors de cette manifestation.

L'opposition multiplie les manifestations contre Mme Hasina depuis des mois.

Selon la police de Dacca, au moins 1.727 militants et partisans de l'opposition ont été arrêtés la semaine dernière et au moins 1.544 militants et dirigeants de l'opposition ont été inculpés pour violences samedi.

Le secrétaire général du BNP, M. Alamgir, âgé de 75 ans, dirige le parti depuis la condamnation pour corruption de Khaleda Zia, la présidente du BNP et ancienne Première ministre, et l'exil de son fils en Grande-Bretagne.

Mme Zia, malade, est assignée à résidence depuis sa sortie de prison.

Les violences dans le pays suscitent l'inquiétude internationale, notamment celle des États-Unis, de l'Australie, de la Grande-Bretagne, du Canada et du Japon qui ont appelé à "faire preuve de retenue, éviter la violence et travailler ensemble" pour un vote libre et équitable.

© Agence France-Presse