Aux petites heures du matin : On se la coule douce dans les postes de police 

Portes fermées, personnel restreint, et activités au ralenti... C’est le constat dressé par Le Défi Plus à la suite d'une enquête menée aux abords de plusieurs postes de police aux petites heures du matin.

Cette enquête a été déclenchée après un incident, survenu le vendredi 20 octobre au poste de police de Vallée-Pitot, Port-Louis, vers 2 h 30. Un individu masqué a fait irruption dans le poste de police et aurait déclenché un explosif, causant des dommages à deux ordinateurs. L'enquête est en cours pour identifier l'individu.

À la suite de cet incident, Le Défi Plus s'est interrogé sur la nécessité de visiter les postes de police de Port-Louis et des environs. L'objectif était de comprendre comment quelqu'un a pu entrer dans un poste de police à une heure aussi tardive, déclencher un explosif, puis s'enfuir sans être pris. Où étaient les policiers de service cette nuit-là ? Combien étaient-ils ? Pourquoi n'ont-ils pas pu intervenir ?
Lors de sa tournée des postes de police aux heures tardives, en sus de constater des routes désertes avec peu d'activité, l'équipe du Défi Plus a été témoin de diverses situations. Selon le témoignage d'un policier affecté au poste de police de Vallée-Pitot, il semblait être seul dans la salle d'accueil au moment de l'incident. Cette situation se répète dans plusieurs postes de police, notamment à Montagne-Longue et Pointe-aux-Sables. À l'exception du poste de police de Baie-du-Tombeau, où, de l'extérieur, on voit au moins deux policiers. En revanche, au poste de police de Bain-des-Dames, la salle d'accueil semblait déserte.

Un autre constat majeur concerne la fermeture des portes et portails donnant accès à la salle d'accueil des différents postes de police. Pratiquement tous les postes de police visités par notre équipe avaient leurs portes fermées, que ce soit à Montagne-Longue, Petite-Rivière, La Tour Koenig ou encore Pailles. Même au poste de police de Baie-du-Tombeau, où la porte donnant accès à la salle d'accueil était ouverte, les deux portails étaient fermés.

Effectif réduit

Le Défi Plus a sollicité l'inspecteur Shiva Coothen du Police Public Relations Office pour obtenir une réaction. Dans un premier temps, il a confirmé que les postes de police fonctionnent avec un personnel réduit de 23 heures 15 à 7 h 15 le lendemain, vu la faible activité dans les rues. « Cela ne signifie pas pour autant que nous réduisons de manière drastique le nombre de policiers affectés aux postes de police. Parfois, des policiers peuvent être malades ou prendre un congé, ce qui peut entraîner un manque de personnel », a-t-il expliqué.

À la question de savoir si un policier a le droit de se reposer pendant son service de nuit, l'inspecteur de police a précisé que tous les policiers disposent d'une heure de repos pendant leur service, pendant laquelle ils peuvent se reposer s'ils le souhaitent. « Cela s'applique non seulement pendant le service de nuit, mais également pendant les quarts de jour et de l'après-midi. Un policier qui est censé travailler pendant 8 heures dispose d'une heure pour se rafraîchir, se reposer, prendre son repas, se soulager, etc. Me li pa gagn plis ki enn er tan », a précisé Shiva Coothen.

Opérationnel 24/7

L’inspecteur Coothen a également souligné qu'il n'y a rien d'anormal à ce qu'il n'y ait qu'un seul policier dans la salle d'accueil du poste de police la nuit. « La police est également mobile. Parfois, les policiers doivent sortir pour des patrouilles dans leur ‘station area’. Vous pouvez ne voir qu'un seul policier à l'intérieur à ce moment-là. Cependant, il peut y avoir d'autres officiers travaillant dans des pièces adjacentes pour rédiger des rapports ou compléter des enquêtes. Il n'y a rien d'anormal à cela », a-t-il insisté.

En ce qui concerne les portes et les portails fermés, le responsable du Police Public Relations Office a affirmé que cela n'empêchait pas les postes de police de rester opérationnels. « Lorsqu'il y a un système de climatisation, il est tout à fait normal que les portes soient fermées. Malgré cela, le poste de police reste opérationnel 24 heures sur 24 », a-t-il déclaré.

Quoi qu'il en soit, l'inspecteur Coothen a assuré que des patrouilles de nuit étaient effectuées par des hauts gradés de la police quotidiennement et que les postes de police étaient équipés de caméras dont les images peuvent être récupérées et vérifiées à tout moment. « Tout ce qui se passe dans les postes de police est enregistré. À tout moment où nous souhaitons vérifier quelque chose, nous pouvons avoir accès aux enregistrements vidéo », a-t-il conclu.