Comment relancer la productivité du port de Port-Louis, véritable poumon économique de Maurice ? La question était au cœur des débats de l’émission Au cœur de l’info, animée jeudi après-midi par Florence Alexandre sur Radio Plus.
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Selon Gérard Bertrand, le port souffre d’un manque de main-d’œuvre, freinant sa compétitivité régionale. Il a appelé à l’implémentation d’un « nouveau set-up », une refonte des processus et des responsabilités visant à stimuler la productivité dans cet espace stratégique. « Il faut implémenter un new operation set-up pour améliorer la productivité du port et le mouvement des conteneurs. Avec les équipements limités dont nous disposons, les pannes sont fréquentes, ce qui freine les opérations », a-t-il souligné lors de son intervention. Gerard Bertrand a insisté sur le fait que les travailleurs portuaires sont prêts à s’investir pleinement, mais les conditions actuelles et le manque d’infrastructures appropriées et de main-d’œuvre les contraignent. Il a rappelé que le dernier exercice de recrutement remonte à 2017.
Il n’a pas hésité à pointer du doigt l’ex-gouvernement, qu’il considère largement responsable de la situation actuelle. « Le gouvernement sortant porte une grande part de responsabilité dans ce désordre. Les retards d’investissements et la mauvaise gestion ont aggravé les problèmes », a-t-il déploré. Gerard Bertrand dit espérer voir des réformes concrètes étant donné le changement de gouvernement. Le négociateur de la PLMEA a ainsi lancé un appel direct à la nouvelle administration. « Que la personne adéquate soit nommée à la tête de la Cargo Handling Corporation Limited (CHCL). Celle-ci doit être partie prenante dans les réunions et doit être capable d’amener des retouches au sein de l’organisme », a-t-il demandé.
Gerard Bertrand a une fois de plus insisté que le secteur privé ne sera nullement bénéfique pour l’avancement de la CHCL, en faisant référence au débat entourant la possible privatisation de l’organisme. « Les employés de la CHCL sont là pour contribuer à la relance de l’organisme avec le coup de main du gouvernement », a-t-il avancé.
Yousouf Delbar, membre de l’Association professionnelle des transitaires, a récemment souligné les limites de la capacité portuaire. « Port-Louis ne peut contenir le volume de cargo actuel », a-t-il fait ressortir. Comme Gérard Bertrand de la Port-Louis Maritime Employees Association, Yousouf Delbar soulève également un problème de main-d’œuvre. Selon lui, le manque de personnel qualifié entrave la productivité du port. « Il faut employer du skilled labour pour hausser le niveau. Cela permettrait d’améliorer le mouvement des conteneurs par heure, qui devrait atteindre 26 à 27 conteneurs », a-t-il expliqué. Yousouf Delbar a également insisté sur une vision globale du port. « Il ne s’agit pas seulement de résoudre un problème à la fois. », a-t-il ajouté.
Gerard Bertrand a démoli la thèse de Yousouf Delbar. « Il y a définitivement un manque de travailleurs au sein de la Cargo Handling Corporation Limited, mais recruter des travailleurs étrangers n’est pas la solution », a déclaré Gérard Bertrand. Selon lui, les efforts doivent se concentrer sur l’acquisition d’équipements additionnels pour améliorer la productivité.
Pour Coomaren Veerabadren, ce déclin du personnel reflète une gestion déficiente et une incapacité à anticiper les besoins croissants du port. « Le manque de main-d’œuvre est un problème criant. Il est temps de trouver des solutions adaptées, sans compromettre les intérêts des travailleurs locaux », a-t-il affirmé. Vivian Tuyau, président de l’Association des agents maritimes, a quant à lui proposé l’organisation d’une table ronde réunissant tous les acteurs concernés : travailleurs, gestionnaires, clients et autorités. « Cette situation perdure depuis trop longtemps, mais il n’est pas trop tard pour redresser la barre », a-t-il dit. Ce dernier a également pointé du doigt l’attitude de la Mauritius Ports Authority (MPA) et de la CHCL, qu’il juge trop distante des réalités du secteur. « La MPA et la CHCL doivent comprendre que leurs clients sont les lignes maritimes, et non l’inverse », a-t-il martelé.
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