Les dossiers brûlants du secteur éducatif ont été débattus dans l’émission « Au Cœur de l’Info » mercredi sur Radio Plus et Télé Plus. Les journalistes Jane Lutchmaya et Annick Rivet ont reçu sur le plateau le Professeur Arnaud Carporan, doyen de la Faculté des Sciences sociales et humaines à l’université de Maurice (UoM), Mahend Gungapersad, député travailliste, et Ramdass Ellayah, président de la Fédération des managers des collèges privés. Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), et Brian Pitchen, enseignant en Extended Programme, sont intervenus au téléphone.
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Kreol Morisien
L’intégration du kreol mauricien (KM) au School Certificate (SC) est une avancée historique, selon le Professeur Arnaud Carporan. « Nous avons réussi à introduire le KM comme matière. Puis, le dictionnaire a dépassé nos attentes. Mais il y a aussi un manque d’enseignants en KM. Il y a une demande et il n’y a plus de tabou. Après le SC, il ne reste plus qu’à l’introduire au HSC », soutient-il.
Il reste cependant certaines interrogations, selon Mahend Gungapersad. « D’un côté, le diplôme en KM est délivré par l’université de Maurice, alors que ceux des autres matières le sont par Cambridge. Nous ne voulons pas que les 209 candidats aux examens de KM soient stigmatisés. Est-ce que le KM sera enseigné au ‘secondary level’ ou ‘primary level’ au HSC ? » s’interroge-t-il. Pour Ramdass Ellayah, l’introduction du KM va aider les élèves à obtenir un « credit » supplémentaire.
Manque d’enseignants
Il y a un manque aigu d’enseignants dans le secteur privé, selon Ramdass Ellayah. « Le manque se fait le plus ressentir en IT, design et comptabilité. Nous faisons des remplacements autant que possible, mais cela crée un stress sur les enseignants et les élèves », dit-il.
Il manque entre 150 et 200 enseignants dans le secteur public, selon Mahend Gungapersad. Le député soutient que les licences de certains enseignants n’ont pas été renouvelés car leurs diplômes ne sont plus reconnus ou ils n’ont pas de Post Graduate Certificate in Education (PGCE). Ce problème aurait pu être résolu avec une meilleure gestion des ressources humaines et un moratoire pour permettre aux enseignants de passer leur PGCE, selon le député.
Arvind Bhojun estime que le problème a été créé artificiellement à cause d’un amendement à la loi concernant le PGCE. « On dit d’abord qu’il n’y a pas de manque d’enseignants. Puis, on recrute des retraités. Nous n’allons pas l’empêcher, car la priorité reste l’intérêt des enfants. Je n’ai aucun doute sur les compétences des enseignants retraités », précise Arvind Bhojun.
Retour à la notation pré-Covid-19
Arvind Bhojun affirme que les enseignants fournissent déjà des formations comparables à la situation pré-Covid-19. Il estime que les élèves qui subissent le manque de profs seront davantage pénalisés. Ramdass Ellayah précise que les jours de fermeture d’écoles lors d’alertes de fortes pluies, pénalisent le retour à la normale. Il demande une intervention du gouvernement pour la transition. Mahend Gungapersad s’inquiète, lui, pour les élèves en difficulté.
National Examinations Board
Le National Examinations Board (NEB) est devenu une nécessité, selon le Professeur Arnaud Carporan.
« L’idée est que d’autres matières que le KM puissent bénéficier du regard mauricien au niveau des examens », indique-t-il. Mahend Gungapersad est, lui, d’avis que l’introduction d’examens de nouvelles matières au NEB est une opportunité pour aider les élèves en difficulté.
Extended Programme
L’Extended Programme est un échec, selon Ramdass Ellayah. Il propose des cours pratiques et en kreol. « Les élèves en Extended Programme sont allergiques au tableau. Nous devons trouver un moyen pour qu’il n’y ait plus d’échec. Chaque élève peut contribuer au développement du pays. Nous devons proposer aux enfants des cours qu’ils aiment. Il faut retourner au prévoc en kreol. Il faut intéresser les élèves à des métiers », affirme Ramdass Ellayah. Nous ne pouvons pas rester dans le statu quo, commente le Professeur Arnaud Carporan. Brian Pitchen pense qu’il faut revoir le programme en entier. Les élèves n’ont pas les compétences pour passer l’examen du National Certificate of Education (NCE). « Si des enseignants sont partants, je les invite à craquer le système de l’intérieur en proposant différentes façons de faire », déclare-t-il.
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