«Les problèmes systémiques au sein de la force policière et les pistes de solution ». Tel a été le thème de l’émission « Au Cœur de l’Info » animée par Ruth Rajaysur et Patrick Hilbert, le lundi 12 juin sur Radio Plus.
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Beaucoup de débats autour du « planting » de drogue ces derniers temps. Mais qu’en est-il en réalité, est-ce que les policiers ont recours à cette pratique? Pour l’ancien magistrat Noren Seeburn, si les cas de « planting » par la police étaient avérés, ce serait la fin de la démocratie. « N’importe quel citoyen Mauricien est en danger. Il peut être arrêté et surtout lorsqu’on est très rapide avec les charges provisoires. Imaginez si on décide d’arrêter tous les députés de l’Opposition, tous les opposants politiques sur des cas de ‘planting’. C’est un danger potentiel pour toute la nation mauricienne », s’est-il indigné.
Hector Tuyau, ancien assistant surintendant de police et ancien membre de la brigade antidrogue a, lui, expliqué comment les allégations de « planting » sont faites depuis longtemps. « L’allégation de Planting n’est pas nouveau. J’ai travaillé pendant trente ans au sein de l’ADSU et il s’agit d’une défense souvent utilisée par les accusés », a-t-il indiqué tout en estimant qu’il est difficile de confirmer ou d’infirmer que des policiers font du ‘planting’.
Le policier à la retraite a aussi attiré l’attention sur le « reward money » qui est souvent cité comme pouvant être une source de tentation pour les policiers alors qu’en vérité cet argent est destiné uniquement aux informateurs et aux douaniers. « Les policiers ne touchent pas de ‘reward money’. Ils ont un ‘risk allowance’ qui est une somme dérisoire », a-t-il insisté.
Manque de collaboration
Dans les conclusions et les recommandations de la Commission d’enquête sur la drogue, le fonctionnement de l’ADSU a souvent été critiqué mais cinq ans après, peu de changements ont eu lieu, selon Hector Tuyau. « Autant que je sache, les recrutements se font toujours de la même manière. J’étais enquêteur principal pour la Commission et je peux dire qu’on avait une liste d’environ cinquante personnes au sein de l’ADSU qui étaient sur le ‘borderline’ et on avait des soupçons sur eux, mais rien n’a été fait », a-t-il fait ressortir.
C’est un manque de collaboration au sein de la police qui est décriée par Sam Lauthan, ancien assesseur de la Commission d’enquête sur la drogue. « Il n’y a pas de place pour des querelles intestines au sein de la police », a-t-il ajouté tout en estimant qu’il est du devoir de chaque ministre, député, et même politicien extra-parlementaire de lire le rapport de la commission « from cover to cover » pour comprendre ce qui se passe.
Pour faire avancer les choses, il faut de la volonté politique, selon l’ancien magistrat Noren Seeburn. « Mais, j’ai l’impression que la mafia contrôle aussi la volonté politique. Tous les blocs politiques ont une caisse noire et reçoivent tous des dons », a-t-il observé tout en estimant aussi que « le jour où on en finira avec la caisse noire des politiciens, les barons de la drogue seront bien affaiblis à Maurice. »
Pour en revenir au « Vimen Leaks », une commission d’enquête a été proposée pour faire la lumière sur toute l’affaire mais pour Me Antoine Domingue, SC, « probablement il devrait avoir une enquête en cours ». « D’une façon ou d’une autre, ces cas vont rebondir devant le tribunal », a-t-il estimé.
Des investigateurs étrangers
Il faut authentifier la bande sonore « Vimen Leaks » selon Vinod Boolell, ancien juge. « Une fois la bande sonore authentifiée, il faudra faire une enquête. Mais par qui ? Par la police locale elle-même ? Les Mauriciens n’auront pas confiance. On est dans une situation grave et il aurait été mieux d’avoir des investigateurs étrangers pour mener l’enquête », a-t-il fait ressortir en estimant que ce procédé aurait l’avantage d’être perçu comme transparent.
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