
Les Assises de l’Éducation se poursuivent. Mercredi, l’accent a été mis sur le secteur du primaire et la Special Education Needs (SEN). Une analyse approfondie a permis de formuler des recommandations essentielles.

Amender le Children’s Act, revoir le ratio instituteur/élèves ou encore abolir la promotion automatique en Grade 3 : ce sont quelques-unes des recommandations formulées par le secteur primaire lors des Assises de l’Éducation.
Ces Assises, qui visent à repenser le système éducatif en soumettant des propositions au ministère de l’Éducation, se tiennent depuis mardi à l’auditorium du Mahatma Gandhi Institute (MGI), à Moka, et prennent fin ce jeudi après-midi.
La première moitié de la journée de mercredi était dédiée à l’enseignement primaire. Les participants — experts, universitaires et syndicalistes — ont débattu de plusieurs thématiques : Curriculum & Technology, Inclusion, Special Education Needs (SEN), Continuous Professional Development & Conditions of Service, Networking, Quality, et Institutional & Legal Framework & Future. Plusieurs propositions en ont émergé.
La responsabilité parentale a ainsi été mise en avant dans les cas de mauvais comportement des élèves. Certains estiment que les parents devraient être tenus responsables, afin de favoriser leur collaboration pour améliorer le climat en classe et au sein de l’école.
Par ailleurs, les responsables recommandent un ratio de 1 instituteur pour 5 élèves en difficulté et de 1 pour 20 dans les autres classes. Le ‘subject teaching’ a également été proposé, permettant aux enseignants de se spécialiser dans une matière précise.
Concernant le curriculum, le modèle singapourien, basé sur le principe « Teach less, learn more », a été mis en avant. Pour l’évaluation des élèves, une approche combinée a été suggérée, incluant à la fois des évaluations continues et des examens.
Participation des parents
Les parents jouent un rôle essentiel dans l’éducation des enfants. Leur absence lors des prises de décision et des réunions à l’école a été mise en évidence au cours des discussions. Selon les recommandations, il est demandé que les parents obtiennent une autorisation au travail afin de pouvoir se rendre à l’école et participer aux échanges concernant leurs enfants.

Le maître d’école de New Bambous Geoffroy Government School, Gulshan Ramsurrun, s’exprime sur la gestion du comportement des élèves. « Dans notre groupe, nous avons discuté du Behaviour Management et proposé des solutions. Nous pensons qu’il faut amender le Children’s Act. Actuellement, la loi parle des droits des enfants, mais pas de leurs responsabilités. De plus, aucune sanction n’est prévue pour les élèves qui adoptent un mauvais comportement », dit-il.
Le maître d’école précise que le problème ne concerne pas les élèves qui perturbent légèrement la classe. « Il s’agit de cas extrêmes, où certains ne viennent à l’école que pour se bagarrer, sans aucune crainte ni respect des règles. Cela touche plusieurs niveaux, même les plus petits… »
Gulshan Ramsurrun explique qu’il a tenté, par ses propres moyens, de gagner la confiance des élèves. Il a obtenu certains résultats, mais trois à quatre enfants continuent de perturber les cours. « Face à ces situations, nous sollicitons les parents. Si nous n’arrivons pas à les joindre, nous faisons appel aux travailleurs sociaux pour établir un lien avec l’école. Ils rencontrent les familles, discutent du comportement des enfants, et nous demandons ensuite leur autorisation pour orienter l’élève vers un psychologue. »
Certains parents collaborent, mais d’autres rejettent toute responsabilité, affirmant que « l’école est seule responsable des difficultés ». Selon ce maître d’école, une classe a même vu trois changements d’instituteur en raison de graves problèmes de discipline. Il déplore également l’absence de protection pour les administrateurs, le personnel enseignant et non-enseignant. « Nous proposons une révision de la loi. Aujourd’hui, un élève peut dire à son professeur qu’il n’a pas le droit de crier ou de punir. Cela rend la gestion de la discipline en classe encore plus difficile », dit Gulshan Ramsurrun.
Couac
Des représentants du primaire, venus nombreux assister à la session qui leur était réservée, sont déçus. Ils déplorent de ne pas avoir eu l’occasion de s’exprimer à l’issue des discussions en groupe. Selon eux, les organisateurs auraient dû donner une chance égale à tous les orateurs et ne pas privilégier un syndicaliste qui a pris plus de temps.
Special Education Needs (SEN) : Bâtir un avenir équitable pour tous
Le Dr Vedhiyen Moonsamy, directeur par intérim de la Health and Wellness Directorate au ministère de l’Éducation, souligne l’importance d’une approche repensée pour la Special Education Needs (SEN). « Les attentes envers les professionnels qui accompagnent les apprenants en situation de handicap sont grandes. Les acteurs clés – directeurs d’écoles, thérapeutes et autres spécialistes – doivent collaborer pour bâtir un avenir solide pour ces enfants à besoins spécifiques. »
Selon lui, l’objectif est clair : permettre à ces jeunes de jouer un rôle actif dans la société, en contribuant au développement du pays et en favorisant son autonomie. « Dans le cadre des Assises de l’Éducation, le secteur SEN travaille sur sept thématiques, avec cinq propositions pour chacune, soit un total de 35 recommandations. Celles-ci serviront de base pour un plan stratégique qui sera soumis aux décideurs politiques afin de garantir, sur les moyen et long termes, une égalité des chances pour tous les enfants, sans distinction. »
Formation des parents et des enseignants
Dans cette optique d’un système éducatif plus inclusif, les responsables du secteur de l’éducation spécialisée (SEN) plaident pour une simplification des procédures administratives, afin que les parents puissent remplir plus facilement les formalités requises.
L’école des parents est également jugée prioritaire. Elle vise à former et accompagner les familles dans la prise en charge de leurs enfants.
Par ailleurs, l’instauration d’un carnet de liaison entre l’école et les familles est vivement recommandée. Cet outil permet aux parents d’être informés de l’état de santé de leur enfant, de sa participation aux activités ou encore de son comportement en classe, tout en offrant à l’école une meilleure compréhension du contexte familial.
La formation des enseignants est considérée comme essentielle. Ils doivent être préparés à répondre aux exigences spécifiques du SEN. Le recrutement de professionnels et de thérapeutes spécialisés est aussi jugé nécessaire afin d’assurer un accompagnement adapté aux enfants en situation de handicap.

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