Plus de 4 000 victimes auraient été bernées via la plateforme Telegram sur ce qui s’apparente à un Ponzi Scheme. Le modus operandi, selon le Central Criminal Investigation Department (CCID), est la proposition d'investissement d'argent avec des gains mirifiques pour les investisseurs. Depuis le lundi 13 novembre, plusieurs plaintes ont été enregistrées par les Casernes centrales. Selon un premier constat, Rs 150 millions auraient été détournées.
Les Casernes centrales sont catégoriques : ce procédé est illégal. Deux plaintes ont été consignées lundi dernier à la police et une dizaine d'autres au courant de la semaine. Selon les victimes, c'est par le biais de Telegram que les propositions pour les investissements d'argent avec des gains mirifiques ont été faites.
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Les arnaqueurs, qui opèrent selon un système de "Phishing", soit l'hameçonnage, offrent des gains réels à quelques personnes qui se vantent d'avoir gagné de l'argent. Ces personnes, sans le savoir, deviennent des agents recruteurs et encouragent des proches et amis à faire de même. Cependant, arrivé un montant conséquent d'investissement, l'arnaqueur transfère l'argent sur un compte à l'étranger pour éviter d'être retracé ou inquiété par les autorités, et disparaît
Qui tire les ficelles ?
Le présumé arnaqueur derrière cette fraude est pressenti d'être à l'étranger. Lors des dépositions des victimes à la police, un responsable d'un groupe d'investisseurs a fourni le prénom d'Anna comme celle qui tire les ficelles. Aucun autre détail n'est disponible, selon les plaignants. « Des Mauriciens ont été piégés, à cause d'offres alléchantes », rapporte-t-on dans les couloirs de la Cybercrime Unit. Il est quasi impossible de retracer cette personne, avance-t-on.
Le modus operandi
L'escroc procède de manière rusée. Il réclame des investissements de Rs 4 000 à 1 000 personnes. Il obtient ainsi Rs 4 millions. Il répartit seulement Rs 1 million entre vingt-cinq investisseurs, qui bénéficient de Rs 40 000 chacun. Ces vingt-cinq individus se vantent de leurs gains et encouragent d'autres personnes à investir de l'argent. Or, l'arnaqueur a déjà empoché Rs 3 millions. À mesure que d'autres clients rejoignent le groupe, le gain devient plus important, jusqu'au moment où le cerveau récupère un maximum d'argent et disparaît dans la nature.
La Cybercrime Unit met en garde : « Aucun type d'investissement ne peut se faire en ligne »
Aucune forme d'investissement en ligne n'est légale, affirment des cadres de la Cybercrime Unit. Ces derniers précisent qu'il n'y a pas de loi qui autorise les transactions financières sur les réseaux sociaux ou les applications de messagerie. Depuis un certain temps, cette pratique est commune sur Facebook, mais la police est catégorique : "Pa kapav fer investisman lor social media... ni lor aplikasion mesazri... Ban rezo sosio pa gagn drwa ofer loan pou deal dan crypto mone », martèle un gradé de la Cybercrime Unit.
Il conseille fortement au public de vérifier si les compagnies auprès desquelles des investissements sont faits sont dûment enregistrées auprès de la Financial Services Commission (FSC). Nos sources expliquent que les Mauriciens doivent être aujourd'hui conscients de ces arnaques, après les enquêtes sur les compagnies Whitedot, Sunkai, entre autres. Les investissements en ligne pour les monnaies virtuelles ne peuvent être proposés que par les compagnies enregistrées et détenant une licence appropriée. La Cybercrime Unit demande au public de ne jamais révéler des détails personnels en ligne.
Similarité avec un Ponzi Scheme
Dans le passé, il y avait des propositions de plans d'investissements, et l'argent était utilisé pour d'autres investissements qui rapportaient des profits. À un moment, après que la somme investie atteignait une somme conséquente, l'arnaqueur disparaissait avec les fonds. Dans le cas présent, c'est différent, car les investissements ne concernent pas des sommes mirifiques. Selon les Casernes centrales, c'est la méthode de recrutement d'investisseurs, avec des gains payés, de l'argent d'autres clients, qui est similaire à un Ponzi Scheme. Cependant, comme tous les Ponzi Schemes, à un moment donné, le système connaît une chute.
Comment accèdent-ils aux comptes bancaires mauriciens ?
Les arnaqueurs proposent souvent des emplois en ligne contre rémunération à leurs proies. Ainsi, ils demandent les détails des comptes bancaires Juice. L'argent des investisseurs y est alors transféré, et le détenteur du compte est appelé à prendre une commission, puis à envoyer le reste sur un compte bancaire à l'étranger. Dans certains cas, les arnaqueurs réclament la carte de débit auprès de l'employé, et cette carte est expédiée par voie postale, moyennant paiement à l'exécutant. Une fois la carte en possession de l'arnaqueur, il effectue des retraits d'argent et disparaît. La Cybercrime Unit a eu plusieurs cas de ce genre. C'est le même procédé pour les investissements de crypto-monnaie en ligne auprès de compagnies non enregistrées, rapportent nos sources.
Le Money Muling
Cette astuce est simple : des gens sont recrutés par les arnaqueurs pour récupérer l'argent. Dès que les clients investissent, c'est sur les comptes bancaires des Money Mulers que l'argent est transféré. Ensuite, le détenteur du compte expédie l'argent à l'étranger. Ils bénéficient d'un pourcentage. Le fait qu'ils effectuent des transactions sur des comptes locaux rend les victimes plus facilement dupées. « C'est une affaire virtuelle, la police ne peut pas agir », confesse un cadre de la Cybercrime Unit. Il explique qu'il n'existe pas de traité international pour permettre à la police d'intervenir contre les individus à l'étranger dans ce genre de cas, même si les arnaqueurs sont identifiés. Ces derniers utilisent les victimes qu'ils convainquent dans un premier temps pour amadouer d'autres cibles. « Koma gagn enn dimounn, li servi li kom apa pou atir lezot viktim pou met larzan ». C'est le principe du Phishing.
Mercredi : une plainte pour détournement de Rs 290 000
Une femme de 43 ans a porté plainte à la police mercredi, après avoir été bernée sur la plateforme B&M Mall. Elle dit avoir été sollicitée pour investir de l'argent. Elle explique avoir payé Rs 10 000 pour l'enregistrement via Juice, au nom d'un dénommé Muhammad M. Il y a deux mois, elle raconte avoir été appelée à investir Rs 70 000 pour un "Upgrade" du plan d'investissement. Elle a fait le paiement à une dénommée Sophie A. Le mardi 24 octobre, elle dit avoir investi Rs 200 000, car il y avait une promotion. Le paiement a été fait à un dénommé Elizier M. Le vendredi 3 novembre, elle a versé Rs 10 000 à Shrina R. Alors qu'elle a tenté de retirer son argent sur l'application, la femme de 43 ans dit n'avoir pu le faire. Le dimanche 13 novembre, l'application a cessé d'opérer. Au total, c'est Rs 290 000 qu'elle a perdues. Elle a produit des documents comme preuves à la police.
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