«Il est désormais temps de tirer les conclusions de cette défaite et de prendre les décisions nécessaires pour préparer l’avenir du PMSD. » Alors qu’il avait initialement déclaré que l’Alliance du Changement représenterait une grande source d’instabilité dans les années à venir, manifestant des signes d’irritation face à la presse, le lundi 11 novembre lors du dépouillement des votes, Xavier-Luc Duval semble être revenu à de meilleurs sentiments. Dans un communiqué publié le samedi 16 novembre, le leader du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) a souhaité, « avec humilité et sincérité », du succès au nouveau gouvernement.
Publicité
Au-delà, un élément d’information qui ressort de ce communiqué, c’est l’intention de préparer l’avenir du PMSD. La défaite électorale de 2024 semble, en effet, préoccupante à plus d’un titre pour les bleus, d’abord parce que ce parti, ces 30 dernières années, a toujours été en mesure de trouver l’opportunité de ne pas rester en dehors du pouvoir trop longtemps, comme ce fut le cas en 1983. En effet, après la défaite à plate couture du parti aux élections générales de 1982, le parti parvient quelques mois plus tard, en 1983, à remporter cinq sièges pour intégrer le pouvoir. Les bleus ont également pu retrouver le pouvoir en 1987.
Après avoir connu une traversée du désert dans les années 1990, le PMSD, sous la houlette de Xavier-Luc Duval, a effectué un retour triomphal sur la scène politique à partir de 2005. En s’alliant au Parti travailliste (PTr), le parti bleu a remporté les élections générales de 2005, 2010, puis celles de 2014. Cette dernière victoire, marquée par une rupture avec le PTr et une alliance stratégique avec le Mouvement socialiste militant (MSM), a été perçue comme un véritable coup de maître. Le PMSD a ainsi démontré, selon de nombreux observateurs, son habileté à saisir les bonnes opportunités politiques, ce qui lui a permis de se propulser au pouvoir en dépit de l’instabilité des alliances.
Mais après sa défaite électorale en 2019, le parti a touché le fond lors des législatives de 2024. La nouvelle alliance avec le MSM, alors que Xavier-Luc Duval, en tant que leader de l’opposition, n’avait eu de cesse de critiquer le gouvernement sortant, a été perçue comme un véritable faux pas. Alimentant notamment des doutes sur la cohérence de la stratégie du PMSD et ses plans d’avenir.
Avec un seul élu repêché grâce au système du Best Loser (BLS), soit Adrien Duval, le PMSD se trouve dans une situation délicate. Pour Yannick Cornet, ancien membre du PMSD, la priorité est de revaloriser les principes du parti en rétablissant la place que les personnes compétentes méritent. « Ce qui est vraiment dommage avec le PMSD de 2024, c’est que ce sont uniquement les ‘yes men’ qui sont valorisés par la direction, et ce sont eux qui ont obtenu des tickets lors des dernières élections générales », déplore-t-il.
Cette absence de méritocratie, combinée à des pratiques de copinage, s’est manifestée clairement, selon lui, lors de la préparation de la liste de candidats du PMSD. Il souligne en particulier le cas d’Alexandre Le Blanc, candidat largement battu dans la circonscription n°16 (Vacoas/Floréal), qui, selon lui, doit son ticket uniquement à sa relation avec Adrien Duval.
Une rupture avec les pratiques autocratiques internes du PMSD apparaît comme essentielle pour Yannick Cornet, afin de redonner au parti ses lettres de noblesse. « Lors de ma démission en 2020, j’avais souligné dans ma lettre que le PMSD était en train de s’autocratiser », rappelle-t-il. Il pointe aussi du doigt la stratégie du parti, ces dernières années, qui s’est concentrée essentiellement sur la promotion d’Adrien Duval.
Ce point de vue est partagé par Varen Andee, ancien vice-président du PMSD, qui considère que la décision de transférer Aurore Perraud de la circonscription n° 4 (Port-Louis Nord-Montagne-Longue) au n° 12 (Plaine-Magnien/Mahébourg) n’avait qu’un seul objectif : augmenter les chances d’Adrien Duval d’être repêché comme BL. « Et cela s’est concrétisé », constate-t-il. « Ce siège aurait dû revenir à Aurore Perraud, qui a travaillé dans la circonscription n° 4 depuis 2010, mais a été forcée de quitter cette zone à la veille des élections », déclare-t-il.
Varen Andee s’interroge également sur l’engagement politique de Xavier-Luc Duval. « Il est légitime de se demander s’il souhaite réellement continuer sa carrière politique. Ces dernières années, il avait exprimé le souhait de briguer la présidence de la République, tout en laissant entendre qu’il était fatigué. Nous avons alors réussi à le convaincre de renoncer à cette idée, convaincus qu’il avait encore beaucoup à offrir au pays en tant que ministre. À présent, après cette défaite, il est crucial de savoir s’il a toujours la volonté de rebondir », déclare-t-il.
Cependant, pour l’historien et observateur politique Jocelyn Chan Low, la décision du PMSD de mettre fin à son alliance avec le MSM s’inscrit dans une volonté de reconstruction pour le parti. « C’est une tradition pour un parti politique défait lors d’une élection de se dissocier de ses partenaires. En adoptant cette posture, le PMSD peut retrouver son autonomie, se concentrer sur sa stratégie et son avenir en toute indépendance », souligne-t-il.
Mettant également en avant le sens de l’opportunisme du PMSD, Jocelyn Chan Low estime qu’après cette débâcle électorale, le PMSD ne pèse plus que 2 % sur l’échiquier politique. Désormais, il devra suivre de près les évolutions politiques pour espérer se repositionner. « La politique à Maurice n’est jamais figée. Il se passe toujours quelque chose, et avec le seul élu qu’il possède au Parlement, le PMSD saura saisir la moindre occasion pour entamer sa quête du pouvoir », conclut-il.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !